L’Algérie n’en finit pas avec les controverses autour de ses athlètes. Après une grande polémique sur son droit à concourir dans la catégorie femmes, la boxeuse Imane Khelif se retrouve victime d’un harcèlement massif, après sa victoire samedi 3 août 2024, face à la Hongroise Anna Luca Hamori.
Imane Khelif au coeur d’une tempête médiatique
Une polémique dans laquelle s’est retrouvée, malgré elle, la boxeuse algérienne Imane Khelif, après avoir affronté son adversaire italienne Angela Carini, ce jeudi 1er août 2024. Cette dernière abandonne la compétition, en larmes, après seulement 43 secondes, déclarant avoir ressenti une douleur intense au nez. La jeune femme âgée de 25 ans possède effectivement un taux hors-normes de testostérones, ce qui a remis en cause sa place dans de nombreuses compétitions, à l’image des Mondiaux en 2023 à New Delhi.
Suite à la défaite de l'athlète, beaucoup ont pointé du doigt l’inégalité du combat. La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a notamment dénoncé « un combat qui n’était pas sur un pied d’égalité ». D’autres personnalités se sont exprimées sur le sujet, remettant en question le genre et le sexe de la boxeuse algérienne, à l’image de Donald Trump, Elon Musk, ou bien encore J.K. Rowling. Le début d’un harcèlement massif en ligne, teinté de sexisme, de raciste et de transphobie.
Hi @iocmedia @Olympics Hungarian boxer Luca Hamori posted numerous hateful messages on her Instagram about her upcoming opponent Imane Khelif.
— Algeria FC (@Algeria_FC) August 2, 2024
This is contrary to the Athletes’ Declaration of rights and responsibilities for athletes within the Olympic Movement.#Olympics… pic.twitter.com/WOYSmZS4b3
Si Imane Khelif reste dans le silence à la suite de cette première victoire, la controverse se poursuit, et la haine contre elle aussi. Samedi 3 août, l’athlète algérienne affronte et vainc la boxeuse hongroise Anna Luca Hamori, validant ainsi sa place en demi-finale. Peu de temps avant le combat, cette dernière partage cependant sur son compte Instagram une publication dégradante pour Imane Khelif, la comparant à un monstre diabolique. Si Anna Luca Hamori a supprimé la publication depuis, elle refuse tout de même de saluer son adversaire lors du début du combat.
Une polémique qui soulève les difficultés auxquelles font malheureusement face les athlètes et sportifs dits « hyperandrogènes », à l'image de la boxeuse Taïwanaise Lin Yu‑ting, 28 ans, également exclu des Mondiaux en mars 2023. Les deux jeunes femmes avaient échoué aux tests biochimiques d’éligibilité pour participer aux matchs des catégories féminines. Et elles ne sont pas les seules. Face à ces rejets successifs, certaines se voient alors proposer une ablation partielle du clitoris, afin de diminuer la sécrétion d'hormones mâles...
Une vague de soutien international pour Imane Khelif
Suite à la vague de harcèlement dont est victime Imane Khelif, le CIO a tenu à rappeler dans un récent communiqué : « Tous les athlètes participant au tournoi de boxe des Jeux Olympiques de Paris 2024 se conforment aux règles d'éligibilité et d'inscription de la compétition, ainsi qu'à toutes les réglementations médicales applicables conformément aux règles 1.4 et 3.1 de l'Unité de boxe de Paris 2024. », justifiant ainsi la présence de la boxeuse algérienne.
Imane, c'est notre championne. Imane, c'est une affaire d'Etat. Imane est vice-championne du monde.
Le Comité olympique algérien (COA) condamne, quant à lui, des « attaques contraires à l'éthique ». Ce lundi 5 août, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abderrahmane Hammad, a également exprimé tout son soutien envers la jeune femme : « Les attaques se poursuivent contre notre héroïne Iman Khalif par un organisme qui n'est pas du tout reconnu par le CIO. L’Algérie a exploité des capacités extraordinaires pour poursuivre quiconque a porté atteinte à notre héroïne, et nous répondrons à chaque provocation avec sévérité et force. Notre énergie pour défendre Iman et la femme algérienne en général est infinie. Vive l’Algérie ».
Le président de l’Algérie, Abdelmadjid Tebboune, a également pris la défense de son athlète, après son écrasante victoire face à l’Italie : « Imane, c'est notre championne. Imane, c'est une affaire d'Etat. Imane est vice-championne du monde. Elle est là pour gagner la médaille olympique. On est tous derrière elle. On sait très bien les gens qui sont derrière cette polémique. Mais ça a donné plus de motivation à notre championne. One, two, three, viva l'Algérie ! ».
Du côté du public, une grande vague de soutien a également été ressentie lors du combat de samedi. Tandis que les drapeaux algériens envahissent les tribunes en soutien à Imane Khelif, la Hongroise Anna Luca Hamori a été huée par la foule.
Je reste concentrée sur ma compétition, et ces obstacles me donnent la force d'avancer et de gagner. Ma famille est très inquiète, mais mon objectif est de remporter la médaille d’or, la meilleure réponse à cette situation.
Après cette énième polémique, Imane Khelif s’est enfin exprimée et a notamment tenu à rappeler, lors d’un entretien accordé à SNTV, les conséquences d’un tel harcèlement : « Je lance un appel aux peuples du monde pour respecter les principes de la Charte olympique et éviter le harcèlement des athlètes. [...] Ce comportement peut détruire des individus et diviser les peuples. ».
Le prochain combat de l’athlète algérienne aura lieu mardi 6 août 2024, face à la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng, à 22h34. Une médaille est d’ailleurs déjà assurée pour Imane Khelif car même en cas de défaite en demi-finale, les deux perdantes de cette phase ne se disputent pas et reçoivent automatiquement la médaille de bronze.
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