Le 11 novembre 1918, s’achevait la Première guerre mondiale. Ce conflit qui a mobilisé 65 millions de soldats de 72 pays (19 nations et colonies), a directement causé la mort de 9 millions de personnes, et fait 20 millions de blessées. Le Siam faisait partie des belligérants aux côtés de la France. Souvenir
Le Siam faisait partie des nations engagées dans la Grande Guerre aux côtés de la Triple Entente (les alliés de la France).
La déclaration de guerre siamoise date du 22 juillet 1917, et un corps expéditionnaire est arrivé par bateau le 9 août 1918, à Marseille.
Il était constitué de 1.284 personnes dont des militaires du Train, des services médicaux, et des aviateurs - les pionniers de l’aviation thaïlandaise.
Basés à Miramas, les Siamois ont participé à un flux logistique vers le nord durant les derniers mois de la guerre. Ce contingent siamois dont une partie rentrera au pays le 31 mars 1919, déplorera 8 morts sur le sol français et 19 au total dans le cadre de la Grande guerre. Les effectifs restant ont participé au défilé du 14 juillet 1919.
"Cette participation – dans le camp allié de la France - n’est pas si anodine que l’on pourrait penser, car le Siam avait des frontières avec la France de par les colonies de cette dernière dans la région", nous expliquait il y a deux ans le Colonel Perapol Songnuy, Saint-Cyrien, ancien professeur associé au département d’Histoire à l’Académie Militaire Royale de Chulachumklao, qui est actuellement Attaché de Défense thaïlandais à Paris.Et il est important de noter que les relations que la Thaïlande entretenait alors avec l’Allemagne étaient bien meilleures que celles avec la France. Durant la fin du 19e siècle et le début du 20e, le Siam a en effet dû faire face à la pression coloniale, particulièrement française depuis le Laos et le Cambodge, au profit desquels il a dû céder des territoires.
Les raisons qui ont amené le Siam à s’engager dans la Grande Guerre sont d’ailleurs avant tout stratégiques.
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LES ELEVES DU LFIB EN FONT UN DOCUMENTAIRE Les élèves du Lycée français International de Bangkok ont diffusé le 8 avril 2014 un documentaire de 16 minutes très complet et bien réalisé sur la participation du Corps Expéditionnaire siamois à la Première Guerre mondiale et le souvenir qui l’en reste aujourd’hui en Thaïlande. Un documentaire de Lucas Garnier, Manon Keller et Nathan Pottier. |
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De son entrée dans le conflit, le Siam a en effet obtenu en retour un certain nombre de contreparties, lui permettant notamment de recouvrer de sa souveraineté. Par exemple, le Siam obtient à l’issue de la guerre la révocation des privilèges d’extraterritorialité qui donnaient à certains Etats comme la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, des droits sur le sol Siamois comme le droit de juger eux-mêmes devant leurs propres tribunaux leurs ressortissants ayant commis un crime en terre siamoise, de jouir d’une taxation très faible sur les produits d’importation ou encore d’acheter des terres.
La participation du Siam à la guerre aux côtés des "alliés" lui a également permis de rehausser son statut international en se retrouvant parmi les vainqueurs de la guerre et, de fait, invité à faire partie des membres fondateurs de la Société des Nations.
Le colonel Songnuy ajoute que cet épisode aura aussi été une occasion pour le Siam de tourner la page de la période des litiges frontaliers avec la France pour en ouvrir une nouvelle plus prometteuse, marquée par la coopération militaire. "De nombreuses photos et films d’archives sur le contingent siamois sont visibles au Fort d’Ivry", note le Lieutenant-colonel Poignant, Attaché de défense français en Thaïlande et Birmanie.
C’est d’ailleurs à ce moment là que le premier Attaché de défense thaïlandais arrive en France et que de nombreux officiers thaïlandais viennent se former en France – aujourd’hui, la coopération militaire franco-thaïlandaise comprend notamment l’entrée en formation chaque année d’un cadet thaïlandais à l’école d’officiers de Saint-Cyr.
"L’aviation thaïlandaise est née du savoir-faire français", indique le Colonel Perapol, rappelant que les trois premiers pilotes siamois ont été formés en France, à l’occasion de la Première guerre, sur la base de Cazaux sur des hydravions - l’armée de l’air siamoise sera créée en 1936, deux ans après l’armée de l’air française.
Parmi les personnalités thaïlandaises formées dans les prestigieuses écoles militaires françaises, on compte notamment le père de la Reine Sirikit, le Prince Nakkhatra Mangala, (formé à Saint-Cyr en 1918), le Maréchal Pibul Songkram, l’un des putschistes de 1932 (début de l’histoire démocratique de la Thaïlande), puis de 1947, et fondateur de l’Ecole polytechnique thaïlandaise sur le modèle français (formé lui aussi à Saint-Cyr).
Plus proche de nous, le Général Boonrawd Somtas, ancien élève de Saint Cyr et de l’Ecole de guerre à Paris, fut ministre de la Défense en 2006-2007 (dans le gouvernement post-coup de Surayud Chulanont). Le Colonel Perapol rappelle aussi que le premier Thaïlandais à entrer à l’Ecole de guerre à Paris fut le Prince Prajadhipok (plus tard Roi Rama VII), sur les mêmes bancs qu’un certain Charles De Gaulle.
P.Q et Pisit SURIYA (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) vendredi 11 novembre 2016 (Rediff.)