Avec une participation record (presque 82%), les bureaux de vote ont fermé à 20h jeudi en Catalogne. Près de 5,5 millions de Catalans étaient appelés à voter, dont un peu plus de 220.000 depuis l'étranger. Au final, les résultats ne permettent pas d'envisager une issue claire à la crise catalane. Les indépendantistes sortent vainqueurs en nombre de sièges, pas en nombre de voix.
Du fait de la forte mobilisation de l'électorat, le dépouillement s'est déroulé plus longtemps que de coutume. Avec les résultats des petites municipalités annoncés en premier, la balance a pendant longtemps penché en faveur du parti de Carles Puigdemont, au coude à coude avec C's et devant ERC. Mais la prise en compte des voix exprimées dans les grandes villes, et particulièrement à Barcelone, a progressivement fait pencher la balance en faveur du parti orange.
Finalement le scrutin donne, à 99,89% des bulletins dépouillés, les résultats suivants :
De nombreuses incertitudes planent quant à la suite du processus, avec notamment une tête de liste, Carles Puigdemont, en tête des partis indépendantistes plebiscités par les électeurs, actuellement en "exil" en Belgique. L'ex Président de la Generalitat a promis pendant la campagne qu'en dépit du risque judiciaire encouru, il rentrerait sur le sol espagnol "si le peuple souhaitait qu'il soit investi Président". Reste à savoir si les résultats permettent une telle interprétation. Le tripartisme indépendantiste passe en tous cas par le choix de la personne qui devrait présider le parlement catalan. Lors de la campagne, certaines tensions n'ont pas manqué de fissurer l'unité du bloc. Sans compter sur les incertitudes relatives à la position de la CUP, qui devrait cette fois encore, en dépit d'un nombre moindre d'élus, arbitrer bien des engagements concernant les conditions sous lesquelles les alliances et une éventuelle coalition vont se créer.
Quoi qu'il advienne, la tutelle sera maintenue sur la région, via l'application de l'article 155, jusqu'à la nomination du nouveau Président de la Generalitat, qui doit être effective avant le 6 février 2018. Si au terme de deux mois après le premier vote d'investiture les députés n'ont pas réussi à élire un Président, le parlement sera automatiquement dissous et de nouvelles élections convoquées. Le cas échéant, elles se tiendraient au printemps, fin mai, début juin.
Avec 135 sièges, il faut 68 sièges pour obtenir la majorité au parlement catalan. Le poids accordé à chaque province (Barcelone, Lérida, Gérone et Tarragone, qui se répartissent respectivement 85, 15, 17 et 18 sièges au parlement) et l’utilisation du scrutin proportionnel plurinominal font que la répartition du nombre de voix reçues pour chaque parti n'équivaut pas forcément à celle des sièges distribués à la Generalitat. Et une majorité en nombre de députés n'implique pas forcément une majorité en nombre de suffrages exprimés.
Lors des élections de 2015, Junts pel Sí avait obtenu 62 sièges sur 135, avec 39,59 des suffrages exprimés, devant Ciudadanos (25 sièges), le Parti Socialiste de Catalogne (16), Catalunya Sí que es Pot (16), le Parti Populaire catalan (11) et la CUP (10), donnant la majorité aux indépendantistes avec l'alliance entre JxSi et la CUP. En 2017, l'union formée par JxSi s'est scindée en une candidature double, celle de Junts per Catalunya, menée par l'ex Président de la Generalitat Carles Puigdemont, et Esquerra Republicana Catalana.