Avec un nombre de locataires qui ne cessent d'augmenter, l'Espagne voit les prix de ses logements s'envoler et atteindre des records. Zoom sur la situation du pays, les hausses de loyers mais aussi les écarts entre les différentes villes, communautés autonomes et régions.
(photo domaine public) Dans l'Enquête permanente sur les ménages de 2015 (publiée le 6 avril 2016), l'Institut National de Statistiques a établi que 22,7% des Espagnols étaient, en 2015, locataires, chiffre qui sera supérieur pour l'année 2016 selon les prévisions. On assiste à une véritable envolée des prix des loyers en Espagne qui ont augmenté cette année de 15,9% comme le montre Idealista dans son étude sur les loyers. En effet, si en 2013, 35% des habitations présentaient un loyer inférieur à 500 euros, elles ne sont plus que 27% aujourd'hui. Cette étude montre également qu'en 2016, 44% de l'offre est comprise entre 500 et 1000 euros par mois, chiffre qui a considérablement augmenté depuis 2013, et ce d'autant plus dans les grandes métropoles du pays.
Des disparités selon la localisation
Si en moyenne toutes les villes d'Espagne connaissent une hausse des loyers, il faut noter qu'elle n'est pas uniforme et que toutes ne sont pas touchées de la même manière. Ce sont surtout les grands pôles qui subissent cette augmentation des prix. Tendance nouvelle, les périphéries des grandes villes sont également atteintes, connaissant même, dans certains cas, une augmentation des loyers supérieure à celle de la métropole. C'est la ville de Valence qui connait la plus forte hausse cette année en voyant son loyer augmenter en moyenne de 20,3%. Juste derrière, on retrouve Madrid et Barcelone avec des hausses respectives de 16,6% et 16,5% amenant un loyer de 14,4 euros et de 17,9 euros par mètre carré au mois. À contrario, certaines villes enregistrent des baisses: Tarragone voit ainsi son loyer se réduire de 3,4% et Jaén de 1,7%. Si les villes présentant les loyers les plus chers sont essentiellement des métropoles telles que Barcelone, Madrid ou encore San Sébastian (13,6 euros par mètre carré au mois), d'autres villes proposent des loyers peu élevés. Parmi elles, on peut mentionner Lugo, située en Galice, avec un loyer de 4,1 euros par mètre carré par mois ou encore Ourense (4,3 euros par mètre carré). Concernant les communautés autonomes, la Catalogne arrive en tête du classement avec une augmentation de 26,8% amenant à un prix moyen de 13,3 euros par mètre carré. Elle est suivie de la communauté de Madrid (hausse de 18%) puis des Baléares avec une hausse de 13,8%.
Les raisons de cette envolée des prix
Cette augmentation généralisée des prix du loyer en Espagne s'explique tout d'abord par une croissance toujours plus importante de la demande au détriment de l'offre. En ce sens, comme les possibilités de locations de logement se font plus rares, les prix augmentent fortement jusqu'à atteindre des records. On assiste depuis quelques années à un changement des habitudes de vie chez les Espagnols. Plutôt que d'acheter un logement, ils se tournent vers la location contribuant ainsi à une augmentation continue de la demande Par ailleurs, les pressions touristiques sont également en cause dans cette situation: en accueillant chaque année de plus en plus de visiteurs, l'Espagne oriente les propriétaires à demander des loyers de plus en plus chers tout en étant assurés de louer leurs habitations. La crise économique a également un rôle: pour Fernando Encinar, chef d'études d'Idealista, elle a ouvert les yeux de nombreuses personnes sur la possibilité de voir les loyers chuter sans qu'elles y soient préparées. Aussi, les propriétaires choisissent délibérément de les placer haut afin de se prémunir contre une baisse inattendue. Enfin, on assiste aussi actuellement à une réactualisation des loyers favorable à cette augmentation des prix. En effet, avec la rotation des locataires, il est possible pour les propriétaires de remettre à jour le loyer demandé. Souvent fixé avant la crise économique, il est désormais actualisé à la nouvelle conjoncture.
Barcelone et Madrid, des villes à part
Madrid et Barcelone présentent les loyers les plus élevés d'Espagne avec des tarifs de 15,16 euros par mètre carré et 17,90 euros par mètre carré au mois. Elles font ainsi tomber le record de juin 2008: 13,40 euros par mètre carré pour la capitale, 14,20 euros pour Barcelone. Ainsi, pour louer un appartement de cent mètres carrés à Barcelone, il vous faudra débourser en moyenne 1740 euros par mois. A Madrid, pour le même type de logement, le loyer sera de 1380 euros par mois. D'après l'étude d'Idealista, et en accord avec d'autres pointures du secteur immobilier espagnol ( Fotocasa ou encore pisos.com), Barcelone est devenue la ville présentant les loyers les plus chers d'Espagne avec pas moins de six districts sur les dix que comporte la ville ayant battu les records historiques. À titre d'exemple, le quartier de Gràcia a enregistré une hausse de 24,6%, celui de l'Eixample de 22,3%. Concernant la capitale, neuf districts sur vingt-et-un ont augmenté leurs loyers de plus de 10% comme Centro avec une hausse de 16,5%, affichant ainsi un prix au mètre carré de 16,90 euros par mois. Face à une demande qui ne cesse de croitre, les annonces publiées sur les sites internet comme Idealista ou Fotocasa ne restent en ligne que quarante-huit heures. C'est donc un cercle vicieux qui se met en marche avec peu de marge de man?uvre accordée aux locataires pour négocier.
Des mesures envisagées pour réguler
Face à cette montée en flèche des prix des loyers dans les grandes villes espagnoles, des propositions sont étudiées pour tenter de ramener la situation à la normale. Le 20 janvier dernier, les mairies de Madrid et Barcelone ont ainsi demandé au gouvernement une modification de la loi concernant les loyers afin de permettre à tous de pouvoir se loger. D'autre part, le gouvernement catalan (la Generalitat) envisage également de créer un indice destiné à contrôler les augmentations de prix des loyers ainsi que les loyers abusifs. Si la mairie de Barcelone a salué cette idée, les professionnels du secteur sont plus réservés quant à l'efficacité d'une telle mesure jugeant que le meilleur contrôleur des prix, c'est le marché lui-même.
Clémentine COUZI (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mardi 24 janvier 2017
Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !
Suivez nous sur Facebook et sur Twitter
Téléchargez notre application pour téléphone mobile via Itunes ou via Google Play