Les manifestations et troubles de ces dernières semaines sucitent de réelles préoccupations pour l'économie catalane.
Le président de Seat, Luca de Meo, a lancé un pavé dans la mare en affichant publiquement sa préoccupation sur les conséquences économiques des remous en Catalogne. Dans une interview pour le quotidien La Vanguardia, le dirigeant de la marque automobile laisse clairement entendre que "si cela continue, le groupe a d'autres options, car il possède des usines dans la plupart des pays européens", en faisant référence notamment aux blocages des routes ces dernières semaines à la frontière franco-espagnole.
Des perturbations qui avaient d'ailleurs paralysé le site de production catalan de Seat le 18 octobre dernier, lors de la grande manifestation organisée par les forces indépendantistes catalanes, pour protester contre la sentence du Tribunal Suprême espagnol. Le patron de Seat avait alors décidé de fermer l'usine de Martorell "par prudence", car il ne savait pas si toutes les pièces pourraient arriver, avec à la clé un préjudice de "plusieurs dizaines de millions d'euros".
C'est déjà une preuve bien concrète des répercussions négatives des mobilisations des CDR et du collectif Tsunami Democratic, même si les préjudices restent évidemment difficiles à chiffrer. La Confédération Espagnole des Transporteurs routiers (CETM) avance la somme de 5 millions d'euros pour quantifier les pertes dues aux blocages des axes autoroutiers de ces derniers jours. De son côté, le marché de gros de Barcelone (Mercabarna) observe une baisse de 15 à 20% des volumes de marchandises approvisionnées depuis la France et le reste de l'Europe ces dernières semaines.
Des appels à "calmer le jeu"
Évidemment, les tentatives de minimiser ces mauvais effets des manifestations ressemblent davantage à des incantations que de véritables arguments de la part de la Generalitat et sa Conseillère aux Entreprises, Àngels Chacón. D'autant que les grandes organisations catalanes appellent à "calmer le jeu" par crainte d'une pénalisation de l'activité économique à long terme, du côte du patronat comme des syndicats de salariés.
Ce qui ne remet "pas en cause les prévisions de croissance", selon le président indépendantiste de la Chambre de commerce de Barcelone, Joan Canadell, qui a cependant revu à la baisse les prévisions d'évolution de l'économie catalane, passant de +2,3% à +1,9% en 2019 (et +1,7% en 2020)... mais à cause des effets du Brexit et du ralentissement mondial de l'économie. Des chiffres qui coïncident avec la dernière étude de BBVA Research, prévoyant une croissance de l'économie catalane de 1,8% en 2019 et 1,6% en 2020.
Reste à savoir quel sera l'impact de cette conjoncture sociale et politique mouvementée au niveau du tourisme, l'un des rands piliers de l'économie catalane. Xavier Marcé, l'élu socialiste responsable de ce portefeuille à la mairie de Barcelone, ne remarque pas de conséquence sensible, notamment sur le segment du tourisme d'affaires : "Les indicateurs de congrès et de foires fonctionnent avec normalité". De ce côté là, la capitale catalane peut même se féliciter d’avoir remporté il y a quelques jours le concours pour l'organisation du plus grand salon de la mer, Seafood Expo Global, qui se tenait à Bruxelles depuis 28 ans, et qui avait attiré l'an dernier 29.000 professionnels. Le prochain rendez-vous est donc prévu en avril prochain à Barcelone.