Édition internationale

Entretien avec Ambre Vallet - dialogue des cultures entre les deux rives du Rhin

Chanteuse franco-allemande installée à Berlin, Ambre Vallet mêle reprises et compositions personnelles tout en explorant une musique à la croisée de ses deux cultures.

Ambre Valet en studio (image en noir et blanc)Ambre Valet en studio (image en noir et blanc)
© Laurent Biel
Écrit par Nour Mokadmi
Publié le 17 mars 2025, mis à jour le 9 avril 2025

 

Entre Montpellier, Paris, Berlin et Hambourg, Ambre Vallet façonne une musique à l'image de son parcours : hybride et franco-allemande. À 27 ans, la chanteuse mêle reprises et compositions personnelles. Nous l'avons rencontrée dans la capitale allemande pour revenir sur son parcours, sa musique et ses projets. 

Ambre Vallet passe les premières années de sa vie à Montpellier avant de déménager à l’âge de six ans avec sa mère à Münster, en Allemagne. À 15 ans, la famille s’installe à Berlin, dans le quartier de Charlottenburg, où Ambre vit encore aujourd’hui. C'est là que nous la retrouvons. 

La jeune chanteuse nous explique que son rapport à la musique s’est construit de manière progressive. Avant de se tourner vers la musique, elle pratiquait le football et s’est essayée au skateboard avant qu’une cicatrice pousse sa mère à l’inscrire à des cours de batterie pour canaliser son énergie débordante. Après la batterie, c’est à la guitare qu’Ambre s’attaque. C’est lors de ces cours qu’elle associe sa voix à l’instrument et qu’elle commence à chanter. La même année, elle monte pour la première fois sur scène lors d’un concert de Noël, découvrant ainsi un goût pour la scène qui ne la quittera plus.

 

Les reprises, sa marque de fabrique

Tout bascule lorsque, adolescente, elle enregistre ses premières reprises sur YouTube ainsi que ses premières compositions. Munie de son micro USB, de sa guitare et de la caméra de son ordinateur portable, Ambre reprend des tubes de l'époque, Stromae, Louane ou Moi... Lolita d’Alizée.

 

J’ai commencé YouTube à l’époque où ce n’était pas cool du tout et que peu de monde regardait. 

Aujourd’hui, les reprises restent une partie essentielle de son travail artistique. Ambre choisit des titres populaires dans ses deux cultures, française et allemande. Son choix de chansons s’inspire désormais en grande partie des suggestions de sa communauté en ligne, de ses abonnés qui lui proposent des reprises. Elle ne se contente pas de traduire les paroles mot pour mot. Le but est avant tout d’adapter la mélodie à sa propre sensibilité. Chaque reprise est en réalité une réinterprétation plus intime. 

Les nombreuses reprises témoignent de ses influences multiples. La chanteuse écoute de tout, et sa palette s’est élargie ces dernières années vers la house et la techno - à Berlin, ça ne s’invente pas. Parmi ses références, Angèle, Stromae ou encore Dua Lipa. Bien qu’elle continue de soutenir ses amis musiciens allemands, elle nous avoue avoir un faible pour la musique francophone qu’elle écoute davantage afin d’enrichir son vocabulaire et nourrir son écriture notamment.

 

S'inspirer du paysage urbain

La langue allemande, l’Allemagne et surtout Berlin, jouent un rôle clé dans son processus créatif. Elle trouve son inspiration en marchant le long du Kurfürstendamm, dans les soirées allant de Mitte à Kreuzberg. C’est là que les idées lui viennent, dans la ville où se croisent des individus aux histoires diverses, se trouvent les histoires qui nourrissent ses textes. Lieben verlernt évoque la ville et ses âmes perdues, les rêves brisés par les excès.

 

 

Tirer son inspiration du paysage urbain qui l’entoure est un élément clé de l'œuvre d’Ambre Vallet. La France est également au cœur de ses textes comme en témoigne Montpellier, l’une de ses chansons les plus populaires. Elle a la ville gravée dans la peau, comme le laisse entendre son tatouage de l’aéroport de Montpellier. C’est également là, dans son Sud natal, qu’elle a joué pour la première fois en France, devant un jeune public.

L’écriture d’Ambre oscille donc entre spontanéité et introspection. Parfois, la mélodie précède les paroles ; d’autres fois, une phrase ou un thème s’impose avant la musique. Elle ne dissocie jamais totalement l’un de l’autre. Ses chansons fonctionnent comme un journal intime. Mais ne nous y méprenons pas, Ambre aime raconter les histoires des autres, à l’image de Ton amour, inspirée d’une rupture amoureuse vécue par une amie. Si ses chansons personnelles se mêlent à des récits plus universels, c’est parce qu'Ambre Vallet veille à ce que son public puisse y projeter ses propres émotions et ses propres histoires.

 

Quand on est artiste, c’est important d’écouter les autres et de ne pas se concentrer uniquement sur soi.

 

Entre les deux rives du Rhin, Ambre Vallet construit une identité musicale hybride, portée par une double culture franco-allemande, que la chanteuse a appris à gérer avec le temps. Ayant grandi en Allemagne avec un nom très français, elle a longtemps dû jongler avec des questionnements sur son identité. À 5 ou 6 ans, elle se souvient des regards curieux des enfants en Allemagne, qui à l’époque ne comprenaient pas son accent français. Alors qu’aujourd’hui nous dit-elle, non sans pointe d’humour, c'est un accent allemand qu'elle porte lorsqu'elle parle en français. 


Cette double culture est désormais plus que jamais présente dans sa musique. Son nouvel album présente des chansons qui oscillent entre les deux langues, mais il s'essaie aussi à la chanson entièrement en français. Un reflet de son quotidien où ces deux langues cohabitent naturellement mais aussi un quotidien dans lequel la France et en particulier sa capitale prennent une place de plus en plus importante. Ambre Vallet nous partage sa volonté profonde de préserver et de montrer cette facette d'elle-même à travers sa musique. Elle souhaite ne jamais perdre cette part de culture, de ne jamais s'enfermer dans un seul cadre, mais plutôt de continuer à enrichir son art des deux côtés de la frontière.

 

Une star des réseaux 

Un lien indéfectible entre deux pays voisins qu’Ambre Vallet prend à cœur d’exposer sur ses différentes plateformes. Possédant plus de 700.000 abonnés sur les réseaux sociaux (YouTube, Instagram, et TikTok), la chanteuse franco-allemande accorde une grande importance à son lien avec les réseaux sociaux, qu'elle utilise pour partager son quotidien musical et se connecter avec son public. Elle y partage des moments au studio à Hambourg (au sein du O2 Music Studio by DIY studios), des sessions d'enregistrement accompagnée de son producteur Dennis Schnichels, ainsi que quelques aspects de sa vie quotidienne.

 

 

Pour elle, les plateformes sont un moyen de montrer que la langue allemande n'est pas aussi "dure" que certains français pourraient le penser, tout en démontrant aux Allemands que la musique française ne se résume pas à Édith Piaf. Elle souhaite casser ces stéréotypes culturels et prouver que les cultures européennes, et particulièrement celle des voisins français et allemands, peuvent se mélanger harmonieusement. L'art, pour elle, peut être un outil puissant pour promouvoir la paix entre les peuples ”surtout dans le contexte actuel”. 

Passée de vidéos YouTube dans sa chambre d’adolescente à chanteuse à la communauté bien plus large, Ambre Vallet a su se réinventer, s’adapter, tout en gardant ce qui la rend unique. Avec un nouvel album qui se prépare, aucun doute que la chanteuse franco-allemande saura convaincre de nouveaux adeptes. 

Si vous avez déjà été séduit par son portrait, sachez que vous pourrez la retrouver dans l'émission Wer weiß denn sowas? qui sera diffusée le 13 mars prochain à 18h sur la chaîne allemande ARD. 
 


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