Pays pourtant attaché au principe du marché libre, l’Allemagne semble se retrouver impuissante face à la crise énergétique. À peine 1 mois après l’annonce de la mise en place d’une taxe énergétique extraordinaire pour protéger les fournisseurs d’énergie, l’annonce de la nationalisation du géant gazier témoigne du contexte économique grisâtre dans lequel se trouvent l’Allemagne et l’Europe.
Encore une intervention de l’Etat allemand dans le secteur énergétique. Et pas des moindres. Après la prise de contrôle temporaire de la filiale allemande du russe Gazprom, du géant pétrolier Rosnet, et une série de mesures pour empêcher l’effondrement du secteur en Allemagne, c’est désormais le tour d’Uniper. Sous contrôle du Finlandais Fortum depuis 2018, le groupe était en grande difficulté depuis quelques mois, pris en tenaille entre ses contrats à long terme avec les usagers et la nécessité d’acheter du gaz à prix d’or sur les marchés mondiaux. Pour rappel, il est le plus gros fournisseur de gaz en Allemagne. Au total, ses pertes s’élèvent à plus de 8,5 milliards d’euros.
Une opération qui risque d’aggraver le déficit budgétaire allemand, alors que le principe du frein à l’endettement (inscrit dans la constitution) interdit un endettement supérieur à 0,35% du PIB par an. Après la prise de contrôle de 30% de l’entreprise par l’état allemand en juillet dernier, qui s’est avéré insuffisante, le rachat des 99% des actions d’Uniper coûtera plus de 8 milliards d’euros. Bien que le ministère de l’Économie allemand rappelle « qu’Uniper est un pilier central de l'approvisionnement énergétique allemand », le procédé pose question. Après plusieurs années de ralentissement économique à cause du Covid, le surendettement ne semble pas une solution pour affronter la crise à venir, surtout que le problème risque de se représenter. En effet, l’entreprise VNG a déjà appelé le gouvernement allemand à l’aide, confronté au même problème que son concurrent.
De l’autre côté de la frontière, début juillet, le gouvernement français avait annoncé la reprise de 100% du capital d’EDF, pour un coup estimé à 9,7 milliards d’euros. Confronté à des graves problèmes financiers, et face aux pénuries d’électricité à venir, le but était de permettre à « l'état de reprendre le contrôle des activités les plus régaliennes de notre production décarbonée » et « d’ouvrir avec plus de sérénité des chantiers à extrêmement long terme » selon Bruno Lemaire, ministre de l'Économie. Un schéma qui, à l’exemple d’Uniper, risque donc de se reproduire en Europe.
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