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Rencontre entre Berlin et Pékin : l'Allemagne ne mâche pas ses mots

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©daboost/depositphotos
Écrit par Sandra Champroux
Publié le 17 avril 2023

Le 14 avril dernier, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, s’est rendu à Pékin pour rencontrer son homologue, le ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang.

 

Au programme des échanges : guerre en Ukraine, situation avec Taïwan et droits de l’Homme. Une chose est sûre, la ministre n’était pas là pour brosser le gouvernement chinois dans le sens du poil.

 

Le message allemand était clair : la Chine doit s’engager pour la pacification des relations internationales.

 

Le seul espoir pour l’arrêt de l’agression russe en Ukraine ?

Selon Annalena Baerbock, le récent voyage du président Xi Jinping à Moscou a prouvé qu’aucun pays n'a plus d'influence sur la Russie que la Chine. Après que la Chine a œuvré au récent rapprochement diplomatique entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, la cheffe de la diplomatie allemande espère que Pékin, qui depuis un an n'a jamais condamné officiellement l'invasion russe, saura jouer un rôle similaire entre la Russie et l'Ukraine  : 

 

« C'est bien que la Chine ait signalé son engagement pour trouver une solution. Mais je dois dire ouvertement que je me demande pourquoi la position chinoise n'inclut pas jusqu'à présent une demande à l'agresseur russe d'arrêter la guerre ». Elle a rajouté que cette « responsabilité particulière » lui incombe en tant que membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU. Enfin, elle a enjoint Pékin de ne pas livrer d'armes à la Russie. Qin Gang, lui, a certifié que la Chine n'avait aucune intention de « mettre de l'huile sur le feu ».

 

Situation tendue quant à la question taiwanaise et des droits de l’Homme

Sans détour, la ministre allemande a aussi évoqué les manœuvres d'ampleur que Pékin a lancé près de Taïwan : « Une escalade militaire dans le détroit de Taïwan par lequel transitent chaque jour 50% du commerce mondial serait un scénario catastrophe pour le monde entier. ». Ce à quoi à rétorqué Qin Gang, visiblement irrité, que « Taïwan appartient à la Chine ».

 

Annalena Baerbock n'a pas non plus fait l'impasse sur les droits de l'homme : « J'ai expliqué à mon homologue que nous voyons avec inquiétude que le champ d'action de la société civile en Chine se réduit de plus en plus et que les droits de l'Homme sont restreints. ». Elle a notamment critiqué la répression des Ouïghours et l'emprisonnement de nombreux dissidents. Qin Gang l’a alors vertement remise à sa place, jetant un froid sur la conférence de presse commune : « Ce dont la Chine a le moins besoin en ce moment, c'est d'une donneuse de leçons venue de l'Ouest ». Annalena Baerbock a refusé de plier et lui a tenu tête en mentionnant l'existence de « standards communs » sur cette question dans le monde et en lui rappelant que la Charte des Nations unies et la Convention de l'ONU sur les droits de l'homme sont des textes que tous les membre de l'ONU sont tenus de respecter.

 

 

 

 

Un discours qui se démarque de la position française

Alors qu’Annalena Baerbock a explicitement mis en garde le régime de Pékin sur son possible usage de la force à Taïwan, le président français, Emmanuel Macron, avait, lui, choisi de ne pas évoquer l'épineux dossier taïwanais sur place. Seulement quelques jours avant, lors de sa propre visite, il plaidait pour « l’autonomie stratégique » des Européens, refusant qu'ils soient des « suivistes » sur la question de Taïwan, pris « dans un dérèglement du monde et des conflits qui ne seraient pas les nôtres ». Ce qui n’a pas manqué de susciter l’incompréhension de nos alliés. Sans aucune reconnaissance pour l’investissement américain massif dans la sécurité de l’Europe, notamment depuis l’invasion russe en Ukraine, le président français a donné le sentiment que les Etats-Unis seraient à l’origine de l’escalade entre la Chine et Taïwan.

 

Néanmoins, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui accompagnait Emmanuel Macron, a opté pour un discours de fermeté, critiquant la Chine à la fois sur les droits de l’homme et surtout pour son soutien à Moscou, dans le contexte de la guerre en Ukraine : « Nous comptons sur la Chine pour ne pas fournir d'équipement militaire directement ou indirectement à la Russie, car nous savons tous qu'armer l'agresseur irait à l'encontre des lois internationales et cela nuirait significativement à notre relation », a-t-elle déclaré.

 

 

 

 

 

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