Les recommandations du mois de janvier de l’édition de Beyrouth

 

À travers des livres, des films, des documentaires et des podcasts, découvrez ou redécouvrez l’histoire du Liban qui inspire les créateurs d’hier et d’aujourd’hui. 

 

Les recos littéraires de la rédac : plongez dans les mots et maux de Beyrouth

 

Beyrouth, malgré tout, Sophie Guignon & Chloé Domat, illustré par Kamal Hakim (éd. Les Escales)

La BD Beyrouth, malgré tout, des journalistes Sophie Guignon & Chloé Domat et illustré par le dessinateur libanais Kamal Hakim, retrace la vie de Robert Sacy, un médecin libanais de 73 ans. Ayant vécu la guerre civile (1975-1990) et la reconstruction, il s'engage pour la justice sociale en fondant le premier service public de pédiatrie à Beyrouth en 2016. Aux côtés de la jeunesse, il participe aux soulèvements de 2019, mais voit son hôpital détruit lors de l'explosion du port en 2020. Aujourd'hui, il fait face à l'effondrement économique du pays, tandis que plane depuis octobre 2023 la menace d'un retour de la guerre. A travers l’histoire de Robert Sacy, les deux correspondantes au Liban souhaitent offrir une fenêtre pour comprendre le Liban contemporain. Entre engagement, combat et espoir d’un avenir plus clément.

 

 

Note de la rédaction : 4/5. Se lit très vite, magnifiquement illustré et poignant.

 

Beyrouth-sur-Seine, Sabyl Ghoussoub

Beyrouth-sur-Seine, de Sabyl Ghoussoub explore des thèmes universels tels que l’exil, le déracinement, l’altérité, l’identité et la quête personnelle. Lauréat du Prix Goncourt des Lycéens 2022, l’ouvrage retrace l’histoire des parents de l’auteur, ainsi que sa propre quête d’identité en tant que Franco-Libanais. Sabyl Ghoussoub s’interroge sur ce que signifie partir et rester, dans une réflexion émouvante : « Partir c’est mourir un peu, rester c’est mourir beaucoup ». Il évoque son lien complexe avec le Liban, pays qu’il a visité à de nombreuses reprises et où il a vécu un temps, mais qu’il associe profondément à ses parents. À travers cet ouvrage, l’auteur livre une réflexion intime sur l’héritage culturel et affectif, tout en résonnant avec des questionnements universels sur l’appartenance et l’identité.

 

 

Note de la rédaction : 5/5. Incisif, poétique et aussi émouvant que drôle. 

 

Les recos ciné de la rédac : le Liban en documentaire ou en film

 

Casse du siècle au Liban, un documentaire Arte

Le documentaire Casse du siècle au Liban, disponible sur Arte, revient sur l’effondrement économique et social sans précédent que traverse le pays depuis 2019. En compagnie d’experts – historienne, journalistes, économiste, avocat fiscaliste – il retrace comment le Liban, jadis surnommé « la Suisse du Moyen-Orient », s’est transformé en une kleptocratie, où le confessionnalisme et les élites politiques ont pillé les ressources du pays avec la complicité du système bancaire. De l’indépendance en 1943 aux soulèvements populaires d’octobre 2019, en passant par l’explosion tragique du port de Beyrouth en 2020, le film met en lumière les mécanismes de corruption systémique qui ont conduit à l’effondrement de la livre libanaise, à une inflation record et à l’appauvrissement massif de la population. Malgré la pression internationale pour des réformes, les dirigeants, issus des anciennes milices et protégés par un système confessionnel, continuent de diviser et de maintenir leur pouvoir.

 

 

note de la rédaction : 4/5. Un récit éclairant sur un pays pris au piège de sa classe dirigeante et d’une corruption endémique, pour mieux comprendre comment le Liban a plongé dans une crise économique, politique, sociale sans nom. 

 

Capharnaüm de Nadine Labaki

Capharnaüm de Nadine Labaki est un film bouleversant qui plonge le spectateur dans la vie d’un enfant des rues à Beyrouth. À travers le récit de Zain, un garçon de 12 ans qui poursuit ses parents en justice pour lui avoir donné la vie, le film explore, sous forme de flashbacks, la dure réalité des enfants délaissés. Avec une caméra intrusive et un point de vue centré sur l’enfant, Labaki dépeint sans filtre la lutte de Zain pour échapper à la misère et à un destin imposé. Ce réalisme cru, parfois difficile à supporter, vise à éveiller les consciences sur les conditions de vie terribles de nombreux enfants à travers le monde. 

 

 

Note de la rédaction : 5/5. Capharnaüm est un cri poignant pour la justice sociale et l’humanité. Il émeut et éveille les consciences, avec son style presque documentaire.

 

Le quatrième mur de David Oelhoffen

Adapté du livre éponyme du reporter de guerre et romancier Sorj Chalandon, Le Quatrième Mur sort en salles ce mercredi 15 janvier 2025. Réalisé par David Oelhoffen, il s'agit du deuxième roman de l'auteur à être porté à l'écran. L'histoire nous plonge en 1982, lorsque Georges, - joué par Laurent Lafitte - débarque à Beyrouth pour réaliser le rêve de son vieil ami grec et juif, Samuel, empêché par la maladie. Le défi est colossal : monter Antigone de Jean Anouilh en pleine guerre civile, sur la ligne de front, avec des comédiens et comédiennes issus des différentes communautés qui s'entretuent au Liban. 

 

 

Les recos audios de la rédac !

 

Le souffle de Beyrouth, réalisé par Marine Vlahovic

Le souffle de Beyrouth est un documentaire poignant réalisé par Marine Vlahovic pour la série Profils d’Arte Radio. À travers les archives sonores de Rana Eid, sound designer et réalisatrice, le podcast explore près de 40 ans d’histoire de Beyrouth. La Beyrouthine qui a enregistré les sons de la guerre civile (1975-1990), de la reconstruction, de la guerre de 2006, de la révolution civile de 2019, de l’explosion du port en 2020 et de l’effondrement actuel du Liban, commente ses enregistrements. Ces archives sonores, intimes et puissantes, racontent l’histoire d’un pays meurtri et d’une ville suspendue, retenant son souffle. Véritable manifeste sur l’importance du son dans nos mémoires, ce podcast offre un regard sensible et unique sur l’évolution de Beyrouth. 

lepetitjournal.com a redécouvert ce documentaire lors d’une écoute collective à l’Institut du monde arabe, rendant hommage à Marine Vlahovic, une voix essentielle d’Arte Radio et France Culture, disparue prématurément le 25 novembre 2024 et dont la rédaction vous conseille ses autres documentaires.

 

 

Note de la rédaction : 5/5. Le travail de Marine Vlahovic est d’une justesse et d’une nécessité. À écouter ou à réécouter d’urgence !

 

Je vous parle de Beyrouth, réalisé par L’Orient-Le Jour

Le podcast Je vous parle de Beyrouth, réalisé par L’Orient-Le Jour, donne la parole aux habitants de la capitale libanaise dont la vie a été bouleversée par la guerre entre Israël et le Hezbollah. Qu’ils viennent de la banlieue sud, d’Achrafiyé, de Dahiyé, de régions éloignées du Liban ou d’autres pays, ces hommes, femmes et enfants, de toutes générations et confessions, partagent leurs récits intimes et poignants. À travers douze épisodes disponibles à ce jour, le podcast explore les moments charnières de cette guerre qui ont transformé leur quotidien. Entre peurs, espoirs et résilience, ces témoignages, enregistrés au cœur de Beyrouth, offrent une perspective humaine sur un conflit qui continue d’affecter profondément la région. Une série émouvante et captivante, à découvrir chaque semaine sur les plateformes de L’Orient-Le Jour. A écouter sur la chaîne Youtube L’Orient-Le Jour ou sur le site de L’Orient-Le Jour.

 

 

Note de la rédaction : 3/5. Les témoignages sont touchants et intéressants. Seul bémol : chaque épisode ne dure que quelques minutes. 

 

Les recos expos de la rédac ! 

 

Huguette Caland, les années parisiennes

Jusqu'au 25 janvier 2025, le 47 rue Saint-André-des-Arts à Paris accueille l'exposition Huguette Caland, Les années parisiennes (1970-1987). Figure majeure des Golden Sixties libanaises, l’artiste appartient à la même génération que  Shafic Abboud, Etel Adnan, Simone Fattal ou Saloua Raouda Choucair. L'exposition qui lui est dédiée dévoile une facette méconnue de son œuvre. Rassemblant près de cinquante pièces exceptionnelles, dont des peintures issues de la série emblématique Bribes de corps, des kaftans et des œuvres sur papier, cette rétrospective retrace une période décisive de sa carrière. Une plongée dans l'audace et la poésie d’Huguette Caland dont la résonance s'étend bien au-delà de son époque.

Réservation ici. 

 

 

Note de la rédaction : 3,5/5. Très belle exposition. 

 

ŠamaŠ de Zad Moultaka

ŠamaŠ, crier la paix est une installation visuelle et sonore créée par Zad Moultaka, un artiste libanais aux multiples facettes. Compositeur, peintre, et créateur d’univers immersifs, il tisse depuis toujours un dialogue intime entre les disciplines, les époques et les cultures. Exposée à l’Institut du monde arabe depuis le 10 décembre 2024, elle agit « comme une œuvre cathartique auprès du public ». Elle est visible jusqu’au 6 avril 2025.

Réservation ici.

 

 

Note de la rédaction : 4/5. Touchante et déstabilisante.