La Banque centrale du Myanmar (BCM) a l’intention d’assouplir un peu sa politique des taux afin de donner aux banques locales du pays plus de liberté en ce qui concerne leurs propres taux et leurs politiques commerciales, avec pour objectif de les aider à devenir plus compétitives. La rigidité des banques et la difficulté d’accéder à des crédits à des taux économiquement raisonnables sont actuellement deux limites majeures au développement des petites et moyennes entreprises et à la consommation des ménages,
Le vice-gouverneur de la Banque centrale, U Soe Min, a donc déclaré devant le parlement que l’institution en été consciente et qu’elle allait requérir l’aide et les conseils du Fonds monétaire international (FMI) pour mener à bien cet assouplissement, tout en observant et analysant ce que d’autres pays font ou ont fait sur ce sujet dans des circonstances similaires. Selon le banquier, « certains pays ont mis plus de 20 ans avant de parvenir à une complète libéralisation des taux. Ceux-ci dépendent pour beaucoup du niveau d’épargne dans le pays et ils doivent donc être modifié et ajusté au fur et a mesure que cette épargne se développe, et avec elle l’accès aux capitaux et donc à l’investissement ».
La BCM impose aujourd’hui aux banques privées de maintenir leurs taux entre 8% pour les dépôts et 13% pour les prêts, son principal taux étant lui fixé à 10%. Des niveaux extrêmement élevés pour des emprunteurs éventuels qui forcent ceux-ci à épargner afin de pouvoir investir. Problème majeur : de nombreux Birmans ne font pas encore complétement confiance aux banques et au système bancaire (il n’est que voir les gens photographier les écrans des distributeurs de billet avant une opération pour s’en convaincre…)… quand ils leur font un peu confiance !
Du coup, U Soe Min a précisé que la BCM allait continuer à améliorer les règles et les protocoles bancaires afin de susciter plus de stabilité financière dans le pays et donc d’encourager l’épargne. Et d’affirmer que « les réglementations et les lois en vigueur pour les institutions financières dans le pays vont être appliquées afin que les dépôts et l’épargne soient sans risques. Si besoin est, nous mènerons des visites d’inspection sur le terrain ». D’une certaine manière on peut comprendre la suspicion du public lorsque les dirigeants se sentent obligés d’expliquer que « dorénavant la loi sera appliquée… ». Selon U Soe Min, l’épargne disponible dans les banques à la fin de l’année fiscale 2017-2018 se montait à environ 3 000 milliards de kyats (de l’ordre de 1,8 milliard d’euros), en augmentation de 5,3% par rapport à l’année fiscale précédente.
La BCM va également s’attaquer au problème des taux de changes des devises, ceux-ci étant aujourd’hui à la fois très volatiles et très variés, y compris au sein de la même banque où les informations affichées et pratiquées peuvent considérablement différer. En outre, le cours dollar étasunien/kyat s'est récemment fortement dégradé en faveur du dollar, ce qui inquiète la classe moyenne du pays. Le vice-gouverneur a ajouté que la Banque centrale était bien consciente que des taux de change fiables, stables et équitables étaient une condition sine-qua-none à une augmentation des investissements directs étrangers en Birmanie et à la confiance des investisseurs dans leur ensemble.
L’objectif final de toutes ces mesures à venir est d’aligner progressivement la Birmanie sur les normes internationales, a affirme U Soe Min. Sa déclaration devant le parlement arrive alors qu’en quelques jours toutes les personnalités majeures du pays – y compris Aung San Su Kyi – y sont allées de leur message rassurant sur l’état du système bancaire birman. Le 22 août dernier, le discours alarmiste d’un homme d’affaires local très en vue a donné lieu à une rumeur de faillites bancaires à venir et les dirigeants s’inquiètent des conséquences qu’aurait un affaiblissement considérable du système bancaire local.