Les expatriés en Colombie sont nombreux à le connaître, tant il fait partie des blogueurs de référence pour cette destination. Visas, business, études, tourisme, culture, Colombianito nous a tous sauvé la mise un jour pour préparer notre arrivée, ou organiser un circuit dans le pays ! Mais qui se cache derrière ce blog ?
Doniphane Meslier s’est fait connaître sur la toile comme « Colombianito ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce melunais a la transmission dans le sang. Professeur de marketing, il n’a pas hésité à lancer un blog sur la Colombie après plusieurs années d’expatriation. Son leitmotiv ? Raconter ses mésaventures et jolies découvertes avec sincérité, « comme on le ferait pour un ami » ! Aujourd’hui, c’est à la rédaction que cet amoureux de la Colombie se confie sur son parcours de blogueur. ¡ Chévere !
Pourquoi avez-vous créé un blog sur la Colombie ?
Au départ, le blog est un projet sans prétention. Je l’ai lancé fin 2016 pour passer le temps, m’amuser. Je vivais déjà en Colombie depuis sept ans, et je souhaitais partager mon expérience. Je pensais que la seule personne qui lirait mes articles serait ma maman ! (rires)
J’ai commencé par raconter mes galères, que ce soit pour le visa, payer les impôts, ou encore aller à l’hôpital. J’ai eu 5.000 visites dès le premier mois.
Il n’y avait aucune information sur la Colombie disponible à ce moment-là, et une petite communauté s’est très vite créée autour du blog. Je pense que j’ai bénéficié d’un regard sympathique des visiteurs parce que je partageais mes galères et les Français expatriés se reconnaissaient d’une part, et d’autre part, ceux qui partaient en Colombie étaient plus rassurés de savoir qu’ils allaient trouver une communauté en arrivant.
Est-ce que vous avez pensé vivre de votre blog ?
J’ai travaillé à Barranquilla en tant que professeur de marketing. J’aurais bien aimé que le blog devienne mon activité principale mais je l’ai gardé comme hobby. J’ai aussi rapidement créé un podcast dans lequel je racontais tous les jours une anecdote sur un problème que j’avais rencontré du fait du choc culturel. Le podcast m’a permis de gagner une communauté française en Colombie, mais aussi une communauté colombienne en France ! Beaucoup de Colombiens ont conscience de l’image négative de leur pays à l’étranger, notamment concernant le trafic de drogue, et ils sont donc ravis de voir des Français qui en parlent de façon positive.
Pendant la pandémie, cela m’a donné l’idée de ma nouvelle activité. J’ai créé « Francés Tóxico », une société pour donner des cours de français en ligne à des Colombiens au prix d’un café par jour. Je suis « Le prof de français le plus toxique au monde », parce que j’envoie des exercices à faire tous les jours, y compris les jours fériés !
Qu’est-ce que Colombianito apporte à votre expatriation ?
Au départ, j’étais assez isolé à Barranquilla, où vivent peu de Français expatriés, et par mon blog je suis devenu une sorte de référence dans la communauté française en Colombie. Il m’arrive régulièrement de rencontrer des francophones qui connaissent mon blog. C’est toujours étrange d’être reconnu, mais je suis content de savoir que des articles de blog que j’ai écris il y a quelques années continuent d’aider des voyageurs. Je pense que le succès de Colombianito vient du fait que je n’ai jamais écrit pour générer du revenu, mais que j’ai fait cela pour aider avant tout.
Avez-vous eu de nouvelles opportunités par votre blog ?
Grâce à Colombianito, j’ai eu accès à des opportunités incroyables ! J’ai pu donner des conférences, visiter des lieux touristiques en étant invité par des locaux. Une de mes meilleures expériences a été le salsadromo. Il s’agit du plus grand événement de salsa au monde, qui a lieu tous les ans au moment de Noël à Cali. J’ai été contacté par une Colombienne en France qui voulait que je sois présent en tant que journaliste français, alors que je ne suis même pas journaliste !
On m’a également invité à être modérateur lors d’un dialogue entre des anciens FARC, et un uribiste d’extrême droite convaincu. Le blog m’a ouvert des portes dont je n’aurais jamais pu rêver !
Cependant, si toutes ces opportunités sont incroyables et « vendent du rêve », il ne faut pas oublier les heures de travail pour écrire les articles. Notamment ceux qui concernent les visas. Se farcir des heures de recherche et de vérifications, lorsque les sites de l’ambassade ne sont pas mis à jour, cela n’est pas une partie de plaisir ! (rires) Je ne suis pas influenceur, et je ne souhaite pas prétendre que tout est rose dans la vie d’expatrié. J’écris de façon sincère et j’explique certaines réalités à comprendre.
Comment votre blog fait-il écho aux expats ?
Je me souviens d’un message très touchant que j’ai reçu il y a quelques années. Une française expatriée à Manizales m’avait écrit pour me remercier de mes podcasts, qu’elle écoutait tous les soirs avant de s’endormir. Elle me racontait que grâce à ces épisodes, elle ne se sentait pas seule dans ses galères et qu’elle avait l’impression de pouvoir partager cela avec quelqu’un, même si elle ne connaissait aucun Français dans sa ville. L’expatriation n’est pas toujours évidente une fois les premiers mois passés où tout paraît formidable. Lire ou écouter les témoignages d’autres Français fait du bien de temps en temps.
Votre article le plus lu ?
Un de mes articles a cartonné en quelques jours : « 7 conseils pour votre relation Franco-colombienne ». Je l’ai écrit avec une amie colombienne pour parler des relations amoureuses en Colombie et de ce qu’attendent les Français et les Colombiens. Je ne m’attendais pas à ce qu’il ait un tel succès, alors qu’au départ j’avais commencé par publier des articles plus pratiques.
Que souhaitez-vous transmettre par votre blog ?
Maintenant que mon blog est davantage reconnu, je prends conscience de la responsabilité morale des blogueurs. Nos articles ont du poids, ils peuvent même participer au projet de vie de quelqu’un. Je fais donc attention à ce que j’écris, aux conseils que je donne.
J’essaie de pousser les lecteurs vers une démarche de tourisme plus durable. J’ai moi-même découvert le tourisme éthique suite à une invitation des indigènes de la Sierra Nevada de parler de leur rôle dans la préservation de l’environnement, et j’ai adoré. Il faut s’attendre à des chocs culturels lorsqu’on s’installe en Colombie, et savoir les accepter. L’expatriation implique de s’adapter.