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BUCAREST CENTENAIRE- Histoires mondaines, la maison de Mita Biciclista

Dans les premières décennies du XXe siècle, certaines des plus remarquables résidences de la haute société bucarestoise étalaient fièrement leurs façades dans la rue Biserica Amzei. Le dernier descendant des boyards valaques Bălăceanu, le professeur académicien Constantin Bălăceanu-Stolnici, a été témoin de ce faste. Dans ses Mémoires d’un boyard de bonne famille, nous apprenons que la plus belle d'entre elles était la maison de Maria Mihăescu, à l’époque future femme du général Alexandru Dumitrescu.

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Wikimedia / Britchi Mirela
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 13 novembre 2024, mis à jour le 14 novembre 2024


Toute la société mondaine du Petit Paris a parlé à un moment donné de la «carrière de courtisane» de Maria Mihăescu. Surnommée Mitza la Cycliste, elle était l’héroïne d’une véritable mythologie que les mauvaises langues et les envieux, mais aussi la presse, ont créée. Toutefois, sa meilleure description appartient au même professeur, Bălăceanu-Stolnici : Elle a été l’une des ces femmes qui se sont imposées dans l’histoire des capitales de par leur beauté et leur vie extravagante. Mitza la Cycliste a été l’une des femmes qui a incontestablement dominé la vie bucarestoise de l’entre-deux-guerres, tant par ses aventures avec les grandes personnalités de l’époque, que par son incroyable modernité. Elle a été la première femme à avoir fait du vélo à travers notre capitale et la première femme qui se soit baignée en maillot de bain. […] Elle avait un snobisme amusant à la manière de ces personnages du théâtre de boulevard. Entre autres, elle parlait français même avec ceux qui n'en comprenaient pas un traître mot, et elle n’allait que chez les grands coiffeurs et les grands restaurants, notamment à l’Athénée Palace, haut lieu des rendez-vous mondains de cette période.

 


L’histoire de la résidence de Maria Mihăescu semble correspondre à merveille avec la personnalité semi-mondaine de sa propriétaire. Conformément aux témoignages et aux ragots de ses contemporains, la maison située dans la rue Biserica Amzei lui aurait directement été offerte en cadeau par le roi Ferdinand de Roumanie en personne. Nous apprenons aussi par ces mêmes sources, plus ou moins fiables, que les deux étaient souvent aperçus se promenant dans le centre de Bucarest ; d’ailleurs, elle était l’une des femmes les plus courtisées de la capitale, tant par les hommes politiques, que par de nombreux écrivains ou artistes.

 


Après avoir pris possession de l’immense immeuble à deux corps et deux niveaux supérieurs couronnés par une mansarde, Mitza la Cycliste décide de reconsolider le bâtiment et d'en changer la façade. Cette tâche difficile revient à l’architecte et restaurateur roumain, Nicolae Mihăescu, connu pour sa prédilection pour le langage architectural néo-roumain. En 1905, Mihăescu achevait les derniers détails du bâtiment qui étalait plutôt un style éclectique français avec des touches de Beaux-Arts et des influences Art Nouveau, le style le plus en vogue à cette époque.

 


Quant à l'ornementation sculpturale, on y décèle la préférence de Maria Mihăescu pour les éléments néo-baroques. La partie inférieure des balcons étale des formes spécifiques de coquilles encadrées par des têtes de lions. Au pôle opposé, les encadrements des fenêtres comprennent un amalgame de différents motifs végétaux et de volutes discrètes. La résidence de cette véritable Madone bucarestoise ne pouvait pas être privée de la présence des cupidons, qui veillent sur les extrémités des balconnets du dernier étage.  

 


Malheureusement, l’arrivée au pouvoir du régime communiste a été suivie par un ample procès de nationalisation. C’est alors que Maria Mihăescu, perdra une grande partie de sa fortune. Elle a eu quand même le droit de garder une seule et unique pièce dans la mansarde de la maison qu’elle avait possédée pendant plus de quatre décennies. De manière paradoxale, c’est là où elle passera le reste de sa vie, jusqu’en 1968 quand elle mourut.   

 


Sources: Historia.ro, Adevarul.ro


Constantin Bălăceanu-Stolnici, Mémoires d’un boyard de bonne famille, (article complet apparu dans la Revue Clipa, consulté sur le site Boieri.wordpress.com

 

Ana Maria Rosca 

 

 
 

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