

Henri Haroun, Français et musulman pratiquant depuis l'âge de 10 ans, raconte son arrivée en tant que fidèle musulman au Cambodge, mais aussi son tout premier Ramadan à Phnom Penh. Trente jours de festivités qu'il convient de partager "avec ses frères" plus que jamais.
(crédit photo: Emilie Tôn)
C'est la première semaine de Ramadan pour les fidèles musulmans. Un mois de fête pour près de 5% de la population résidant au Cambodge qui a préparé ses meilleures recettes pour l'évènement.
Arrivé tout récemment de France où il a vécu 31 ans, Henri Haroun (ou Saleh, comme on l'appelle plus couramment) s'est installé dans une résidence proche de l'aéroport avec pour but de se reconnecter pleinement avec la religion. Accompagné de sa femme, le couturier originaire de Chau Dau au Vietnam aménage encore sa toute nouvelle maison à partir de laquelle il mène des recherches sur l'Islam au Vietnam et au Cambodge. "J'ai déjà répertorié un très grand nombre de mosquées dans ces deux pays", raconte-t-il, enthousiaste de voir que la reconstruction est en marche quelques décennies après que le régime Pol Pot en est détruit la quasi-totalité.
Aucune difficulté pour se retrouver cinq fois par jour pour la prière dont l'appel s'entend de loin. Mais la différence entre l'exercice du culte musulman en France et au Cambodge n'est pas tant dans la pratique que dans la mosaïque de nationalités et d'origines représentées. "Evidemment, nous sommes tous des frères, peu importe notre provenance. Cependant, c'est très agréable de voir toutes ces couleurs réunies ! Il y a des Chams, et quelques Cambodgiens reconvertis, mais aussi des Pakistanais, des Indiens, des Malaisiens et des Indonésiens, et même quelques fois des Français, le tout se mélangeant dans les mosquées de Phnom Penh ! D'ailleurs, il arrive que la prière du vendredi soit faite en malais, du jamais vu en France ! "
Une fête communautaire
Le mois de Ramadan ne peut donc qu'être agréable pour l'ancien étudiant de l'école coranique de Médine. "Se retrouver le soir pour partager un repas est beaucoup moins compliqué qu'en France. Nous sommes tous ensemble chaque soir pour partager une soupe autour d'une table, faire la prière puis manger les plats de fête. En France tout le monde est toujours très occupé, termine tard le travail et ne veut qu'une chose ensuite : rentrer à la maison. Un rythme différent qui explique qu'à Paris nous nous retrouvons seulement le weekend. " Le constat est également valable pour le reste de l'année : "Tout est fait en groupe, nous vivons à la même cadence et la vie en communauté s'en ressent." Ce que paradoxalement Henri Haroun explique par un comportement différent de la part de la société, et ce même en tenant compte de la prégnance du bouddhisme dans le pays : "Les patrons tendent plus facilement à accepter la prière sur les lieux de travail et l'absence du vendredi matin qu'en France."
Président du Centre Musulman des Vietnamiens de France (CMVF), à présent géré par ses enfants résidant à Meaux en Ile de France, Mr. Saroun a déposé il y a peu les documents nécessaires pour la création d'une toute nouvelle ONG. Appelée PMC (Protection des Musulmans du Cambodge), elle réunit déjà une dizaine de personnes quelques jours à peine après sa reconnaissance officielle. Une organisation dont les actions de charité seront accompagnées par la création d'une école coranique dans un avenir proche.
Beaucoup de projets et de festivités pour ce nouvel expatrié dont le jeûne 2011 est plus que positif et ce, malgré "la chaleur écrasante" qui d'après lui rééquilibre le jeu : " Il fait plus chaud qu'en France, mais les journées sont moins longues donc au final, ça s'équivaut."
Emilie TÔN (www.lepetitjournal.com) Jeudi 4 août 2011
