En ce début d’année, la question de la dette refait irruption dans le débat public avec un niveau d’endettement privé qui atteint aujourd’hui presque le double du PIB cambodgien.
Dettes privées et reprise économique cambodgiennes
La dette privée cambodgienne a atteint 180 % du produit intérieur brut (PIB) du pays en 2022, soit une augmentation de 20,2 % par rapport à décembre 2021.
D’après les chiffres du rapport annuel de la Banque nationale du Cambodge (BNC), les crédits du secteur privé ont atteint un total de 56,1 milliards de dollars en 2022, qui se répartissent principalement comme suit.
Les prêts des banques au secteur privé représentent 46 milliards de dollars (soit une augmentation de 19,3 % par rapport à l'année dernière) et les crédits des institutions de microfinance s'élèvent à 9,7 milliards de dollars (+ 24,7 % par rapport à 2021).
Au total, 14 % des prêts étaient destinés à l'accession à la propriété, 9 % étaient liés au secteur de l'immobilier, 16 % étaient destinés aux commerces de détail et 10 % aux entreprises commerciales. Par ailleurs, 10 % étaient destinés aux prêts individuels, 4 % aux institutions financières et 5 % aux services non bancaires et non financiers.
Le rapport avance que l’augmentation du volume du crédit est due à la reprise des activités économiques et aux besoins financiers des clients.
L’endettement, un effet à double tranchant
Cependant, l’augmentation des dettes privées est un effet à double tranchant qui n’est pas sans conséquences sur l’économie. En effet, d'une part l’endettement permet une reprise efficace de l'activité économique par l’apport de liquidités fraîches sur le marché, mais d’autres part l’augmentation du niveau d'endettement peut fragiliser la stabilité du secteur économique dans son ensemble.
Vissoth Vongsey, secrétaire d'État permanent du ministère de l'Économie et des Finances, à notamment déclaré le 25 janvier dernier lors d'un forum sur la gestion macroéconomique et la loi budgétaire nationale 2023 que si la dette avait permit de soutenir la reprise de l'économie après la pandémie de COVID-19, elle augmentait du même temps le risque d'instabilité lorsque le taux d'intérêt augmente.
La hausse des taux a déjà commencé dans certains secteurs, comme la construction et l'immobilier,
a-t-il ajouté.
Des indicateurs à contrôler
Selon la directrice générale de la BNC, Serey Chea, de nombreux indicateurs permettent toutefois de déterminer si le niveau de la dette privée dans le système bancaire est préoccupant ou non. Trois d'entre eux sont tout particulièrement et régulièrement contrôlés par la BNC.
-Le premier est la croissance du taux d'endettement.
Si le taux de croissance passe de 50 % à 180 % de façon spectaculaire, c'est vraiment inquiétant,
affirme la directrice générale.
-La bonne ou mauvaise qualité du crédit, c'est-à-dire la capacité des créanciers à rembourser leurs dettes, est également à contrôler.
-Enfin, la diversification des crédits des banques et des institutions de microfinance est régulièrement examinée par la BNC pour voir quels secteurs en sont les plus demandeurs.
Cependant, Serey Chea n’a pas apporté de précisions supplémentaires sur ces mécanismes, et n’a pas non plus donné l'interprétation actuelle de la hausse de la dette privée du Cambodge au regard de ces indicateurs.
Sokmean Ou
Avec l'aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.
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