Le Cambodge célèbre les 20 ans du couronnement de son roi

L'abdication du roi Norodom Sihanouk en 2004

En 2004, le roi Norodom Sihanouk a pris la décision de quitter le trône. Dirigeant politique chevronné ayant dirigé le pays dans les années 1950 et 1960, il maîtrisait depuis longtemps le jeu politique et souhaitait superviser le couronnement de son successeur afin d'assurer l'avenir de la royauté dans le pays.

Le rôle du roi du Cambodge selon la constitution de 1993

Selon la constitution du pays adoptée en 1993, « le roi du Cambodge règne mais ne gouverne pas ».  Cependant, en tant que chef de l'État et « symbole de l'unité et de l'éternité de la nation », en temps de crise, il « assume le rôle auguste d'arbitre pour assurer l'exécution fidèle des pouvoirs publics ». Le rôle du roi consiste alors à tenter de négocier un accord entre les parties, ce qu'il ne peut faire que s'il est perçu comme neutre et n'a pas été impliqué dans la politique.

Le choix du prince Norodom Sihamoni

Le choix du prince Norodom Sihamoni s'imposait. Fils cadet du roi et de la reine Norodom Monineath, il n'a jamais joué de rôle politique dans le pays. Contrairement au fils aîné du roi, le prince Norodom Ranariddh, qui dirigeait le parti d'opposition FUNCINPEC et avait été premier ministre dans les années 1990.

La vie du prince Sihamoni avant son couronnement

Né en 1953 à Phnom Penh, le prince Sihamoni vivait en France à l'époque où il était représentant permanent du Cambodge auprès de l'UNESCO. On sait qu'il a beaucoup œuvré pour que la danse classique khmère et le théâtre d'ombres cambodgien soient inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO.

Lorsqu'il est rentré au pays en 2004, le roi Sihamoni avait passé une grande partie de sa vie à l'étranger. Il a été envoyé à Prague, en Tchécoslovaquie, en 1962. Il a d'abord fréquenté l'école primaire Majakovskeho, puis l'école élémentaire Ostrovni. Au début des années 1970, le prince Sihamoni obtient un premier diplôme universitaire en danse et musique classique occidentale de l’Académie des arts du spectacle de Prague, puis une maîtrise, en rédigeant sa thèse sur « La conception et l'administration des écoles artistiques au Cambodge ».

Lorsque les Khmers rouges prennent le pouvoir en 1975, le prince Sihamoni retourne à Phnom Penh. Il passera le régime pratiquement emprisonné dans le palais royal avec le défunt roi Sihanouk et la reine Monineath.

Après la défaite du régime de Pol Pot en janvier 1979, ils sont tous les trois emmenés en Chine où le prince Sihamoni assume les fonctions de secrétaire de son père. 

En 1981, le prince Sihamoni s'installe en France. Au cours des années suivantes, il sera professeur de danse classique occidentale et de pédagogie artistique dans plusieurs conservatoires de danse réputés. Il est également président de l'Association de danse khmère.

Proposé comme ambassadeur du Cambodge en France, le prince Sihamoni avait décliné l'offre. Mais en 1993, il a accepté d'être le représentant permanent du pays auprès de l'UNESCO à Paris, fonction qu'il a occupée jusqu'à son couronnement en 2004.

 

La nomination et le couronnement du prince Sihamoni

Comme le prévoit la constitution, le successeur du roi Sihanouk devait être officiellement nommé par le Conseil royal du trône, dont les neuf membres devaient comprendre le premier ministre, le président de l'Assemblée nationale, le président du Sénat, les premier et deuxième vice-présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, ainsi que les chefs des ordres bouddhistes de Mohanikay et de Thammayut.

Le 14 octobre 2004, le conseil a donc désigné le prince Sihamoni comme futur roi. La cérémonie de couronnement a eu lieu 15 jours plus tard, le 29 octobre 2004. Dans son premier discours, le lendemain, le roi Sihamoni a déclaré : « Mes respectés et bien-aimés compatriotes, je serai toujours votre fidèle et dévoué serviteur ».

 

 

 

Les initiatives discrètes du roi Sihamoni

Servir en tant que roi était une question de devoir pour le prince qui, de l'avis général, vivait tranquillement à Paris où il avait enseigné la danse classique occidentale pendant plusieurs années et était connu pour préférer les transports en commun plutôt que d'utiliser la voiture et le chauffeur qu'on lui avait offerts. 

En tant que roi, il a conservé cette approche modeste, prenant discrètement des initiatives pour aider les gens sans que cela soit nécessairement rendu public. Par exemple, en 2005, lorsque le gouvernement cambodgien a déplacé le campus nord de l'Université royale des beaux-arts vers ce qui était à l'époque un endroit isolé pour faire place à un développement privé, le roi Sihamoni a discrètement mis en place un service de bus gratuit pour les étudiants. À l'époque, le nouvel emplacement du campus dans la commune de Phnom Penh Thmei, dans le district de Russei Keo, n'était accessible que par un chemin de terre et le campus était constamment inondé lorsqu'il pleuvait.

 

Les fonctions du roi Sihamoni

Aujourd'hui, les fonctions du roi Sihamoni comprennent des visites d'État et de courtoisie à l'étranger, comme une visite d'État au Japon en avril 2024, une visite diplomatique en Chine en août 2024 et sa participation au sommet de la Francophonie en octobre dernier. 

En novembre 2023 et en octobre 2024, le roi Sihamoni a rencontré le président français Emmanuel Macron à Paris lors d’une visite officielle. Il a pris la parole lors du 19e Sommet de la Francophonie, auquel ont participé 100 délégués des 90 États membres de l'Organisation internationale de la Francophonie - l'organisation des pays ayant un héritage français.

Les activités du roi Sihamoni consistent également à visiter ses sujets. En juin 2023, il a rencontré des agriculteurs dans le besoin et a fait des dons à plus de 400 familles, distribuant de l'argent et des biens de première nécessité. En août 2024, il a fait des dons similaires en argent et en biens à plus de 500 artistes âgés dans le besoin.

 

 

L'inauguration du monument de la Constitution

Le 24 septembre 2024, le roi Sihamoni a inauguré le monument de la Constitution, qui se trouve désormais à proximité du monument de l'Indépendance, construit en 1958 sous l'administration de son père. Dans son discours, le roi a rappelé l'importance de cette constitution promulguée le 24 septembre 1993.  « Cette loi suprême a été la pierre angulaire de la stabilité de notre nation pendant trois décennies », a-t-il déclaré.

 

« Restons unis, déterminés à faire respecter et à protéger la Constitution, qui est le cœur même de notre nation. »

Michelle Vachon

Source : Cambodianess