Hier nous publiions la dictée de Phnom Penh accueil avec quelques fautes, histoire de faire participer ceux et celles qui ne pouvaient être à l’Institut le week-end dernier. Les avez vous trouvées ?
Si vous êtes passés à côté de l’article d’hier, il est toujours temps d’arrêter la lecture de celui-ci et de jouer en cliquant sur ce lien. Pour les autres, voici le texte sans faute.
Rêveries olympiques
À bientôt douze ans, Dara ne tenait pas en place. Les heures lentes passées à l’école du village lui faisaient souffrir le martyre, tant il avait hâte de pouvoir aller vadrouiller sans entrave dans la nature libre et sauvage qui opiniâtrement l’appelait à elle. Accoudé à son pupitre, son imagination baguenaudait infailliblement en direction des plaines herbeuses, vers les étroits sentiers qui serpentaient entre les rizières en damier, découvrant à chaque instant de nouveaux panoramas – la ligne tremblante de l’horizon émergeant de la brume de chaleur, les maisons sur pilotis comme des mirages baignant dans la lumière fauve du Cambodge, violente à midi, apaisée au crépuscule, quand la terre sanguine et les herbes sauvages semblent éclairées de l’intérieur par une flamme secrète.
Dans son imagination enfantine, dans ses rêves fantasmagoriques, Dara se voyait athlète aux Jeux olympiques, et, à peine l’école achevée, s’y préparait d’arrache-pied. Il courait des cent mètres approximatifs entre deux palmiers à sucre, se retrouvant les genoux mouchetés d’ecchymoses pourpres lorsque d’invisibles racines lui faisaient un croc-en-jambe. Muni d’un bambou, il s’élançait au-dessus des haies buissonnantes et croyait tutoyer l’azur avant de retomber lourdement sur l’herbe et de se faire des bleus au coccyx. Devenu judoka, il corrigeait ses adversaires au grand dam des scolopendres effarouchées. Escrimeur émérite, il défiait à fleurets mouchetés quelque apathique bovidé qui ruminait benoîtement dans la prairie écrasée de soleil et prenait ses jambes à son cou lorsque l’animal relevait le col.
Tout exorbitante qu’était l’ambition qui le portait, Dara s’y agrippait et se fichait bien des on-dit. C’était comme si tous ses rêves s’étaient donné rendez-vous dans cette plaine rubigineuse à la verticale de laquelle les nuages d’été passaient dans le ciel telle une caravane ondoyante – nuages-éléphants, nuages-tentes. Puis survenaient des cieux bleu-mauve quand descendait le soir et que Dara devait à contre-cœur regagner ses chers pénates. Il ébouriffait alors ses cheveux noir de jais où perlait la sueur, et vous auriez alors pu voir, au fond de ses pupilles, radiante, smaragdine, une lueur immarcescible semblable à la flamme olympique.
La correction de la dictée
Nous avions donc glissé 5 fautes.
Explications :
1. "scolopendre" est un nom féminin.
2. "Tout" exorbitante.
Voici la règle : Tout devant un adjectif masculin est invariable. Tout devant un adjectif féminin s’accorde en fonction de la lettre qui commence l’adjectif
- si c’est une voyelle, tout reste invariable :
- elle est tout émue.
- elles sont tout émues.
- si c’est une consonne, tout s’accorde également en genre et en nombre, on devra écrire toute ou toutes.
- elle est toute ravie.
- elles sont toutes ravies.
- exception du h :
- quand l’adjectif féminin commence par un h aspiré (celui qui interdit la liaison avec le mot précédent), tout se comporte comme devant les autres consonnes : il s’accorde (toute honteuse).
- en revanche, devant un h muet, il se comporte comme avec une voyelle, et il ne s’accorde pas (tout heureuse).
3. "Dara s’y aggripait" : Agripper, un G et deux P, comme appartenir.
4. "ses chères pénates" : Pénates est un mot masculin toujours pluriel.
5. "ses cheveux noirs de jais" : noir de jais définit une couleur particulière, noir est donc invariable, idem pour Bleu de Prusse par exemple.
Pour les autres fautes que vous avez découvertes dans ce texte, sachez qu’elles n'existent que dans votre imagination. Merci d’avoir participé.