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Identités et Histoires : Portraits et Films au Phnom Penh Photo Festival

Chiron Duong présente des portraits de la jeunesse vietnamienne, tandis que des projections de films, dont "The Rubber Tappers" et "Sing Your Song Boy", révèlent des récits culturels riches.

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Chiron Duong

CHIRON DUONG, Viêt Nam, La Plantation

Pour dresser un portrait de la jeunesse Vietnamienne d’aujourd’hui, Chiron Duong a procédé de façon systématique et très organisée. Il a demandé à chacun de ses modèles, tous différents, de venir dans son studio avec deux types de vêtements, ceux qu’ils portent d’ordinair au quotidien pour aller boire un café ou rencontrer des amis, et ceux qu’ils réservent à des événements plus importants, plus formels, comme des cocktails, des concerts, des événements artistiques. Il leur a également demandé de répondre à un questionnaire en vingt points qui lui permettent de se faire une opinion plus précise d’eux.  Des questions souvent surprenantes, « quelle peinture aimeriez-vous détruire ou brûler ? Décrivez une chaise qui n’existe pas ou décrivez un masque que vous aimeriez porter. »

   Il a ensuite fait poser ses personnages, leur demandant de bouger, de lancer de petits objets en les éclairant avec des flashes stroboscopiques qui permettent de décomposer le mouvement et d’inventer, de façon assez aléatoire, des compositions dynamiques. C’est ainsi qu’il avait procédé pour sa série sur « Ao Dài », la robe traditionnelle vietnamienne qu’il a publiée en 2023 dans un gros livre qu’il a intitulé Hope for Peace and Love.

 

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Chiron Duong

 

 Né en 1996, Chiron Duong ne se destinait pas du tout à la photographie et fait des études pour devenir architecte et paysagiste à l’université de Ho Chi Minh Ville. Il continue à exercer dans ces domaines mais, depuis 2017, il s’intéresse à la photographie et se fait vite reconnaître dans le domaine de la mode, qui est son activité professionnelle, et a été primé en France par le Prix Picto de la photographie de mode dès 2020, puis en 2022 par celui du 37ème festival  du grand festival de mode et de photographie d’Hyères, avant de recevoir en 2022 le prix Photo de Vogue Italie.

   Ce projet sur la jeunesse est une réflexion sur l’identité telle qu’elle se manifeste à travers l’apparence vestimentaire et demande si elle correspond ou non à une réalité intérieure, profonde. Un questionnement sur les comportements conscients et inconscients de cette jeunesse Vietnamienne.

Soirée de projection, Dans le jardin de « l'Institut Français » et à « Factory Phnom Penh »

Il y aura quatre soirées de projection, les 21, 22, 23 et 24 novembre. Voici quelques éléments relatifs à cette programmation exceptionnelle :

Le premier film de Moeung Rotha : The rubber tappers (Les Saigneurs). 20 minutes

   Dans le Ratanakiri, province du nord-est du Cambodge, Khlek, un garçon de 11 ans, vit dans la plantation d'hévéas où travaillent ses parents, issus de la minorité ethnique des Kroeung, ils sont saigneurs. Mais d'où vient cet énorme arbre calciné qui gît au milieu de la plantation ?
La réponse que Khlek trouve est bien plus complexe qu'il n'y paraît.

 

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Rotha Moeng,

 

Rotha Moeng, artiste Franco-Cambodgien, est réalisateur, producteur et galeriste, et partage son temps entre Paris et Phnom Penh. Alors qu'il réalise ses débuts de réalisateur à Banlung, province du Ratanakiri, deux films qu'il a produits et coproduits sont sortis en Europe. "Le Bruit de la Nuit", réalisé par Chandaro Sok et Kong Kea Vann, et "White Building", long-métrage de Kavich Neang.

    La vie de Rotha Moeng témoigne de la renaissance du Cambodge depuis la chute du régime des Khmers rouges il y a 44 ans. Enfant sous la dictature de Pol Pot, il n'avait pas accès à l'art, à la musique, au cinéma et à la chanson jusqu'à ce que sa famille se réfugie en Thaïlande. C'est dans un camp de réfugiés qu'il découvre son premier film, "Poah Keng Kang", qui suscite en lui un sentiment d'émerveillement durable.

   Réfugié en France, Rotha Moeng a fait vivre le Cambodge en lui à travers des fêtes traditionnelles, la cuisine, la langue khmère et des soirées karaoké au cours desquelles il chantait les mélodies de Sin Sisamuth. Au début des années 2000, alors que la sécurité s'améliorait et que le Cambodge embrassait le tourisme, Rotha Moeng a fait son premier retour dans son pays natal, connu sous le nom de "srok". Ce voyage l'a inspiré à raconter son enfance au Cambodge, les camps de réfugiés en Thaïlande et son installation en France, constituant la base de son roman, "Le Chœur des Enfants Khmers" (Seuil, 2008).

   Dans les années 2010, ses activités artistiques se multiplient. Il collabore avec Régis Wargnier sur le film « Le Temps des Aveux », dans lequel Rotha Moeng incarne l’avocat de la défense d’un bourreau des Khmers rouges. Il participe également à la production de « L’histoire terrible mais inachevée de Norodom Sihanouk, roi du Cambodge », jouée en langue khmère au Théâtre du Soleil, où Ariane Mnouchkine et Hélène Cixous ont créé la pièce en 1985. Parallèlement, il crée une galerie d’art à Battambang, où il promeut les jeunes artistes Cambodgiens.

   Alors que le Cambodge connaît de profonds changements, Phnom Penh rappelle d’autres métropoles asiatiques animées. La frénésie immobilière galopante et le capitalisme incontrôlé fracturent la société cambodgienne, laissant les marginalisés comme victimes de ce développement rapide. Les artistes, dont Rotha Moeng, s’efforcent de capturer et de refléter ces transformations. Ainsi, il a choisi de produire le court-métrage « The Sound of the Night », qui suit l’histoire de Vibol et Kea, deux frères qui vendent de la soupe de nouilles à partir d’un chariot motorisé tout en signalant leur présence aux clients en tapotant sur un bâton de bambou. Tous deux font face à la violence et à la pauvreté, faisant des choix distincts pour échapper à leur destin prédéterminé. Aux côtés de Davy Chou, Rotha Moeng a coproduit « White Building », un long-métrage mettant en scène un jeune Cambodgien aux prises avec la maladie de son père et la destruction de son immeuble.

   Après ses premières expériences dans la production, Rotha Moeng franchit une étape significative en réalisant son premier court-métrage, « The rubber tappers » en janvier 2022.

Le film a déjà été sélectionné dans différents festivals, en France, en Californie, au Japon.

 

Le film du documentariste italien Massimo Nicolaci : SING YOUR SONG BOY. 25’

   Lorenzo Castore et Michael Ackerman se connaissent depuis plus de 20 ans et ont noué une amitié très profonde et riche. Avant de se rencontrer, ils ont tous deux, individuellement, fait des voyages répétés en Inde pour travailler et transmettre. Ce furent des expériences magiques changeant leur vie. Ce film documentaire raconte l’histoire de leur retour en Inde, cette fois ensemble, en collaborant pour créer une œuvre qui combine leurs similitudes et leurs différences de vision et de mentalité, dans l’exploration d’une terre qui les tient profondément en haleine tous les deux.

 

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  En chemin, ils se remettent en question et abordent des sujets délicats comme l’amitié, le risque de faire des choix artistiques et de vie, l’opportunité d’apprendre en voyageant avec quelqu’un qui partage les mêmes besoins. La photographie devient alors un prétexte – ainsi que le moyen – pour mener à bien cette quête existentielle.

Une vidéo du photographe et cinéaste (membre de Magnum Photo) Sohrab Hura. :  The Coast, 2020. 17. 27’.

The Coast s’attache à des scènes de bord de mer et de baignade après des festivités religieuses au Tamil Nadu. Dans cette nouvelle écrite pour accompagner les images du film qui suivent, Hura met en lumière la relation de l’humanité avec la nature en remettant en question les manières binaires de penser le monde et présente un protagoniste en quête de nouvelles façons d’être.

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Sohrab Hura

 

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Publié le 9 novembre 2024, mis à jour le 9 novembre 2024

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