Le président chinois Xi Jinping achève sa tournée en Asie du Sud-Est par une visite d’État à Phnom Penh, renforçant les liens avec le Cambodge sur fond de tensions commerciales mondiales.


Le président chinois Xi Jinping a été accueilli en grande pompe à Phnom Penh le 17 avril 2025, à l’occasion de sa première visite d’État au Cambodge depuis près de dix ans. Salué par le roi Norodom Sihamoni lors d’une cérémonie militaire, Xi a rencontré le Premier ministre Hun Manet ainsi que son père, l’ancien chef du gouvernement et président du Sénat, Hun Sen.
Cette visite constitue la dernière étape d’une tournée régionale en Asie du Sud-Est, après le Vietnam et la Malaisie, visant à renforcer l’influence diplomatique et économique de Pékin face à l’isolement voulu par les États-Unis.
Une alliance "à toute épreuve"
Le président Xi Jinping a affirmé que la Chine et le Cambodge formaient une « communauté de destin à toute épreuve », selon les mots utilisés dans la presse officielle chinoise. Il a insisté sur le rôle central du Cambodge dans la politique de voisinage chinoise et appelé les deux pays à « s’opposer fermement au protectionnisme et à l’hégémonisme ».
Des déclarations qui font écho au contexte de tensions commerciales exacerbées entre Washington et Phnom Penh, les États-Unis ayant récemment imposé des droits de douane allant jusqu’à 49 % sur certains produits cambodgiens. Xi Jinping a profité de cette visite pour se positionner comme un partenaire stable et solidaire, face à ce qu’il dénonce comme les méthodes coercitives de l’Occident.
Le canal Funan Techo, point névralgique
Le projet du canal Funan Techo, d’une longueur de 180 kilomètres pour un coût estimé à 1,7 milliard de dollars, a occupé une place centrale dans les échanges. Bien que le Cambodge ait précédemment annoncé un financement chinois à 100 %, il parle désormais d’une prise en charge à hauteur de 49 % par Pékin. Aucune confirmation officielle n’a été faite du côté chinois.
Ce projet d’envergure est critiqué par le Vietnam pour ses potentielles répercussions écologiques sur le delta du Mékong. Il s’inscrit cependant dans la volonté du Cambodge de diversifier ses routes commerciales et de réduire sa dépendance aux ports vietnamiens.
Des partenariats renforcés
Au total, 37 nouveaux accords ont été signés à l’occasion de cette visite, touchant à des domaines aussi variés que le commerce, les infrastructures, l’éducation, la santé, le numérique et le tourisme. Aucun nouveau prêt n’a cependant été annoncé, Pékin ayant ralenti ces dernières années ses financements internationaux face à des difficultés économiques internes
Néanmoins, le Cambodge espère tirer parti de cette proximité pour stimuler ses exportations vers la Chine, notamment dans les secteurs de l’agriculture et du textile, alors que de nombreux exportateurs cambodgiens sont des entreprises chinoises établies localement.
La base navale de Ream modernisée
Le 5 avril dernier , le Premier ministre Hun Manet a inauguré l’extension de la base navale de Ream, près de Sihanoukville. Modernisée avec l’aide de la Chine, la base est désormais ouverte aux navires étrangers pour des entraînements militaires communs.
Les travaux, entamés en 2022, ont permis l’ajout d’un quai pour navires de guerre, d’un centre d’entraînement et d’un centre logistique. La Chine a également offert deux frégates à la marine cambodgienne.
Un partenaire clé dans la région
« La Chine est essentielle au développement socio-économique du Cambodge », a déclaré le Premier ministre Hun Manet, évoquant une relation fondée sur le respect mutuel, la souveraineté et la non-ingérence. Selon le FMI, plus d’un tiers de la dette extérieure du royaume, estimée à 11 milliards de dollars, est due à la Chine.
Selon un rapport du Conseil pour le développement du Cambodge de janvier 2025, la Chine a représenté près de 50 % des investissements étrangers directs enregistrés au Cambodge en 2024. Sur un total de 6,9 milliards de dollars de capital investi, 34,25 milliards provenaient de la Chine, soit 49,83 % du total.
Cette visite symbolise la volonté de Phnom Penh de s’affirmer comme un pilier du partenariat stratégique avec Pékin en Asie du Sud-Est, dans un contexte géopolitique de plus en plus incertain.
Sur le même sujet
