L’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr a remporté mercredi 3 novembre le prix Goncourt pour son livre La plus secrète mémoire des hommes. Le trentenaire s’inscrit dans l’histoire et invite son public à philosopher à travers différentes époques et continents.
L’écrivain Mohamed Mbouagr Sarr rentre dans l’histoire en remportant le prix Goncourt 2021 avec La plus secrète mémoire des hommes. Édité par la maison Philippe Rey et Jimsaan, il devient grâce à sa fiction le premier écrivain d’Afrique subsaharienne à en être récompensé. Ce célèbre prix littéraire français offre dix euros symbolique au lauréat et assure la vente de centaine de milliers d’exemplaires. Sorj Chalandon pour Enfant de Salaud (Grasset) et Louis-Philippe Dalembert pour Miwaukee Blues (Sabine Wespieser) ont obtenu moins de voix.
C'est un livre qui m'a littéralement scotché, une fresque impressionnante, bourrée d'humour, politiquement très incorrecte et d'une prodigieuse inventivité - François Busnel
La plus secrète mémoire des hommes, un récit politique et philosophique
Tiraillé entre l’écriture et la vie, La plus secrète mémoire des hommes est un récit politique, philosophique ou encore historique. Dans cette fiction, l’auteur peint l’histoire de Diégane Latyr Faye, jeune écrivain sénégalais à la recherche d’un mystérieux auteur surnommé dans son temps le « Rimbaud nègre ». Du Sénégal à la France en passant par l’Argentine, Diégane va se confronter à travers les continents aux tragédies humaines comme la Shoah ou le colonialisme. Entouré d’autres jeunes auteurs africains, le personnage s’interroge sur la nécessité de la création à partir de l’exil. Au-delà des lignes, Mohamed Mbouagr Sarr y déclare son amour pour les différents styles de la littérature à travers les âges, mélangeant temporalités, articles de presses ou passage d’un livre.
Mohamed Mbougar Sarr, Goncourt à seulement 31 ans
C’est en 1990 que naît Mohamed Mbougar Sarr à une centaine de kilomètres de Dakar. Après être venu dans une classe préparatoire dans l’Oise, il ressort diplômé de l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). L’auteur en est à son quatrième roman et souhaite continuer à créer un espace d’échange poétique entre des continents parfois fâchés "c’est là qu’on se réconcilie d’abord" affirme-t-il. Succédant à Hervé Le Tellier avec L’Anomalie, il est l’un des plus jeunes auteurs à se voir récompenser d’un tel prix littéraire. Le romancier confirme "Il n’y a pas d’âge en littérature. On peut arriver très jeune, ou à 67 ans, à 30 ans, à 70 ans et pourtant être très ancien".