Marie sort d'un master 1 à la Sorbonne et est venue à Dakar étudier pour un an en intégrant le master 2 management à l’international. C’est par un concours de circonstance qu’elle intègre l’ISM de Dakar, après un court séjour en février dernier pour une mission associative en Casamance. Elle y rencontre l’ancien directeur qui lui propose de venir étudier à Dakar tout en travaillant pour une association sur place. Retour sur cette expérience enrichissante.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de venir étudier à Dakar ?
J’étais un peu oppressée par mes rails de train en France, j’allais me retrouver dans un master par défaut, par obligation. Du coup, je me suis dit "pourquoi ne pas partir à Dakar ?". C'était une occasion de faire des choses qui m’intéressent, de rencontrer des gens aussi. Je suis arrivée à Dakar en septembre dernier pour faire un master international en management.
Comment se passent les cours ?
Les cours de master à l’ISM se passent un weekend sur deux, pour tous les gens de ce master, le samedi et le dimanche de 9h à 17h. Cela permet aux étudiants de travailler à côté. Les cours, par contre, c’était une catastrophe au niveau temps de travail, donc il faut savoir s’occuper à côté. Quand tu arrives, que l’association n’est pas encore mise en place, que tu ne connais rien ni personne, c’est dur de rencontrer des gens, surtout quand tu les vois un weekend sur deux. En tant qu’étudiant à l’étranger c’est très compliqué parce que tu ne crées pas de lien avec les gens. On était dans une classe dans un petit groupe d’une quinzaine. J’étais la seule à venir d’Europe pour étudier. Il y avait d’autres étrangers mais africains.
As-tu choisi ton master parmi d’autres spécialités ?
Ce n’est pas vraiment moi qui ai choisi ce master, mais il me convenait car j’ai fait beaucoup d’économie. Je l’ai fait dans l'optique de me trouver dans une salle de classe avec des africains, pour échanger, plus que pour les cours en tant que tel. J’étais ravie, j’ai fait des choses super intéressantes, avec de bons professeurs.
Et quel était le niveau des cours et des enseignements ? Est-ce que tu as appris ou bien ça ressemblait beaucoup à ce que tu savais déjà ?
J’ai beaucoup appris, il y a pas mal de matières qui se ressemblent mais je les avais fait il y a longtemps. Par contre il y a clairement une grande différence de niveau, c’est plus tranquille, c’est plus superficiel aussi. Moi j’étais quand même en Master 2 alors que si je regarde mon niveau l'année précédente, ça n’a rien à voir ! Mais en même temps c’est normal quand tu as cours seulement un weekend sur deux. Cela permet aussi aux étudiants de travailler. Il y a beaucoup de Master 2 en Europe et en Afrique qui font des cours du soir pour pouvoir bosser à côté. Moi j’ai fait un stage dans une ONG. Pour professionnaliser, c’est intéressant de laisser aux gens à cet âge-là de faire des stages, de travailler, de gagner sa vie.
D’ailleurs, est-ce que les étudiants ont des bourses ?
Il y a un système de bourse à l’ISM. Mais en général les boursiers travaillent pour l’ISM, à l’administration par exemple. Ils remboursent un peu leur bourse en quelque sorte.
Comment s’organisent les cours et les examens ?
L’organisation c’est atroce, mais j’ai pu faire plein de choses à côté. On a eu 4 partiels en mars, et deux fin juin. J’ai moins de matières qu’en France aussi.
Du fait du niveau différent, est-ce qu’il est préférable de réaliser ses études supérieures en Europe quand on réside au Sénégal ?
Je ne sais pas car les licences c’est pas du tout le même principe. Je crois que le niveau en licence est élevé, à l’ISM en tout cas. Il y a des cours toute la semaine, c’est beaucoup plus régulier. Je crois que les cours du week-end c'est réservé pour les masters et au final, c’est surtout pour t’amener à travailler, surtout dans ce genre d’étude, dans le commerce ou le management.
Un sénégalais qui a fait toutes ses études au Sénégal peut donc avoir les mêmes compétences ?
Oui, tout à fait. Je pense que ça dépend comment la personne a entreprit ses études mais si tu as travaillé, si tu as tenté de monter ta boite par exemple, parce que tu as eu le temps, ça te forme d’une manière différente. Rien qui m’a jamais mieux formé que les stages que j’ai eu à faire. Les matières d’économie et de management mènent à des métiers qui sont relationnels, et qui bien sûr, requièrent des compétences de base, mais pour moi, si un étudiant sénégalais a pris son temps pour faire des choses à côté de ses études, il sera mieux formé qu’un français qui sera resté en école de commerce et qui n'aura jamais fait de stage.
Les cours se prennent à l’ordi ?
C’est des power points donc ça dépend : tu as les deux. Il y aussi des gens qui prennent à la main et il n’y a pas tant de gens que ça qui utilisent des ordinateurs.
Au niveau de l’école, y a t'il des associations ?
Il y a des associations, des activités organisées, des événements d’intégrations, mais j’ai l’impression que c’est en licence surtout, car en master il n’y avait pas grand-chose.
As-tu rencontré beaucoup d’étudiants en échange comme toi ?
J’ai rencontré des étudiants de l’IAE mais c’était des sénégalais, il n’y a pas beaucoup d’étudiant en échange. Tous les gens qui sont ici c’était des stagiaires, des gens qui travaillaient, à part mes colocataires qui sont en échange avec l’école de Dijon.
Tu faisais quoi comme stage ?
J’allais trois fois par semaine à l’hôpital Le Dantek, au plateau, pour passer l’après-midi avec les enfants dans le cadre de l’école à l’hôpital. Il fallait des volontaires pour aller voir les enfants qui ne pouvaient pas se déplacer pour les sortir de leur chambre pendant une après-midi. Psychologiquement c’était dur, c’est la raison pour laquelle je l’ai fait jusqu’en février. Ensuite, j’ai trouvé un stage dans une ONG qui fait de l’aide humanitaire d’urgence. J’étais assistante du directeur financier pour les rapports et analyses. Ça se rapprochait plus du cadre de mes études et c’était extrêmement intéressant, c’était ma première expérience dans une ONG. Les gens sont très motivés et tu apprends plein de choses.