La situation n'est pas nouvelle, mais un collectif de parents d'élèves a décidé de rendre publique la problématique qui gravite autour du lycée Jean Mermoz à Dakar : une fin d'année scolaire prématurée de cinq semaines.
Officiellement, l'année scolaire se termine le 06 juillet « mais parce que nous sommes centre d'examens, l'école a fermé le 02 juin », indique Odile Jolys, porte-parole du collectif de parents d'élèves qui se mobilise face à la « suppression de cinq semaines de cours sur l'ensemble de l'année ». Une pétition circule actuellement afin de mobiliser les parents d'élèves.
Le contexte : le lycée Jean Mermoz, est un établissement mutualisateur en gestion directe, à ce titre, il est centre d'examens et coordonne les examens (Baccalauréat et le Diplôme National du Brevet) de la zone Afrique occidentale (7 pays). Un personnel de l'établissement est dédié à cette tâche sous l'autorité du chef de centre. Les dates des examens sont décidées par le Ministère de l'Éducation Nationale en liaison avec les deux académies de référence, Rouen pour le baccalauréat et Bordeaux pour le DNB. « À partir du 05 juin, les locaux du lycée sont intégralement dédiés aux examens, le mélange des publics étant impossible sous peine de contentieux. », explique le proviseur de l'établissement, Monsieur Alain LIZE.
En tout, l'établissement accueilel 953 candidats pour le baccalauréat et 610 pour le brevet au niveau des épreuves écrites et 1991 candidats sont attendus pour le baccalauréat et 382 pour le brevet au niveau des épreuves orales.
La mobilisation : "pour assurer le bon déroulement des épreuves, les locaux et les enseignants de l'établissement, du lycée de Saly et des deux autres lycées de Dakar sont mobilisés. 44 enseignants partent en mission dans les centres d'examens de l'Afrique occidentale (4 pays) pour faire passer les épreuves orales. Suite aux épreuves, 6679 copies seront corrigées. Pour finir, 150 élèves environ passeront les épreuves orales du second groupe. « Ces opérations s'achèveront le 04 juillet », relate le proviseur.
« Nous ? parents d'élèves du Lycée Mermoz ? déplorons cette situation »
Consciente qu'un manque réel existe tant au niveau du personnel qu'au niveau des lieux pour accueillir les élèves, Odile Jolys s'inquiète tout de même des répercussions : « En tant que parent on ne peut pas croire que cette suppression de cinq semaines n'ai pas d'impact sur l'éducation de nos enfants ».
Selon le proviseur, « les cours ne sont pas supprimés mais suspendus pendant cette période, les mots ont leur importance. Cette situation se répète dans plusieurs lycées français à l'étranger comme en France. Cela dépend de l'implantation des locaux. Du point de vue de la scolarité, les enseignants intègrent ce paramètre calendaire incontournable dans leur progression, les programmes sont effectués ».
De son côté L'association des parents d'élèves (APE) s'accorde pour dire que : « sur 8 mois ou 9 mois le programme est un objectif à finaliser. Il revient à chaque professeur de gérer son emploi du temps».
Pourtant, le collectif estime que le suivi de l'élève n'est pas abouti du fait de cet aménagement temporel : « on suppose que les enfants manquent de temps pour approfondir le programme, manque d'un temps pour comprendre et enregistrer les cours. Le mois de juin pourrait donner lieu à des emplois du temps aménagés. À Madrid les voyages scolaires se font sur cette période. À Londres ils ferment une semaine pour le bac, mais une semaine ce n'est pas cinq semaines ».
Dans la pétition, le collectif fait part de ses inquiétudes : Pour une scolarité complète au Lycée Mermoz, ce sont donc 20 semaines de cours ? soit presque 2/3 d'une année scolaire, auxquelles nos enfants n'auront pas le droit.
Malgré une coordination certaine avec l'APE, la création du collectif était nécessaire pour faire accélérer les choses estime Odile Jolys : « on a commencé à mobiliser les parents d'élèves il y a une semaine et on a récolté cinquante signatures ». De plus, l'APE, en tant que représentant de tous les parents d'élèves ne peut se joindre au collectif. « On a pris parti mais nous ne pouvons rejoindre ce mouvement. Nous sommes d'accord sur le fond du problème, nous nous étions au préalable penchés sur la question.En l'état actuel des choses, l'APE continue à mener la réflexion pour dégager des pistes de solutions. La situation n'est pas simple ; Il est difficile de transposer des solutions d'un établissement à un autre. Cette année, aucune solution n'est envisageable, cependant nous ne disons pas que cela sera jamais faisable. On ne peut pas dire qu'on veut quelque chose donc on tape du poing sur la table », explique Madame Simana, présidente de l'APE.
Pour la secrétaire de l'APE, Madame Rubrice, « tant qu'il n'y a pas de solution, on trouve normal de privilégier les conditions d'examen des élèves de première, terminal et troisième afin qu'ils passent leurs examens dans les meilleures conditions possibles ». Malgré tout, tous ont le même objectif : trouver une solution pour prolonger la scolarité des élèves de 6e, 5e, 4e et 2nde. « J'entends la position de certains parents sur la question du mois de juin à Mermoz, cette question est récurrente. L'équipe de direction est en réflexion sur cette question complexe », indique le proviseur.
Alors que le débat reste ouvert au lycée Jean Mermoz, le bac sous sa forme actuelle vit peut-être ses dernières heures. Lors de sa campagne, le président élu, Emmanuel Macron, a indiqué vouloir « moderniser » cet examen. Les candidats ne passeraient plus que quatre matières principales, les autres étant évaluées sous forme de contrôle continu.
Pauline Autin (www.lepetitjournal.com/dakar) vendredi 23 juin 2017
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