L'armée israélienne a confirmé mardi soir avoir "éliminé" Hachem Safieddine, successeur pressenti de Hassan Nasrallah à la tête du Hezbollah, dans une frappe sur Beyrouth début octobre, un nouveau coup pour le mouvement pro-iranien libanais.
Les autorités du Hamas ont accusé vendredi l'armée israélienne d'avoir pris d'assaut le dernier hôpital en service du nord de la bande de Gaza, causant la mort de deux enfants, et d'avoir mené des frappes sur le territoire palestinien, tuant au total au moins 38 personnes.
Après plus d'un an de guerre entre Israël et le mouvement islamiste, le nord de Gaza vit ses "heures les plus sombres", a alerté le Haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Turk.
Les forces israéliennes "fouillent" l'hôpital Kamal Adwan et "tirent à l'intérieur" des services, et "deux enfants sont morts en soins intensifs" après qu'elles y ont "ciblé" des équipements, a annoncé dans la soirée le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.
Selon lui, l'armée "détient des centaines de patients, personnel médical et personnes déplacées" réfugiées dans l'établissement.
L'Organisation mondiale de la santé s'est inquiétée d'avoir perdu le contact avec cet hôpital.
L'armée a indiqué à l'AFP "vérifier" ces informations.
Concentrant depuis le 6 octobre son offensive dans le nord du territoire palestinien dévasté, autour de Jabalia, elle avait auparavant dit poursuivre ses opérations dans la zone de l'hôpital "sur la base d'informations" sur "la présence de terroristes et de leurs infrastructures".
La Défense civile de Gaza avait auparavant fait état d'un total d'au moins 38 personnes tuées dans la journée par des frappes israéliennes.
Selon elle, au moins 12 l'ont été alors qu'elles attendaient de l'aide humanitaire à l'ouest de Gaza-ville, où ont afflué des dizaines de milliers d'habitants fuyant les combats plus au nord, et au moins six dans de précédentes frappes sur la ville, après la mort d'au moins 20 autres à Khan Younès (sud).
L'armée israélienne, qui affirme vouloir venir à bout d'unités combattantes du Hamas dans le nord de Gaza, y a annoncé la mort de trois soldats, portant à 361 morts ses pertes depuis son entrée à Gaza le 27 octobre 2023.
A Khan Younès, neuf enfants et adolescents figurent parmi les personnes tuées dans deux frappes nocturnes israéliennes, selon la Défense civile.
"Le missile est tombé à côté de nous, on a été ensevelis sous les décombres", a raconté à l'AFP, le regard vide, Oum al-Amir Al-Fara, mère de trois des enfants tués, à l'hôpital européen de la ville.
- Reprise des pourparlers? -
La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
L'offensive israélienne lancée pour anéantir le Hamas a tué au moins 42.847 Palestiniens, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé, jugées fiables par l'ONU.
Israël accentue sa pression sur le nord de Gaza au moment où une reprise des pourparlers en vue d'une issue à la guerre se dessine, après la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, tué par des soldats israéliens le 16 octobre.
Le chef du Mossad, David Barnea, doit rencontrer dimanche au Qatar son homologue de la CIA, Bill Burns, et le Premier ministre qatari.
Le Hamas s'est dit "prêt à un arrêt des hostilités", conditionné toutefois à un "engagement" d'Israël à un cessez-le-feu, à son "retrait" de Gaza et à un accord d'échange entre otages israéliens et prisonniers palestiniens.
Sur les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 97 restent captives à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.
Ces conditions ont été rejetées par Israël au cours de précédentes négociations indirectes, toutes infructueuses, sous l'égide de Doha, Washington et Le Caire.
- "Pas de couverture médiatique" -
Au Liban, où la guerre à Gaza s'est propagée depuis un mois après un an de conflit larvé entre le Hezbollah pro-iranien et l'armée israélienne, celle-ci a mené dans la soirée une nouvelle frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, un des fiefs du mouvement chiite, allié du Hamas, après un appel aux habitants à évacuer.
Le Premier ministre, Najib Mikati, a lui accusé Israël de "crime de guerre" après la mort de trois journalistes dans une frappe nocturne contre une résidence abritant plusieurs médias à Hasbaya, une localité du sud jusque-là épargnée.
"L'incident est en cours d'analyse", a dit l'armée israélienne.
Un caméraman et un technicien de la chaîne d'information pro-iranienne Al-Mayadeen, ainsi qu'un journaliste de la télévision du Hezbollah al-Manar ont été tués.
"Réveillée par le sifflement du missile", Darine el-Helwe, de la télévision émiratie Sky News Arabia, estime que "le message" est "qu'Israël ne veut pas de couverture médiatique dans le secteur."
- Règlement "urgent" -
Dans le sud du Liban, où elle est entrée le 30 septembre, l'armée israélienne a annoncé avoir perdu dix soldats en 48H.
Une salve de roquettes tirée par le Hezbollah, qui poursuit ses attaques quotidiennes contre le nord d'Israël, y a fait deux morts, dans un supermarché d'une localité arabe, ont annoncé l'armée et un hôpital israéliens.
Une "solution diplomatique" au Liban est "vraiment urgente", a affirmé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à l'issue d'une tournée dans la région.
Israël mène depuis le 23 septembre des frappes aériennes contre le Hezbollah, qui ont décimé sa direction, affirmant vouloir le neutraliser dans la zone frontalière pour permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 habitants déplacés par les tirs incessants du mouvement chiite.
Le conflit a depuis un mois tué au moins 1.580 personnes au Liban, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles, et fait quelque 800.000 déplacés, selon l'ONU.
Plus de 500.000 personnes ont en outre fui en Syrie voisine, en majorité des ressortissants syriens, ont indiqué vendredi les autorités libanaises.