Glasgow, novembre 2021. Le Vietnam s’engage lors de la COP 26 à sortir du charbon dans la décennie 2040 et atteindre la neutralité carbone en 2050. Un pari audacieux qui témoigne d’un volontarisme politique sur la question environnementale. Le pays doit alors bâtir un nouveau bouquet énergétique lui garantissant indépendance et production décarbonée. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Etat des lieux de la production d’énergie au Vietnam
Avec plus de 3⁄4 de production énergétique fossile, le Vietnam repose encore en grande partie sur ses stocks nationaux. Les hydrocarbures et le gaz sont extraits de six bassins off-shore principalement localisés dans la Mer de l’Est. Le charbon, quant à lui, est originaire à 65% de mines vietnamiennes alors que les importations provenant des pays comme l’Indonésie, l’Australie ou l’Afrique du Sud sont en croissance ces dernières années.
Grâce à son relief dans le nord du pays, le Vietnam possède de nombreuses centrales hydroélectriques. Son ensoleillement et ses littoraux en font un lieu propice pour le développement du photovoltaïque et de l’éolien, installations soutenues par le gouvernement jusqu’en 2021.
Le positionnement du gouvernement vietnamien face aux défis
Les autorités souhaitent accélérer la transition, bien que le pays reste faiblement émetteur comparé à certains de ses voisins avec une émission annuelle de 3,34 T de CO2 par habitant. En effet, si le pays dispose aujourd’hui d’une certaine autonomie énergétique, cette situation ne durera pas éternellement. De plus, l’épuisement de ses réserves propres, ses engagements environnementaux et l’augmentation de la demande sont des ambitions difficilement conciliables.
Vietnam : vers la fin du charbon en 2050 ?
Concilier consommation, indépendance et décarbonation
Les estimations prévoient une hausse de 10% de la consommation énergétique domestique par an jusqu’en 2030. Développer une politique énergétique indépendante en phase avec les enjeux environnementaux relève alors d’un jeu d’équilibriste. En réponse, le Vietnam a rejoint le Partenariat international pour une transition énergétique juste et annoncé vouloir développer son parc hydroélectrique ainsi que son éolien off-shore à travers divers partenariats étrangers avec des membres du G7.
La question d’un programme nucléaire civil a également été abordée avec la mise en service de 14 centrales nucléaires permettant de couvrir 10% des capacités de production du pays. Résultat d’une collaboration russo-nipponne mais aussi étasunienne et sud-coréenne, le projet est aujourd’hui à l’arrêt pour des raisons de budget.
Centrale hydroélectrique de Hoa Binh, AFD
Le gouvernement opte pour une stratégie à voies multiples, autant sur le plan de ses sources énergétiques que de ses partenaires. Cependant, la dépendance technologique et la poursuite d’objectifs de développement industriels parfois contradictoires sont autant de facteurs qui freinent la transition.
Alors qu’il est déjà admis que les objectifs 2030 ne seront pas atteints, des orientations claires et un cadre juridique suffisamment contraignant pourraient permettre de remplir les objectifs fixés pour 2040 – 2050. Affaire à suivre …