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La dépression post-partum mobilise les chercheurs allemands

Dépression post-partum AllemagneDépression post-partum Allemagne
© Pixabay
Écrit par Juliana Bitton
Publié le 5 octobre 2020, mis à jour le 6 octobre 2020

Une équipe de pédiatres de l’université de Heidelberg a réalisé une étude sur le post-partum et comment le stress de la mère et du bébé influaient sur le baby blues et la dépression, les troubles anxieux et la dépression.

 

Le bébé, un nouvel élément de réflexion

Il y a quelques années, une étude réalisée en Allemagne a utilisé l’échelle de dépression postnatale d'Édimbourg (EPDS) afin de mesurer le pourcentage de femmes atteintes de dépression forte ou légère suite à leur accouchement. Il a été observé que plus de 21,3% des femmes interrogées ont connu une dépression post-partum, que ce soit après l’accouchement, trois ou six mois plus tard. L’étude a cherché à établir un profil de femmes « risquant » d’avoir une dépression ou des troubles anxieux suite à l’accouchement. Si des facteurs comme l’éducation, la personnalité de la mère, le deuxième parent, ou encore le bien-être ont été mis en avant, cette nouvelle étude de l’université de Heidelberg apporte un nouvel élément de réflexion : le bébé.

Dans les années 70, l’expérience « Still-face » avait déjà montré que le stress de la mère avait un impact sur le rythme cardiaque du bébé. Sur les 50 mères participant à l’expérience, 20 souffraient de troubles anxieux. L’expérience a montré que les bébés dont les mères sont anxieuses ou stressées ont une augmentation de 8 battements de cœur par minute contrairement aux nourrissons des autres mères.

 

Un sujet qui ne doit plus être tabou

Dans une nouvelle étude menée à l’université de Heidelberg, les pédiatres ont tout d’abord observé que le stress de la mère a un impact sur le rythme cardiaque du bébé. Ce dernier pourrait influer sur la santé mentale de la mère après l’accouchement et provoquer une dépression post-partum. Par ailleurs, les chercheurs ont montré qu’après l’accouchement, plus la dépression de la mère est sévère, plus la relation entre la mère et l’enfant est altérée.

En Allemagne, comme dans d’autres pays européens, il est mal vu pour une femme d’être atteinte de dépression post-partum car cela ne correspond pas à l’image de la mère idéale renvoyée par la société. Cependant, la nouvelle étude montre que la dépression suite à l’accouchement doit être diagnostiquée et que les mères doivent être bien accompagnées car leur état émotionnel a un impact sur le développement du nourrisson. De plus, le rôle du second parent a souvent été trop peu observé par les études précédentes. Il s’agissait donc d’analyser la coopération au sein du système familial.

 

études post-partum université heidelberg
© Pixabay

 


Qu’en est-il en France ?

En 2012, l’Étude Longitudinale Française depuis l’Enfance (ELFE) a interrogé 11 643 mères sur leur santé mentale périnatale. L’étude montre qu’il n’existe pas de cause unique qui provoquerait des troubles anxieux ou une dépression dans l’année suivant l’accouchement, mais un ensemble de facteurs. Des critères comme les difficultés socio-économiques, l’accompagnement à la parentalité, le soutien durant la grossesse, les complications obstétricales ou encore la santé physique du bébé ont été retenus pour tenter de comprendre la dépression post-partum. Cette dernière toucherait jusqu’à 7 % des mères françaises, et le baby blues jusqu’à 80 %.

Mais si quelques études ont été réalisées en France comme en Allemagne, il est aujourd’hui encore tabou de parler de dépression post-partum car cela serait vu comme un dysfonctionnement voire un échec de la fonction maternelle. Il est pourtant fondamental de détecter le plus tôt possible l’arrivée (ou non) de troubles anxieux ou d’une dépression chez la mère de l’enfant afin d’éviter que cela se répercute sur le développement de l’enfant. Pour cela, il faudrait également banaliser la dépression post-partum, qui touche plus de mères que l’on pourrait penser et encourager les mères à signaler le moindre trouble le plus vite possible à leur médecin.

 

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