La décision de la Chine de déverser de l'eau du barrage de Jinghong (Canh Hông) est jugée positive car répondant à une demande vietnamienne. Du 15 mars au 10 avril, le débit de déversement de cette centrale hydroélectrique de la province de Yunnan sera doublé pour atteindre 2190 m³/seconde, en vue de lutter contre la sécheresse en aval.
Elle ne peut néanmoins suffire. Ce n'est plus un secret pour personne, la situation du Mékong et de son delta est préoccupante. Au quotidien sont évoqués par les observateurs le phénomène El Niño et la salinisation des terres.
Les conséquences immédiates sur l'écosystème sont en revanche moins connues. Le Mékong est, après le Congo et l'Amazone, le fleuve qui présente la plus grande biodiversité au monde avec plus de 800 espèces de poissons. Dans un rapport daté de novembre 2015, l'ONG Oxfam souligne que la construction de barrages bloque la migration des poissons et perturbe le processus de sédimentation. Ainsi se trouvent confortés les risques d'extinction de certaines espèces, d'érosion et d'affaissement des sols et d'inondations incontrôlées.
Dans le delta, dont le rôle de « grenier à riz » est si fondamental à l'autosuffisance du Vietnam et à ses exportations, cela peut signifier à terme une chute critique de la production agricole entraînant de graves pénuries.
La construction de centrales hydroélectriques sur le fleuve devrait donc être évaluée avec soin. Le feu vert donné par le parlement laotien en septembre 2015 au lancement de la construction du barrage Don Sahong, a, pour ces raisons, été modérément apprécié du Cambodge et du Vietnam. Nul doute qu'il a été, avec les autres projets de barrages laotiens, l'objet de discussions animées lors de la 43ème réunion de la commission internationale du Mékong, qui s'est tenue le jeudi 17 mars.
Service de presse du Consulat général de France (lepetitjournal.com/Hochiminhville) 24 Mars 2016