Étudiant en langues, originaire de la ville de Biên Hòa, Hiêu Tông Quang est conducteur de moto-taxi depuis la rentrée 2023. Il a accepté de répondre aux questions du Petit Journal de Ho Chi Minh Ville.
L'expérience de ce conducteur de moto-taxi
LPJ : Pourquoi avez-vous décidé de devenir conducteur de Grab ?
HT : J’ai décidé de devenir chauffeur de Grab après avoir quitté mon emploi dans une entreprise de médias, pour gagner de l’argent tout en trouvant un nouveau job. L'idée est venue de mes hobbies : j'aime rouler en moto et voir de beaux paysages donc je me suis dit que je pouvais me faire de l'argent avec ça. Je pense que les étudiants qui choisissent d’être chauffeur de Grab le soir le font parce que c’est flexible.
LPJ : Est-ce que vous le faites souvent ?
HT : Parce que je vais obtenir mon diplôme cet été, j'ai beaucoup de temps libre en ce moment, donc je le fais assez souvent : environ 8 heures par jour, peut-être plus, 5 jours par semaine.
LPJ : Quelles sont vos activités à côté ?
HT : Je n'ai pas de cours à proprement parler pour l'instant. Je termine mon mémoire de fin d'études, et j'ai aussi rejoint un groupe de traducteurs de manga.
LPJ : Pourquoi avoir choisi Grab et pas une autre appli comme Gojek, Be etc ?
HT : Parce que j’aime le vert et que je n’aime pas Son Tung MTP. C’est un chanteur célèbre et ambassadeur de la marque de Gojek. Il copie le style de G-Dragon (rires).
LPJ : Est-ce que ça vous plaît ?
HT : Oui, j'aime voyager en moto et faire du tourisme, alors j’aime bien ce travail. Je n’aime juste pas la météo en cette saison.
LPJ : Quels sont les quartiers où vous préférez conduire, et ceux où c'est plus compliqué ?
HT : Je préfère conduire dans le district 1 et le district 5 parce qu'on y trouve de la bonne nourriture. Le trafic en banlieue (district 9, Thu duc city,...) est assez fluide. Tan Binh, Go Vap, Tan Phu district sont difficiles quasiment toute la journée. La circulation est assez dangereuse à HCMC, mais j’ai la chance de ne jamais avoir eu d’accident.
LPJ : J'imagine que vous avez beaucoup d'anecdotes en tête, vous pouvez nous en raconter une ?
HT : Il y a un client bizarre que j’ai rencontré : un homme qui voulait se faire livrer un repas à domicile. J'ai récupéré sa commande, et en sortant du magasin il était là, à m'attendre, et il a suggéré que ce soit lui qui me conduise à destination. De chauffeur, je suis devenu le client (rires).
LPJ : A quoi ressemble le passager idéal selon vous ?
HT : Pour moi, le client idéal est à l'heure au point de rendez-vous et me donne un bon pourboire.
LPJ : Combien de temps prévoyez-vous d'exercer cette activité ?
HT : J'arrêterai sûrement quand j'aurai trouvé un emploi qui prendra tout mon temps.
À propos du fonctionnement de Grab
LPJ : Comment est-ce que vous vous êtes inscrit sur la plateforme ?
HT : J'ai consulté le site web de Grab pour préparer les documents dont j’avais besoin pour l’inscription, puis je les ai amenés au quartier général dans le district 7. C'est moi qui ai dû acheter l’uniforme et le casque pour commencer le travail (300.000 VND). Au cours du processus d'enregistrement, il y a aussi une inspection de notre véhicule.
LPJ : Est-ce que vous avez suivi une formation ?
HT : Oui, ils nous envoient des leçons sur l'utilisation de l'application côté conducteur, les règles de comportement à suivre, etc. Ensuite j'ai dû passer un test pour être autorisé à commencer le travail.
LPJ : Est-ce que vous avez un référent de l'entreprise ?
HT : Oui, on a un numéro de service en tant que conducteur pour communiquer avec Grab si j'ai besoin de renseignements.
LPJ : Quel est le profil-type des personnes qui commandent des Grab en général ?
HT : Des gens qui ne savent pas conduire une moto ou qui n’aiment pas. C'est souvent des jeunes vietnamiens de 18 à 35 ans.
LPJ : Et à quoi ressemble le "trajet-type" ?
HT : C’est long ou court selon les clients. Habituellement, c'est plutôt un court trajet entre le bureau et la maison et inversement.
LPJ : Est-ce qu'il est possible de refuser un trajet sur l'application ou vous êtes obligés d'en accepter un minimum ?
HT : Je peux refuser un voyage, mais pas trop, ou je recevrai un avis par courriel à propos de mon taux d’annulation.
LPJ : Est-ce qu'il y a un système de protection des travailleurs ?
HT : J’ai une assurance pour les accidents. Pas de jour de congé par contre puisque je peux travailler quand je veux. Il y a aussi un service qui s’occupe des litiges entre chauffeurs et clients.
LPJ : Est-ce que vos trajets sont surveillés ?
HT : Oui, bien sûr. Ils me suivent à travers l’application pour s’assurer que je termine bien mes trajets, et au cas où un accident surviendrait, pour contacter la police et venir sur place le plus vite possible.
LPJ : Imaginons que je paye mon trajet 100.000 VND, combien le conducteur reçoit et combien est donné à l'application ?
HT : Sur le tarif que vous avez payé pour votre voyage, je recevrais 70% et l'application prendra 30%.
LPJ : Est-ce que les pourboires sont fréquents ?
HT : Pas vraiment : au Vietnam, nous n’avons pas une "culture du tip" comme ça peut être le cas aux États-Unis.
LPJ : En général, en une heure, combien de trajet faites-vous ? Ça revient à quel salaire ?
HT : Environ deux voyages, donc autour de 30 à 40.000 VND par heure. En général c'est plus rentable autour de 6 à 9h, de 11 à 13h et de 18 à 21h. Le week-end marche mieux que les jours de semaine.
LPJ : Est-ce que les notes et les récompenses ont vraiment un impact ?
HT : Oui : si ma note est basse (en dessous de 3/5), ils m’interdiront d'exercer pendant une semaine et je devrais suivre à nouveau une formation d'un jour pour que mon profil soit réactivé.
LPJ : Est-ce vous avez de bonnes relations avec les autres conducteurs ?
HT : Je ne parle pas vraiment avec les autres conducteurs parce que je suis quelqu'un de plutôt introverti. Mais entre les autres chauffeurs il y a l'air d'avoir une ambiance conviviale, même entre différentes applications.
LPJ : La plupart du temps les conducteurs Grab sont plus âgés que vous et ne parlent pas anglais. Est-ce que pour eux c'est leur métier principal ?
HT : Oui, c'est le cas pour la plupart d’entre eux.