Phu Quoc, la plus grande île vietnamienne, située au sud-ouest du pays et proche des côtes du Cambodge est réputée pour ses eaux cristalines et ses plages de sable blanc. La nature y est si florissante qu'en 2006 elle est classée « réserve mondiale de la biosphère » par l'Unesco. Si « l'île d'émeraude » est longtemps restée à l'écart des circuits touristiques, se consacrant à la pêche, la culture du poivre vert et l'élevage de perles; l’essor touristique considérable que connaît aujourd’hui l'île, engendré par une sur-construction immobilière met en péril ce petit joyau de nature.
En seulement quelques années, cette île est devenue une destination phare du tourisme international. Profitant de la fermeture liée à la pandémie, l'île a considérablement accéléré son développement avec des projets d'envergure en 2020. Le puissant conglomérat vietnamien VinGroup a investi 2,8 milliards de dollars pour transformer Phu Quoc en une nouvelle destination touristique de renommée mondiale.
Parmi ces projets figure la construction de 40 000 chambres d'hôtel, ce qui dépasse des villes comme Sydney en termes de capacité hôtelière. Un téléphérique de près de 8 kilomètres, inscrit au Guinness des records, et un parc de loisirs au sud de l'île, financés par Sun Group, témoignent également de l’ampleur des ambitions pour Phu Quoc.
Le tourisme de masse a débuté en 2012 avec l’ouverture d’un aéroport international sur l’île. Le nombre de touristes a explosé. En 2019, l'île accueillait cinq millions de visiteurs, dont plus de 500 000 étrangers, attirés par les plages de sable blanc et les eaux cristallines. Le rêve des investisseurs aujourd’hui est de faire de Phu Quoc un nouveau Phuket, l'île thaïlandaise qui a accueilli 10 millions de visiteurs internationaux la même année.
Une nature en danger
Cependant, ce développement fulgurant n’est pas sans conséquences. Autrefois classée « réserve mondiale de la biosphère » par l'UNESCO, Phu Quoc fait désormais face à des enjeux environnementaux majeurs. Le déluge de plastique généré par le tourisme met en péril la biodiversité marine et terrestre de l'île.
Les récifs coralliens, autrefois florissants, sont menacés par cette pollution, tout comme les plages qui servaient de lieux de ponte pour les tortues marines. Depuis plusieurs années, aucune nidification n'a été observée, selon l'UNESCO.
Un modèle de développement à réviser
Alors que Phu Quoc continue d'attirer les touristes et les investissements, les experts comme Ken Atkinson, vice-président du conseil consultatif du tourisme vietnamien, ont déjà alerté sur les dangers d'un développement trop rapide. « Le Vietnam veut tout faire d'un seul coup », avait-il prévenu il y a quelques années déjà, soulignant que la croissance à long terme de l'île pourrait être compromise si les questions environnementales n’étaient pas prises en compte.
Phu Quoc génère environ 190 tonnes de déchets solides chaque jour, dont 89 % sont collectés, puis enfouis ou incinérés. Toutefois, les infrastructures de gestion des déchets sont débordées, et le plastique envahit de plus en plus les plages, menaçant de ternir la réputation de l'île. Avec environ trois millions de visiteurs chaque année, le volume de déchets issus du tourisme dépasse largement les déchets locaux.
Cette année 2024 est le reflet de cette explosion touristique ; l’île a attiré plus de 723 960 touristes internationaux entre janvier et septembre, soit une hausse de 56,5% par rapport à la même période de l'année dernière, dépassant de 8,6 % l'objectif prévu pour l'année.