Très nombreux sont les ouvrages qui subliment les splendeurs d’Istanbul et notre propos n’est pas d’ajouter à la déjà longue liste, des textes supplémentaires qui ne pourraient être que redondants. Alors pourquoi ces articles, puisque tout semble avoir été dit, écrit et montré ?
C'est avec beaucoup d'émotion que nous partageons avec vous la suite de "ConstantIstanbul, l'oeil et la plume" de Jacques Périn. Jacques nous a quitté cet été après un long combat contre la maladie. Jusqu'au bout, il nous aura fait partager ses passions et son amour pour la Turquie.
En fait, ce que nous avons choisi de réaliser dans ce travail est la mise en parallèle des écrits de différents auteurs ayant séjourné ou visité Istanbul avec les photographies des lieux décrits par ces derniers.
Pour ce, nous avons puisé dans les nombreux ouvrages dont nous ont gratifié les "écrivains-voyageurs" du XIXème siècle, en nous efforçant d’en extraire les lignes répondant à notre objectif de mise en correspondance la plus précise entre texte et image.
Certes, nous aurions pu nous contenter d’un seul auteur par description, tout comme nous aurions pu ne sélectionner qu’un seul artiste par photographie, mais il nous a semblé plus honnête et surtout plus objectif de laisser le plus grand nombre s’exprimer afin de montrer l’éventail le plus vaste possible des différentes sensibilités tant littéraires qu’iconographiques. Et même si certains auteurs ne sont pas des maîtres de l’écriture, leur vision et la manière dont elle est exprimée n’en n’est pas moins intéressante, voire attendrissante.
Tous les textes et toutes les images n’y sont pas, loin de là, mais la sélection drastique à laquelle nous nous sommes attachés a été réalisée avec la volonté de retranscrire ce que chaque auteur ou photographe a voulu exprimer au plus près de sa sensibilité.
Le parc d’Yildiz ! ... Les Turcs, très gravement, le comparaient à Versailles. Ils vantaient les profonds ombrages, les pièces d’eau, les lacs et la ménagerie, et les écuries, et les serres. Yildiz ! C’était le jardin du paradis de Mahomet.
Yildiz, ô mes amis ! Si les gens qui l’ont vu, naguère, en ont fait tant de louanges, c’est pour bluffer, pour exciter l’admiration et un peu la jalousie... Mes amis, le petit jardin d’Eyoub, si naïvement turc, vaut tous les parcs du Sultan. Les parcs du Sultan ressemblent à une grande propriété banale, sans style, sans dessin, médiocrement planté, fort mal entretenue. C’est plus anglais qu’oriental, - et il y manque la fraîcheur, l’ombre épaisse, la netteté des parcs anglais. La seule beauté réelle de ce lieu, c’est ce qui est dehors; le fond de paysage, le Bosphore bleu, la côte d’Asie bleue et mauve. Marcelle Tinayre
Le Sultan arrive en voiture fermée, d’une richesse modeste, et qui ne rappelle en rien le faste légendaire des anciens sultans. Des aides de camp sur de petits chevaux agiles passent pour donner des ordres, mettent pied à terre pendant que le cheval est encore lancé en plein galop... Henri Adolph Opper de Blowitz
Cependant le Sultan va sortir. Les troupes frémissent d’un léger mouvement attentif. Un landau attelé de chevaux de parade – qui trottent tout cabrés, tout debout – vient se ranger devant les marches de marbre de la mosquée, sur lesquelles on a jeté des tapis rouges… Pierre Loti
Pour franchir les cent mètres qui séparent la mosquée des portes du palais, le landau a pris le galop de course, emportant le Souverain ; derrière lui, d’autres voitures magnifiques galopent aussi, ramenant princesses, voilées, qui ont assisté à la prière ; les serviteurs, affolés, courent alentour, agitent leurs grandes lanternes blanches, et les troupes se referment sur ce cortège avec un cliquetis d’armes. Pierre Loti
Le Sultan, inquiet de nature, ne souhaitant pas s’éloigner de son palais, la mosquée d’Ortaköy, au bas du parc d’Yildiz, l’accueillait également pour la cérémonie du Selamlik le vendredi. C’est en caïque que l’arrivée et le départ se faisaient.
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