Robin Cuesta est avant tout un explorateur. Cette passion l’a amené à découvrir le premier lieu de plongée-spéléo en Indonésie, mais aussi à faire connaître le sud-est de la Sulawesi et la richesse qu’offre l’ancien royaume de Buton.
Robin, pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Je viens de la Seine Saint-Denis en région parisienne. Après mes études, j’ai commencé une carrière de chef de projet dans l’informatique mais la plongée était déjà très présente dans ma vie. En 2013, je décide naturellement de prendre une année sabbatique en Thaïlande pour passer mon premier niveau de certification de plongée professionnelle.
De retour en France, je pense souvent à repartir et je fais des aller retour en Asie au gré de mes contrats de travail. Après avoir exploré plusieurs pays de la région, je tombe amoureux de la ville d’Amed à Bali et je finis par m’y installer et y vivre de ma passion..
Comment êtes-vous arrivé en Sulawesi ?
J’avais déjà expérimenté la plongée-spéléo en France dont j’avais aimé la complexité. Je ne trouvais pas d'informations sur ce type de plongée en Indonésie donc j’ai cherché une carte topographique afin d'étudier le potentiel de la région. J’ai repéré les îles de Buton au sud-est de la Sulawesi et j’ai quitté Bali pour m’y installer. C’est un ensemble encore peu connu de trois îles dont Baubau est la capitale et qui possède des ressources incroyables.
Dans le monde, il y a trois endroits majeurs pour la plongée-spéléo : le Mexique, la France et la Floride.
Avec 150 000 km2 de cavités souterraines, l'Indonésie a tout le potentiel pour faire partie des prochaines destinations reconnues.
En 2019, après plusieurs explorations fructueuses, je m’associe à un club d’Amed et je monte le premier centre commercial de plongée-spéléo du pays : Sulawesi Dive Trek. Depuis, j’ai lancé des programmes pour former des instructeurs locaux et étendu mes terrains de jeux aux zones de Maros près de Makassar et à Jogjakarta.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la plongée souterraine ?
Quand on pénètre dans une cavité, la différence principale avec une plongée en mer est qu’il n’y a pas d’accès direct à la surface. Cela implique un niveau de sécurité très élevé. Nous avons des protocoles bien établis pour faire face à chaque situation. Par exemple, tous les équipements sont en double, comme les bouteilles, les lampes ou les fils d’ariane. C’est une plongée très technique en opposition à la plongée de loisir et que l’on considère comme la plus risquée.
Il nous arrive également d’utiliser du matériel particulier comme le rebreather ou recycleur d’air qui nous permet une autonomie plus grande. Ce système est également conseillé car il ne rejette pas de bulles contrairement à la bouteille et évite ainsi de réduire la visibilité en faisant bouger les particules d’argile accrochées aux parois.
Qui sont vos clients ?
J’ai lancé mon entreprise quelques mois avant la pandémie, j’ai donc débuté sans avoir accès à la clientèle touristique. Je me suis finalement rendu compte que le marché intérieur est vaste. Mes clients sont évidemment des plongeurs passionnés et confirmés, pour la plupart des instructeurs ou des propriétaires de centres de plongée. En effet, vous l’avez compris, il faut avoir de l’expérience et être déjà certifié. Il y a également un entretien psychologique et une phase de discussion afin d’évaluer les motivations du futur plongeur.
Quelle a été votre meilleure expérience ?
Quand on plonge en ayant pour but d’explorer des cavités encore vierges, dans 95% des cas on ne trouve pas grand chose… dans 5% des cas, on découvre des endroits “prolongeables” et une fois dans sa vie on découvre un monstre ! Ça a été mon cas en 2018, j’ai découvert la grotte immergée la plus longue d’Asie du Sud Est. L’année prochaine, elle fera l’objet d’une expédition que je coordonne avec des plongeurs, des spéléologues du monde entier et des scientifiques de l’Universitas Gahjah Mada de Yogyakarta.
Quels sont vos projets ?
Ma tendance un peu “nerd” ou “intello”, m’a poussé à approfondir mes connaissances en termes de géologie, de sédimentologie, d’archéologie et d’hydrologie. En effet, la plongée-spéléo est une discipline avec des intérêts scientifiques multidimensionnels.
Aujourd’hui mes motivations vont bien au-delà du simple aspect de la plongée. Je me suis inscrit à l’université de Jogjakarta pour passer un doctorat ciblé sur les sciences de l’environnement.
Cette activité m’a fait réaliser que la majorité de l’eau douce disponible pour l’être humain est souterraine. Elle est aujourd’hui menacée par la pollution et les projets industriels. En effet, la roche calcaire est l’ingrédient principal utilisé pour la production du ciment. Grâce à ce doctorat, j’aimerais créer un modèle qui permette de mesurer le niveau de pollution de l’aquifère ou cavité d’eau et ainsi proposer des solutions pour améliorer la qualité de celle-ci. A travers ce travail, j’aimerais pouvoir faire classer ces régions comme des aires protégées et ainsi les sauvegarder. Le but ultime serait qu’elles obtiennent la qualification de géoparc Unesco mais le chemin est long.
Plus d'information sur le blog de Robin, Sulawesi Dive Trek
N’hésitez pas à suivre ses conférences en anglais et en bahasa indonesia, dans les universités de Madura, Jogjakarta ou Makassar mais aussi dans des salons dédiés à la plongée à Singapour ou à Melbourne.