Édition internationale

Rétrospective des œuvres d'Esther Mahlangu au Musée d'Art de Wits University

Esther Mahlangu a commencé à peindre à dix ans sur les murs des maisons et des clôtures des fermes de sa ville natale, Middelburg Mpumalanga, en Afrique du Sud, à trois heures de route de Johannesburg. A près de 90 ans, celle qui est devenue une artiste mondialement reconnue, continue à peindre et à enseigner son art aux jeunes femmes de sa région.

Tableau Esther MahlanguTableau Esther Mahlangu
Écrit par Philippe Petit
Publié le 30 janvier 2025, mis à jour le 31 janvier 2025

 

Afrique du Sud : une tradition réservée aux femmes

Au sein du peuple Ndebele, la tradition veut que les filles et les femmes préparent les pigments et peignent les murs extérieurs des maisons des villages, à l’occasion d’évènements familiaux importants.

Une peinture très colorée, reproduisant des motifs géométriques, qui est maintenant réputée à travers le monde.

A ses débuts, la qualité artistique de son travail n’a pas convaincu les anciens, qui lui ont demandé de s’exercer un peu plus. Elle le raconte elle-même : les femmes qui peignaient avec elle une façade ayant pris une pause, Esther a continué seule. De retour sur le chantier, les autres peintres lui ont demandé d’arrêter de gâcher leur travail, et lui ont conseillé d’aller s’exercer sur un mur moins visible.

« J’ai commencé à dessiner sur l’arrière de la maison, et doucement, mes dessins se sont améliorés, jusqu’à ce qu’elles me demandent de revenir avec elles pour le mur de la façade. C’est alors que j’ai compris que j’étais bonne pour la peinture ». Esther Mahlangu

                                                                                                                           

 

Afrique du Sud : Réplique de la maison d'Esther Mahlangu

 

Première femme de son village à voyager dans le monde entier

Esther Mahlangu s’est fait connaître lors d’une exposition organisée à Paris à l’occasion du bicentenaire de la Révolution Française en 1989, à la Grande Halle de la Villette et au Centre Georges Pompidou à Beaubourg : « Magiciens de la Terre »

A cette occasion, elle a peint une reproduction de sa maison, devant le public, en utilisant les mêmes techniques ancestrales que chez elle. Peindre des traits parfaitement droits, à main levée, et avec des plumes n’est pas donné à tout le monde.

 

Esther Mahlangu en 2015

Esther Mahlangu en 2015. Photo Wikipedia par Freddejager -     CC BY-SA 4.0

 

Sa belle histoire multicolore se retrouve sur son site :  Esther Mahlangu

Elle a enrichi les techniques ancestrales, tout en préservant les éléments fondamentaux

La BMW peinte par Esther Mahlangu, mise en valeur dans le hall du Wits Art Museum à Johannesburg, est le symbole visible de son apport original à la peinture africaine et mondiale.

 

Afrique du Sud : BMW, par Esther Mahlangu

 

Elle a participé à de nombreuses expositions à travers le monde, elle a utilisé des matières plus modernes pour que ses œuvres soient plus durables, et a démontré sa technique magistrale sur des supports variés. Des automobiles, des empennages d’avions, des fresques monumentales, des baskets, des accessoires, des vêtements. Elle a aussi travaillé d’autres matières, comme les perles, pour certaines de ses œuvres ou tenues.

En même temps, elle est restée très attachée à son environnement et sa culture d’origine en continuant à vivre dans la région de Middelburg, en poursuivant sa mission de formation  des jeunes filles à ses techniques améliorées et à parler sa langue d’origine. 

 

« Grâce à mon art, j’ai vu le monde. Le monde a appris à connaître mon héritage Ndebele. Je parle isiNdebele, je marche isiNdebele, je m’habille isiNdebele. C’est mon héritage. »    Esther Mahlangu

 

Afrique du Sud : Esther Mahlangu, tableaux

 

Exposition à voir absolument

Cette rétrospective de la femme artiste africaine dont les œuvres sont les plus représentées à travers le monde, dans les musées prestigieux, dans des expositions, dans des évènements, sur des supports de produits industriels ou dans des revues est émouvante et dense, malgré la simplicité des motifs géométriques.

« Une des premières artistes sud-africaines et africaines à atteindre une reconnaissance mondiale, (…) une matriarche et un mentor dans l’art contemporain.  Nontobeko Ntombela, commissaire de l’exposition

Il faut voir cette rétrospective, parce que l’histoire de la petite fille devenue icône mondiale est touchante et riche d’enseignements.

L’exposition au WAM dure jusqu’au 27 avril 2025.

Le musée est ouvert du mardi au samedi de 10 h à 16 h. L’entrée est libre.

Site du musée :  Wits Art Museum

 

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