Le 16 août dernier marquait un sombre anniversaire en Afrique du Sud, cinq ans que des policiers ont tiré à Marikana sur des mineurs grévistes de la société Lonmin en tuant 34 et en blessant 78 autres. Bénédicte Champenois-Rousseau, notre sociologue « lost in Johannesburg », revient sur ce moment tragique de l'histoire sud-africaine post-apartheid.
Comme tous les ans, les journaux consacrent des articles à la commémoration, les leaders de l'EFF et du DA sont allés commémorer l'évènement aujourd'hui dans la petite bourgade de la province du North West, et demandent des comptes au gouvernement de l'ANC qui a ordonné ou laissé perpétrer le massacre. Le gouvernement Zuma n'a toujours pas tenu les promesses faites à l'issue du conflit social qui a marqué les esprits et fracturé la confiance aveugle que nombre de sud-africains portaient au parti de Mandela.
Les plaies de Marikana sont encore béantes. Marikana a marqué les esprits qui croyaient que plus jamais ils n'assisteraient à des scènes de violences de ce type, des brutalités policières aveugles, des hommes atteints d'une balle dans le dos par des tirs des forces de l'ordre. Personnellement cela correspond à un souvenir très vivace de mon premier séjour en Afrique du Sud. Rentrant d'une semaine enchanteresse à admirer les merveilles du parc Kruger, j'avais été abasourdie par cette info en boucle sur les télévisions, et ces images rappelant les pires moments de l'apartheid: des policiers tirant sur des mineurs faisant des centaines de victimes. 300 mineurs ont été arrêtés suite aux évènements de Marikana et disent avoir été torturés par la police.
Les responsables de la police nationale et locale n'ont jamais été inquiétés. Ils ont poursuivi leur carrière ou bénéficié de promotions alors qu'il a été prouvé dans un rapport remis au président Zuma en janvier 2016, qu'ils avaient régulièrement menti durant les enquêtes sur le massacre et qu'il y a eu des opérations de maquillage des faits commis par des membres de la police. Des autorités morales comme l'archevêque Desmond Tutu ont relevé à l'époque la terrible trahison des plus pauvres qu'avait été le massacre: ?As a country we are failing to build on the foundations of magnanimity, caring, pride and hope embodied in the presidency of our extraordinary Tata Mandela?. Des livres ont été écrits par des universitaires ou des journalistes pour reconstituer les enchaînements de faits menant au massacre du 16 août 2012. Les demandes de réparation pécuniaire, ou même d'une simple reconnaissance des erreurs commises à tous les niveaux de l'Etat des familles des mineurs assassinés sont restées lettre morte. Le gouvernement qui a promis des indemnisations tergiverse encore sur la fixation des montants alloués.
La justice n'a pas fait preuve de diligence concernant Marikana, ? lire la suite sur le blog Ngisafunda
Vous voulez en savoir plus
A voir?
* Miners Shot Down réalisé par Rehad Desai
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La bande annonce
* Strike A Rock réalisé par Aliki Saragas
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La bande annonce
A lire?
* Marikana par Peter Alexander, Botsang Mmope, et al.
* South Africa. The present as history par John Saul et Patrick Bond
* Murder at small koppie par Greg Marinovich
* We are going to kill each other today: the Marikana story par Thanduxolo Jika, Sebabatso Mosamo, Leon Sadiki, Athandiwe Saba, Lucas Ledwaba et Felix Dlangamandla
Bénédicte Champenois-Rousseau (www.lepetitjournal.com/johannesbourg) Lundi 11 septembre 2017
A propos de Bénédicte Champenois-Rousseau
Installée en Afrique du Sud depuis octobre 2015, Bénédicte est sociologue et a enseigné la sociologie en France notamment à Sciences Po Paris tout en effectuant des missions de recherche pour des organismes de recherché publics ou des organisations non gouvernementales. Ses sujets de prédilection: la santé publique, l'éducation et le ?women empowerment?. Elle a créé à Johannesburg le réseau professionnel de femmes francophones Work In The City JHB et met en ?uvre son goût pour l'écriture sur son blog Ngisafunda et le blog d'Enko Education.
MARIKANA - Symbole persistant des injustices de la société sud-africaine
Écrit par Lepetitjournal Johannesbourg
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 septembre 2017
Publié le 11 septembre 2017, mis à jour le 11 septembre 2017