Ils portent un cercueil sur leurs épaules tout en dansant. Sur le chemin du cimetière, "les danseurs de la mort" exécutent des chorégraphies en portant le défunt jusqu'à sa dernière demeure, une pratique funéraire ancestrale du nord du Pérou qui se développe dans le pays andin.
Ils portent un cercueil sur leurs épaules tout en dansant. Sur le chemin du cimetière, "les danseurs de la mort" exécutent des chorégraphies en portant le défunt jusqu'à sa dernière demeure, une pratique funéraire ancestrale du nord du Pérou qui se développe dans le pays andin.
"Ce n'est pas un travail fixe, c'est occasionnel, mais chaque fois que nous sommes réunis, nous essayons de faire de notre mieux. C'est une tradition dans tout le Norte Chico", explique à l'AFP Alex Canales, directeur de l'entreprise "Porteurs funéraires de Huacho", ville située sur le littoral à 148 km au nord de Lima.
A l'image de l'adieu aux morts festif pratiqué dans de nombreuses régions rurales du Pérou, des entreprises funéraires comme la sienne ont commencé à proposer ce service il y a un peu moins de 10 ans, explique M. Canales, l'un des pionniers de cette activité entrepreneuriale.
Et de Huacho, 171.000 habitants, La pratique s'est étendue au-delà, à Huaral, Barranca et Huarmey.
- "Avec joie" -
Pour les obsèques début mai de Marcelino Jamanca, un agriculteur de 72 ans décédé d'un cancer, quatre porteurs en chemise blanche, pantalon gris et cravate ont porté son cercueil de sa maison au cimetière à travers les rues de Huacho, sur des rythmes de danses telles que le huayno, la marinera et la cumbia, et au son d'un groupe qui les accompagnait.
"Nous pleurons son départ, mais nous devons nous souvenir de lui avec joie, car la musique c'est ce qu'il aimait le plus", dit Grace Florentine, petite-fille du défunt.
Le service funéraire a duré environ une heure et demie, avec plusieurs pauses. Les "porteurs funéraires de Huacho" effectuent jusqu'à 20 services par mois, facturés une centaine de dollars, selon son directeur.
Les porteurs sont d'origines diverses: étudiants, ouvriers ou chauffeurs qui pratiquent cette activité extra-professionnelle sur leur temps libre.
"C'est un travail difficile, car certains (défunts) sont lourds, mais nous devons tout donner", explique Alexis Marengo, un porteur de 35 ans.
Le cercueil de Marcelino Jamanca est entré dans sa dernière demeure avec des éclaboussures de bière car le dernier adieu "se fait dans la joie", dit un autre porteur, Jack Minaya, 25 ans, lors d'une des courtes pauses de ce rite singulier.