Dans la continuité de l’instauration du passe "Navigante" dans la région métropolitaine de Lisbonne, les transports publics dans le reste du pays vont également subir des modifications importantes au niveau tarifaire et des infrastructures.
A Lisbonne, comme ailleurs au Portugal, avril a marqué le début d’une nouvelle politique dans le secteur des transports publics avec pour objectif de baisser et simplifier les tarifs et d’inciter les Portugais à utiliser davantage leurs réseaux de transport en commun. Cette nouvelle politique fait suite à la publication alarmante d’une étude sur la mobilité réalisée par l'Institut National de Statistique du Portugal (INE) sur demande des régions métropolitaines de Lisbonne et de Porto. L’étude a été menée entre octobre et novembre 2017 et a montré que le nombre de véhicules individuels circulant dans les villes portugaises augmentait de manière exponentielle, alors que l'utilisation des transports en commun connaissait un "énorme déclin", principalement en raison du manque de qualité et de fiabilité du réseau.
Dans la région métropolitaine de Porto
Comme sa grande sœur du sud, la ville de Porto a également opté pour la mise en circulation d’un passe unique pour ses transports en commun. Les prix sont semblables à ceux pratiqués à Lisbonne : le passe coûte 30€ (valable pour tous les trajets effectués dans tous les services de transport public de passagers réguliers dans maximum trois zones autour de la région métropolitaine de Porto) ou 40€ (partout dans la région métropolitaine de Porto). Les étudiants bénéficient d’un tarif réduit et les jeunes de moins de 12 ans pourront voyager gratuitement. La ville souhaite même étendre la gratuité aux moins de 15 ans, mais cette mesure ne devrait pas être effective avant septembre 2019. Evidemment, l’achat de ce passe unique n’est pas obligatoire et les usagers occasionnels pourront toujours bénéficier des tarifs en vigueur sur les réseaux Andante, CP (Comboios de Portugal) ou STCP (Sociedade de Transportes Colectivos do Porto). Le président de la région métropolitaine de Porto, Eduardo Vítor Rodrigues, a déclaré fin mars que bien que peu de gens croyaient au passe unique, il ouvrait la voie à l'introduction d'un modèle de transport gratuit au Portugal.
104 millions de budget
La mise en place de ces passes uniques partout dans le pays est financée par le programme d’aide à la réduction des tarifs des transports publics (PART) qui vise à stimuler la création de nouveaux systèmes de mobilité et à inciter les citoyens à changer leurs habitudes de transport. Le PART est alimenté par le Fonds Environnemental du Ministère de l’Environnement et dispose d’un budget de 104 millions d’euros pour 2019. La majorité est destinée aux régions métropolitaines de Lisbonne (73 millions) et de Porto (15 millions). Le reste a été redistribué entre les 21 communautés intermunicipales du pays (CIM), en fonction du nombre de résident et du besoin de transport en commun par région. Le Bas Alentejo est celle qui a le moins bénéficié de cet apport, avec 246 000 euros.
Le cas de l’Algarve
La région de l’Algarve (et la Communauté Intermunicipale d’Algarve – l’AMAL) a quant à elle reçu 924 000€ pour développer son réseau routier et ferroviaire et attirer de nouveaux usagers dans les transports en communs. La mise en place d’un passe unique est également envisagée dans cette région, ce qui devrait faire baisser les prix des transports d’environ 50% par rapport aux prix actuels. Mais le cas de l’Algarve est un peu particulier du fait que les villes de Faro, Portimão, Loulé et Lagos (parmi les plus peuplées et les plus riches de cette région) ont mis en place au cours des années leur propre réseau privé de transport urbain. Ces villes ne devraient donc, a priori, pas bénéficier des fonds délivrés par le PART, à moins de trouver un terrain d’entente avec ces compagnies privées qui ne sont évidemment pas en faveur d’une baisse générale de leurs tarifs. Les premières négociations devraient prendre au moins un an.
Peu à peu, l’idée de la gratuité des transports urbains gagne l’Europe. Aujourd’hui, 110 réseaux dans le monde ont adopté la gratuité de leurs transports dont une trentaine en France et près de 40 aux États-Unis Experts. Au Portugal, responsables locaux et associations commencent à débattre de plus en plus concrètement des enjeux de la mobilité gratuite et des attentes des usagers. Les prochaines années seront décisives pour savoir si le Portugal s’alignera sur ce qui semble devenir une nouvelle norme dans le domaine des transports publics.