Alors qu’il doit annoncer son plan d'hiver pour lutter contre l’épidémie de Covid-19 dans quelques heures, Boris Johnson doit également faire face au décès de sa mère. Charlotte Johnson Wahl est décédée ce lundi 13 Septembre à l'hôpital St Mary, dans le centre de Londres. Atteinte de la maladie de Parkinson, celle qui était décrite telle "l'autorité suprême" de la famille par le Premier Ministre anglais lui-même, s’en est allée « paisiblement ».
Une femme indépendante qui vivait pour sa peinture
Artiste-peintre de 79 ans, Charlotte Johnson Wahl est issue d'une famille d'intellectuels libéraux de gauche. Enfant, elle baigne dans un environnement qui se bat pour la justice et l’équité. Son père, James Fawcett, avocat, fut Président de la Commission européenne des droits de l’Homme dans les années 1970.
Brillante, Charlotte part étudier à Oxford. Elle y rencontre Stanley Johnson, le couple se marie en 1963. Notre rédacteur en chef avait d’ailleurs rencontré le père de notre Premier Ministre. De cette union naîtront quatre enfants : Alexander - l’aîné qui à son adolescence se fera connaître sous son deuxième prénom Boris -, Rachel qui est aujourd’hui journaliste, Leo l’environnementaliste et Jo, l’ancien secrétaire d'Etat conservateur. En 1979, elle se sépare de celui qui aura partagé le début de sa vie et décide de vivre de son art. Malgré des débuts difficiles, elle se fera peu à peu un nom en tant que portraitiste. Certaines de ses peintures sont par ailleurs conservées au Bethlem Museum of the Mind de Londres.
Combat contre la maladie
En 1982, le diagnostic tombe : Charlotte est atteinte de la maladie de Parkinson. Pour l’artiste dont les mains sont le principal outil, les tremblements n’auront de cesse de constituer une épreuve. Elle s’était confiée sur le sujet en 2008 en expliquant : "J'essaie de peindre chaque jour mais je dois souvent me rendre à l'hôpital. Je continue à peindre mais mon bras fait soudain un mouvement qui n'est absolument pas intentionnel et qui me brise le cœur ". Pour autant, la matriarche des Johnson ne s’est jamais apitoyée sur son sort et a continué à peindre jusqu’au bout.
Humaniste dans l’âme
Bojo tire d’elle ses plus belles leçons d’humanisme. Lors de la première conférence du Parti Conservateur en 2019, il avait expliqué que c’était elle qui lui avait enseigné « l’importance, la dignité et la valeur égale de chaque être humain sur la planète ». Madame Johnson Wahl aimait les autres et voulait les protéger. Sans vice, son seul abus d’influence aura été de s’assurer que les bus londoniens ne démarrent pas avant que tous les passagers soient assis, sous la présidence de son fils aîné.
Pourquoi « Boris »
Alors qu’elle est enceinte de trois mois, Charlotte fait un voyage en bus. Le trajet est très désagréable, les sièges de la société Greyhound n’étant pas très inconfortables. Pour lui rendre le retour à la maison plus agréable, Boris Litwin, l’homme chez qui elle loge, lui offre deux billets d'avion en première classe pour le retour. La jeune femme si reconnaissante décide que : "Quel que soit le bébé, elle l'appellera Boris ».
Elle finit par se raviser et décide de l’appeler Alexander Boris de Pfeffel. Mais il est trop tard, ses professeurs et amis qui ont découvert son second prénom l’appellent déjà tous Boris. Elle laisse donc finalement faire et continue de l’appeler Alexander, Boris étant le prénom qu’elle emploie dans des situations graves pour sermonner la tête blonde.