L'affaire Rubiales (du nom du président de la fédération espagnole de foot) a fait couler beaucoup d'encre ces dernières semaines, après un baiser forcé sur la bouche à une footballeuse espagnole lors de la victoire de l'Espagne du mondial de foot féminin. Rubiales s'était tiré d'affaire d'autres scandales mais difficilement de celui-ci, désormais étiqueté comme le #MeToo du football espagnol.
Tout a commencé lors de la cérémonie de remise des médailles de la Coupe du monde féminine de football, le 20 août dernier. Le président de la Fédération espagnole de football (RFEF), Luis Rubiales -alias Rubiales-, a surpris tout le monde en saisissant la tête de Jennifer Hermoso, l'une des joueuses, et en l'embrassant sur la bouche après la victoire de l'Espagne sur l'Angleterre (1-0).
Un autre geste grossier quelques minutes avant
Ces images ont fait le tour du monde. En plus, ce même jour, il avait eu un geste particulièrement grossier - et déplacé pour un représentant de l'Espagne-, en attrapant ses parties génitales dans la tribune, au moment du but qui avait donné la victoire à l'Espagne.
D'autres scandales sans conséquences
Mais Rubiales n'en est pas à un scandale près. Depuis son arrivée à la présidence de la RFEF en mai 2018, Luis Rubiales a été impliqué dans une multitude de polémiques. Ainsi, le transfert de la Supercoupe d'Espagne en Arabie Saoudite a été entouré de controverses en raison du pays dans lequel elle se déroule, de son format et de l'argent demandé à chacun des participants. Le journal digital El Confidencial a révélé que le président de la Fédération espagnole de football, Luis Rubiales, et l'ancien joueur du Barça encore en activité à l'époque, Gerard Piqué, s'étaient mis d'accord pour prélever une commission allant jusqu'à 24 millions d'euros pour le transfert de la Supercoupe d'Espagne en Arabie saoudite.
Un baiser de trop aura finalement fait tomber l'un des intouchables du football espagnol
Parmi les autres scandales dont Rubiales est également sorti indemne, on peut rappeler les multiples confrontations avec le président de LaLiga, Javier Tebas, qui a même accusé Rubiales d'espionnage. Il y a aussi les accusations de la directrice générale du syndicat Futbolistas ON, Tamara Ramos, qui a dénoncé les "humiliations" constantes de la part de Rubiales. Ou encore le scandale de Salobreña, une fête avec "8 à 10 jeunes filles" payées avec l'argent de la RFEF.
Le baiser de trop
Mais cette affaire du baiser forcé est différente. Elle est vite devenue le "#MeToo du football espagnol", lorsque Luis Rubiales, se croyant toujours intouchable, a finalement refusé de démissionner, alors que son départ était considéré comme acquis, défiant ainsi les multiples appels lancés ces derniers jours. Rubiales a simplement admis qu'il s'était "trompé" dans le baiser, mais l'a qualifié de "spontané, mutuel, euphorique et consensuel". La footballeuse Jenni Hermoso a immédiatement rejeté cette version et affirmé s'être sentie agressée, ce qui a porté l'affaire devant les plus hautes autorités politiques et sportives.
En plus, Rubiales a même osé fustiger le "faux féminisme qui ne cherche pas la vérité" et s'en est pris à trois ministres du gouvernement espagnol, dont la numéro trois de l'exécutif, Yolanda Díaz, qui avait été l'une des premières à demander sa démission. Le gouvernement qui, jusqu'ici, l'avait cautionné, ne pouvait pas permettre un tel affront et a annoncé qu'il allait saisir le Tribunal administratif du sport (TAD) pour un "délit très grave" et qu'en cas d'ouverture d'une procédure, Rubiales serait suspendu de ses fonctions.
L'image de l'Espagne est en jeu
En outre, cette affaire a vite traversé les frontières et a fait la une des plus grands journaux. L'image de l'Espagne est en jeu, mais aussi la présence de l'équipe féminine aux prochains Jeux olympiques et la candidature ibérique à l'organisation de la Coupe du monde masculine en 2030. Pour couronner le tout, les joueuses avaient décidé de se mettre en grève: 81 joueuses dont les 23 championnes, avaient pris le décision de ne plus jouer dans l'équipe nationale tant que Rubiales serait président.
Le lendemain du refus de Rubiales de démissionner, la FIFA annonçait la suspension "provisoire" du président de la Fédération espagnole de football pour une période initiale de 90 jours, conformément à l'article 51 de son Code disciplinaire. Un baiser de trop aura finalement fait tomber l'un des intouchables du football espagnol.