Marie & Nathan : en selle !

 

La préparation : entre budget et flexibilité

Avant de partir, Nathan et Marie ont établi un budget clair : 75 €/jour pour deux. Pour l’instant, ils s’y tiennent plutôt bien. Soucieux de rencontrer les habitants, ils ont opté pour des plateformes comme Warmshowers et Couchsurfing, des réseaux d’hôtes spécialisés pour les voyageurs, notamment les cyclistes. Ils croisent des lieux d'accueil, mais ils n'hésitent pas à opter pour des hôtels ou des Airbnb, surtout lorsqu'ils ressentent le besoin de recharger leurs batteries après des journées de cyclisme intensif.

 

Jusqu’à maintenant, le seul séjour prévu à l'avance était celui dans un écolieu qu’ils avaient trouvé sur les réseaux sociaux et où ils sont restés une semaine. Sinon, c’est au jour le jour.

Les imprévus ne manquent pas. À l’heure où vous lisez ces lignes, ils sont au Maroc… sans leurs vélos. En voulant embarquer sur un bateau pour Tanger, ils se sont rendu compte qu’un rayon du vélo de Nathan était cassé. Résultat : une semaine sans vélo en attendant que leur assurance les recontacte pour organiser la réparation et le rapatriement (+- 10 jours).

 

"Crazy, One Life !"

"Crazy, one life et surtout, épicurien", voilà comment Nathan et Marie résument leur approche de ce voyage. Peu de choses ont été planifiées à l’avance, et c’est ce qu’ils adorent  par spontanéité et positivisme constant, mais qui les fatiguent tout autant. Pour eux, chaque journée est une nouvelle page à écrire :

"Tous les jours ont leur lot de surprises, et c'est exactement ce qu'on voulait. Nous ne souhaitions pas visiter les lieux comme des touristes, mais découvrir les cultures et les gens", explique Marie avec enthousiasme.

"En fait, nous ne sommes pas en vacances, mais en voyage", ajoute Nathan.

Chaque journée apporte son lot de décisions : où dormir, quel itinéraire prendre, quoi manger… avant la tombée de la nuit. Ce mode de vie implique des choix permanents et donc parfois des désaccords. "Le fait de ne rien prévoir, c'est aussi accepter d'improviser tout le temps, ce qui peut être fatigant et stressant", confie Nathan.

 

"C’est comme si on était une seule personne"

Voyager à deux 24h/24 est un véritable défi. Entre l’effort physique et les rencontres sociales limitées (en dehors de leurs hôtes), leur seule échappatoire est souvent… sur le vélo.

"C’est là que chacun a le temps de prendre du temps pour soi, à penser, réfléchir à ses propres projets", explique Nathan. Pour faire ce voyage, il a quitté son travail, afin de réfléchir à ce qu’il avait vraiment envie de faire de sa vie. Puisqu’il ne s’épanouissait plus dans son métier, c’était le timing parfait pour monter en selle et rêver à nouveau.

"Comme dans la vie, il y a des hauts et des bas. Et lorsqu’on se réveille déjà un peu ronchon, l’autre le sent immédiatement. J’ai parfois l’impression qu’on est une personne, alors qu'on reste deux individus avec des émotions et des fonctionnements différents. Parfois, on s’irrite pour un rien… mais on finit toujours par se rabibocher, et heureusement !" , ajoute-t-il en riant.

 

Deux personnalités complémentaires

Marie, la rêveuse spontanée, est capable de rouler jusqu’à la nuit tombée sans savoir où ils se réveilleront. "Je veux profiter de chaque instant à fond. Et je me dis qu'on trouvera toujours une solution", dit-elle. À toute heure, elle déborde d’énergie et d’idées, qu’elle note dans son ordinateur, et documente leur périple à travers des aquarelles dans un petit carnet noir en complément des réseaux sociaux (Polarstep, Instagram).

 

Nathan, lui, est le sportif et l’organisé du duo. "J’ai besoin de savoir où nous allons et quand", confie-t-il. Sa structure apporte un équilibre indispensable à leur mode de vie souvent imprévisible.

Ce qui les unit ? Une soif commune d’aventure, de rencontres et un profond respect des valeurs écologiques et humaines. À deux, ils ont trouvé l’équilibre parfait entre folie et planification.

 

Le plus du voyage : le combo vélo et train

 

La meilleure décision prise depuis le début de leur aventure ? Accepter qu’ils ne feront pas tout à vélo. Grâce à un pass Interrail de trois mois, ils combinent longues distances en train et itinéraires à vélo. Un choix écologique qui leur permet d’explorer davantage, tout en relevant un challenge sportif.

Avec leurs sacoches remplies, chaque vélo pèse lourd. Ils roulent en moyenne 50 km par jour, alternant une semaine de pédalage intense et une semaine de repos, souvent dans des écovillages ou des grandes villes.

 

Un voyage transformateur

Ce périple a bouleversé leur regard sur le monde… et sur eux-mêmes. "Marie a gagné en confiance et en persévérance. Elle est aussi plus à l’aise avec le fait d’accepter l’hospitalité des autres, car elle sait qu'on rendra la pareille en accueillant des voyageurs chez nous", raconte Nathan. "Et surtout, tu es bien plus patiente et organisée qu’au début !", lui glisse-t-il avec un clin d’œil.

De son côté, Marie admire l’évolution de Nathan. "Il a appris à sortir de sa zone de confort, et à rêver plus grand. Je pense que voir la générosité des gens lui a redonné espoir en l’humanité et en un futur où l’argent ne dicte pas tout. Il y a quelques semaines, il m’a dit : 'Et si je devenais écrivain ?'", explique-t-elle.

"Moi, j’ai réalisé que j’adorais voyager… mais pas forcément sur des longues périodes. Et une chose est sûre : je veux continuer à me déplacer en train et à vélo, où que j’aille, même en Belgique. C’est tellement simple !", ajoute-t-elle.

 

Leurs conseils aux futurs cyclo-voyageurs

 

Pour ceux qui rêvent de partir à vélo, leur recommandation est claire : voyager léger. "Emportez le strict minimum et achetez au fur et à mesure. Par exemple, nous n’avons acheté notre tente qu’après un mois, une fois les températures plus clémentes", expliquent-ils.

Ils insistent aussi sur l’importance d’un bon équipement. Des vêtements techniques, comme leurs pulls en laine de lama, leur ont permis de réduire le poids et la fréquence des lessives.

 

Et après ?

À leur retour, Nathan et Marie emménageront ensemble dans le Brabant Wallon, en Belgique. "Ce voyage nous a permis de tester notre capacité à vivre ensemble. Sans ça, je ne sais pas si j’aurais franchi le pas", conclut Marie.

Leur aventure est loin d’être terminée, mais elle a déjà marqué un tournant dans leur vie. Nous leur souhaitons le meilleur, sur les routes comme dans leur nouveau quotidien à deux.