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Three Faces au programme du Melbourne International Film Festival

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Crédit : MIFF
Écrit par Séverine Gasq
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 9 août 2018

Three Faces est sorti sous le titre de Trois Visages en France et a obtenu le Prix du scénario au dernier Festival de Cannes. 

 
Three Faces raconte le voyage de Behnaz Jafari, célèbre actrice iranienne, qui s’enfuit d’un tournage pour partir à la recherche d’une jeune étudiante rêvant de devenir comédienne, qui lui a envoyé une vidéo désespérée lui implorant son aide pour faire accepter ce choix à sa famille. 
Accompagnée de Jafar Panahi, son réalisateur, l’actrice se rend jusque dans un village des montagnes du Nord-Ouest du pays, dans l’espoir de retrouver la jeune fille. A partir de prémisses de film à suspense, Jafar Panahi tresse un scénario tout en nuances, dans un genre inclassable entre la comédie de mœurs et le drame réaliste. 


Le réalisateur nous happe dès la scène d’ouverture, un inoubliable plan-séquence de plusieurs minutes provenant de la vidéo filmée par la jeune fille avec son portable. Puis il nous embarque dans un voyage au cœur d’une des provinces les plus reculées d’Iran, peuplée d’Iraniens turques, que l’actrice citadine Behnaz Jafari peine à comprendre. Si la barrière est celle de la langue (on y parle plus le turc que le farsi), elle est aussi d’ordre culturel. Dans ce village, on méprise les artistes. Les parents de la jeune fille, Marziyeh Rezaei, refusent qu’elle parte étudier l’art dramatique et veulent la marier pour en faire un membre utile à la communauté. 


Dans ce film, les trois personnages principaux jouent leur propre rôle. Panahi joue ainsi avec la frontière entre art et réalité, fiction et portraits, afin de proposer une satire féroce mais tendre de la vie rurale de son pays. Et c’est peu de dire qu’il n’offre pas le beau rôle aux hommes. Dans cette construction sociale fondamentalement patriarcale, les femmes sont reléguées aux rangs de filles, de mères et d’épouses. Mais la force scénaristique et humaniste de Panahi réside dans le fait qu’il ne juge pas ses personnages. Exception faite peut-être du frère de Marziyeh, dont la violence ridicule donne lieu à quelques moments d’anthologie. Chez Panahi, l’hystérie est paradoxalement masculine.

 
Avec Three Faces, le cinéaste prend son temps, et n’hésite pas à poser et laisser tourner sa caméra afin de mieux capter une ambiance, un personnage, un malaise. Il laisse les scènes s’installer et arriver d’elles-mêmes à leur terme, respectant le rythme particulier de son sujet, de ses paysages et de ses gens. Si bien que l’histoire semble racontée en temps réel, jusqu’au superbe plan final, que le réalisateur choisit bien sûr de parachever par une touche d’humour. Car le réalisme de Panahi ne se prend pas au sérieux. 


Three Faces

Un film de Jafar Panahi

Avec: Behnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei

Dernière séance dans le cadre du MIFF, au Comedy Theatre, le 13 août à 18.30, réservations ici.
 

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