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PORTRAIT – Gérard Vanderbergue, ex-directeur de l’AFP évoque le Mexique contemporain

Écrit par Lepetitjournal Mexico
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 novembre 2012

 

Une carrière marquée par l'expérience africaine ? Lagos et Nairobi -, puis Mexico marqué par une actualité brulante ? les cartels, la corruption, l'affaire Cassez - C'est en bon vivant ? un directeur en vacances ? et en homme lucide que Gérard Vanderberghe, ex-directeur de l'AFP à Mexico partage avec nous son regard sur le Mexique contemporain, les médias, les inégalités et des similitudes frappantes avec le Nigéria

Gérard Vanderberghe (Photo: Marion Du Bron)

En arrivant à Mexico en 2006, Gérard Vanderberghe a du assurer la transition d'une rédaction bilingue à une rédaction trilingue. Mission accomplie.

Lepetitjournal: parlez-nous de votre mission en arrivant à Mexico ?
 "En nombre, l'essentiel de la rédaction est aujourd'hui hispano afin de pouvoir servir le fil en espagnol de l'AFP qui est essentiellement dirigé à l'Amérique latine. On n'imagine pas à quel point c'est du boulot. Il y a un apprentissage du partage de l'information qui se fait dès l'élaboration de l'information. Dans ce le domaine, nous avons fait des progrès! ".

Quelles étaient tes perceptions de Mexico en arrivant et comment ont-elles évoluées ?
"J'avais les standards et quelques notions d'histoire. Je connaissais aussi l'histoire des Barcelonnettes". Le climat de violence n'effraie pas le nouveau directeur qui a appris à rouler sa bosse au Nigeria: "On avait appris, par exemple, à distinguer un vrai check point d'un faux. J'ai connu cela au Nigeria mais j'ai appris à relativiser. Ce n'était pas des critères qui pouvaient constituer des préjugés. Ce que je savais moins, c'est que Mexico me rappellerait Barcelone: la movida, le bouillon de culture, la créativité, les disciplines artistiques de tout bord, ça bouge sans arrêt".

Quels sont tes endroits préférés à Mexico?
"Alvaro Obregón, Reforma le dimanche à vélo, le Centre Historique, et bien sûr, la Roma Norte". La Roma : il y atterrit par hasard (pour être proche du boulot) ? mais tous les chemins ne mènent-ils pas à Rome? ? et, il ne tarde pas à tomber sous le charme: "ce quartier est super et devient de plus en plus sympa. Il y a une ambiance super sympa. Ce qui m'a frappé à Mexico, c'est la vie de quartier où les gens se connaissent, se saluent. C'est presque intime ! Finalement, plus une mégapole est méga et plus ça vit par quartier ".

En quoi le Mexique rappelle l'expérience africaine?
"Le Mexique me fait énormément penser au Nigeria, il y a de nombreuses similitudes entre les deux pays: du point de vue de la population (plus de 100 millions), de la diaspora, des ressources pétrolières, de la corruption".

Du point de vue du passé colonial également?
"L'héritage de la colonisation reste au Mexique très vivant, autant qu'en Afrique. Il faut voir de quelle façon la société mexicaine est hiérarchisée et de quelle façon les Mexicains de la classe supérieure traitent les Indiens, socialement et politiquement ".

Comment venir à bout de cet héritage?
"Un seul mot: l'éducation"

La presse au Mexique: qu'en penses-tu ?*
"Je vais m'exprimer à la lueur de l'affaire Cassez (il y en aurait bien d'autres). Le flux médiatique mexicain a été univoque, il a repris les communiqués sans aucune réflexion ni critique. Il a fallu le travail de cons?urs françaises et belges pour que la version initialement propagée par la PGR et l'AFI soit remise en cause. Ce qui me fait dire que la liberté de la presse, ça se réclame mais ça se mérite aussi ".

Dans quelle mesure l'actualité mexicaine ? celle de la violence ? interfère t-elle sur la vie quotidienne?
"Il y a un décalage énorme entre les deux. Cela s'explique par le fait que l'information est reprise dès lors qu'elle est frappante. À Ciudad Juarez on tourne à une vingtaine de communiqués par jour. Il y a davantage de morts au Mexique qu'en Irak et en Afghanistan réunis. C'est devenu tellement quotidien que ça blase les rédactions parisiennes et le public. Les papiers d'analyse ne sont que rarement repris ".

Que penses-tu de la stratégie de l'actuel gouvernement contre les cartels?
"Je pense qu'il y a une stratégie contre les cartels car ils ont pris des coups qu'ils n'avaient jamais pris. Mais ils demeurent mieux armés et dans le domaine des télécommunications, ils sont bien mieux équipés que l'armée mexicaine. Devant une activité clandestine et criminelle qui génère autant d'argent, le combat est loin d'être gagné".

Le Mexique va-t-il te manquer?
"Oui le Mexique va me manquer. J'ai adoré, je me suis senti à l'aise, j'ai été très bien été accueilli, ce qui ne se quantifie pas, question d'ambiance. Je vais revenir, c'est sûr! J'ai des copains ici avec lesquels je ne veux pas perdre le contact le plus direct possible. Mon expérience mexicaine restera un beau souvenir, en espérant que ça ne se limite pas à l'état de souvenir !"

*propos recueillis début janvier 2010

Marion DU BRON (www.lepetitjournal.com/Mexico) mardi 23 février 2011

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Publié le 23 février 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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