Mark Zuckerberg a annoncé un véritable tournant dans sa politique numérique, au nom de la liberté d’expression. Une prise de position similaire à celle d’Elon Musk, qui marque un rapprochement politique et stratégique avec Donald Trump.
Le mardi 7 janvier 2025, Mark Zuckerberg a annoncé dans une vidéo de 5 minutes postée sur son compte Instagram, la suppression du programme de fact-checking sur ses plateformes numériques. Ce changement, qui aura d’abord lieu aux Etats-Unis, est à la fois inattendu mais aussi majeur dans la politique de modération des contenus sur les réseaux sociaux.
Le programme de fact-checking est un système de vérification des faits en ligne, géré par des organisations indépendantes et professionnelles. Il est notamment promu par les autorités démocratiques pour lutter contre la désinformation et les théories complotistes sur les plateformes numériques.
Un tournant politique au nom de la liberté d’expression
Le fondateur de Meta -multinationale regroupant Instagram, WhatsApp et Facebook- a annoncé mettre fin à ces partenariats de vérification des informations, et les remplacer par des “notes de la communauté”, un système déjà utilisé sur la plateforme X d’Elon Musk. Ces notes sont rédigées directement par les utilisateurs lorsqu’ils estiment qu’une publication doit être contextualisée.
Mark Zuckerberg a ainsi souligné la nécessité “de revenir à nos racines en matière de liberté d’expression sur Facebook et Instagram”, de “simplifier nos politiques de contenu et nous débarrasser de toute une série de restrictions sur des sujets tels que l’immigration et le genre, qui sont tout simplement déconnectés du discours dominant”.
Selon lui “nous sommes arrivés à un point où il y a trop d’erreurs et trop de censure”. “Ce qui a commencé comme un mouvement visant à être plus inclusif a de plus en plus été utilisé pour étouffer les opinions et exclure des personnes ayant des idées différentes, et c’est allé trop loin”., a-t-il ajouté.
Un rapprochement stratégique avec Donald Trump
Alors que ces dernières années, Donald Trump avait été très critique envers Meta et son fondateur, notamment suite à la suspension de son compte Facebook pour incitation à la violence après l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021, il semblerait que les deux hommes soient aujourd’hui plus proches que jamais.
Le 27 novembre 2024, Mark Zuckerberg et Donald Trump ont été aperçus dînant ensemble à Mar-a-Lago, en Floride. Ce rapprochement s’est concrétisé par un don d’un million de dollars de la part de Mark Zuckerberg pour financer la cérémonie d’investiture de Trump, qui aura lieu le 20 janvier 2025.
De plus, le géant de la tech a récemment nommé plusieurs proches de Trump à des postes stratégiques au sein de Meta, comme Dana White, le président de l’Ultimate Fighting Championship, qui a rejoint le conseil d’administration de l’entreprise.
Selon Mark Zuckerberg, il est également nécessaire de “travailler avec le président Trump pour repousser les gouvernements du monde entier qui s’en prennent aux entreprises américaines et font pression pour censurer davantage.”. Une prise de position similaire à celle d’Elon Musk, propriétaire du réseau social X, et un des principaux collaborateurs politiques de Donald Trump.
La réponse internationale au virage politique de Mark Zuckerberg
Ce virage politique emprunté par Mark Zuckerberg a provoqué une réaction inquiète chez de nombreux spécialistes et observateurs. Maria Ressa, prix Nobel de la paix 2021, a déclaré : “Si Meta adopte cette position, si Facebook permet aux mensonges de se répandre plus vite que les faits, notre réalité sera divisée, la réalité partagée sera brisée, ce qui rendra le journalisme et la démocratie impossibles”.
La décision prise par Mark Zuckerberg risque également de générer des tensions avec l’Union européenne, qu’il a pointée du doigt pour ses lois institutionnalisant la censure et empêchant toute innovation. La vice-présidente exécutive de la Commission européenne, chargée de la souveraineté numérique : Henna Virkkunen a d’ailleurs répondu à ces accusations dans un tweet publié le 11 janvier 2025, en déclarant que l’Europe veillait à ce que les plateformes des réseaux sociaux respectent les droits de ses citoyens.
Our task is to make sure that European citizens rights are respected and our legislation is followed. This ensures a level playing field and a safe online environment for all.
— Henna Virkkunen (@HennaVirkkunen) January 11, 2025