150 milliards de dollars : c’est le montant du plan de relance annoncé par Pan Gongsheng, gouverneur de la Banque centrale de Chine, lors d’une conférence de presse à Pékin le 24 septembre 2024. Ce plan, inédit, fait suite à des estimations pessimistes sur l’état de l’économie du pays. Les milieux boursiers et économiques ont répondu favorablement à cette annonce.
Endiguer le ralentissement économique
Le manque de confiance des ménages et des entreprises dans l’économie chinoise a conduit à une dégradation de la croissance. La méfiance envers le secteur immobilier, qui représentait plus d’un quart du PIB, est particulièrement nuisible. L’accès aux crédits immobiliers s'est durci suite à la faillite de promoteurs comme Country Garden et Evergrande. Les problèmes structurels liés au système immobilier se sont aggravés depuis 2007, notamment en raison de la durée limitée des concessions de logement accordées par les gouvernements locaux (70 ans), ce qui a entraîné une surabondance de logements invendus ou inachevés. Parallèlement, la demande de prêts immobiliers a chuté en raison de la baisse des prix dans ce secteur.
Cette situation a également conduit à un endettement des gouvernements provinciaux, ce qui suscite une méfiance accrue envers l’économie. La dette de ces gouvernements s'élèverait à plus de 5 040 milliards d’euros.
À ces problématiques structurelles s’ajoutent une lente reprise après la levée des restrictions sanitaires liées à la pandémie et les difficultés croissantes du secteur privé chinois, de moins en moins soutenu par des investissements étrangers en raison du manque de confiance dans l’économie. Par ailleurs, de nouveaux concurrents, tels que les entreprises vietnamiennes et thaïlandaises, menacent le secteur manufacturier chinois, déjà éprouvé par la baisse démographique.
5 % de croissance à la clé
L’objectif de ce nouveau plan de relance est clair : stabiliser la croissance économique et atteindre un taux d’au moins 5 % du PIB national en 2024, un niveau non atteint depuis la pandémie de Covid-19. Pour y parvenir, Pékin a mis en place plusieurs mesures, notamment une réduction de 0,5 point de pourcentage du taux de réserve obligatoire des banques, ce qui permettra à ces dernières de prêter davantage. Le taux directeur a également été abaissé de 0,5 %, une décision censée stimuler la consommation et l’investissement. Pan Gongsheng a précisé que ces mesures devraient engendrer 128 milliards d’euros de liquidités supplémentaires sur les marchés financiers chinois.
La Banque centrale a pour projet de mettre en place un programme de facilité de crédit de 300 milliards de yuans destiné aux banques, afin de leur garantir des liquidités suffisantes.
Concernant le marché de l’immobilier, principal frein à la consommation en Chine, Pékin a baissé les taux d’intérêt des prêts hypothécaires existants. Ce changement, qui s'applique aux taux de référence pour les emprunts immobiliers, devrait rendre l'achat de logements invendus par les entreprises publiques locales plus attractives. Plus de 50 millions de foyers devraient bénéficier de cette mesure.
Pan Gongsheng a également indiqué que ce plan de relance pourrait être étoffé si les conditions économiques l'exigeaient, témoignant ainsi d’une certaine flexibilité dans l'application de ces mesures.
Accueil favorable des milieux boursiers
Le plan de relance a dépassé les attentes des économistes. L’incertitude liée aux élections américaines et aux potentiels nouveaux droits de douane en cas de victoire de Donald Trump laissait penser que la relance serait plus modeste.
Bien que ce plan soit plus conséquent qu’espéré, les 1 000 milliards de yuans, soit 128 milliards de dollars, semblent insuffisants pour relancer l’économie chinoise, dont le PIB s’élève à 124 754 milliards de yuans. Les économistes critiquent le manque d’intensité des mesures, compte tenu des taux d’intérêt élevés sur les hypothèques. Ils plaident plutôt pour de nouvelles incitations fiscales afin de sortir le pays de la plus longue séquence déflationniste qu’il ait connue depuis 1999.
Johanna Chua, responsable de l'analyse économique et des marchés pour l'Asie-Pacifique chez Citigroup, a décrit les mesures de Pékin comme restant « progressives » et a appelé à une coordination plus forte des politiques monétaires et fiscales « dans une mesure significative ».
Un jour après l’annonce des mesures, un nouveau record de transactions financières a été établi, le vendredi 27 septembre, et a été battu le lundi suivant. L’indice Hang Seng, phare de la bourse de Hong Kong, a augmenté de 2,4 %, une première depuis novembre 2022. À Shanghai, l’indice Shanghai Composite a grimpé de 8,1 %, un record depuis 2015, révélant des résultats prometteurs à la suite de l’annonce du plan de relance.