Dundja Rmandic est la curatrice de l’exposition Pulse Perspectives qui se tient actuellement à l’Art Gallery of Western Australia (AGWA). Comme cette exposition nous a beaucoup plu, nous souhaitions aborder avec elle le sujet de la jeunesse dans l’industrie de l’art ici en Australie.
Pulse Pespectives a été créée il y a 28 ans sous la directive du ministère de l’éducation qui souhaitait exposer les travaux artistiques des jeunes générations. Au fil des années, l’exposition a gagné en importance, jusqu’à devenir l’une des plus vues à l’AGWA.
D’un point de vue français, Pulse Pespectives peut facilement interpeller le spectateur par son coté juvénile et novateur. Il est en effet rare d’admirer en France des artistes de 17ans dans des musées de renom.
Et, à notre grande surprise, il en est de même en Australie. La jeunesse peine souvent à trouver sa place dans le milieu artistique et les jeunes artistes se doivent de franchir toute une série d’étapes pour arriver à la sacrosainte reconnaissance sociale : biennale, groups show puis expositions où leurs travaux seront potentiellement sélectionnés par des galeries commerciales pour finalement (peut-être) être repérés par des grosses institutions aux collections permanentes. L’important c’est de comprendre qu’être artiste ce n’est pas juste un passe-temps mais avant tout un métier qui répond à des exigences bien précises.
En ce sens, Pulse Perspectives met un pied dans la fourmilière. En exposant des artistes « en puissance », c’est-à-dire des jeunes de 17 ans qui achèvent la première partie de leurs études et se situent à un tournant de leur vie où ils doivent faire leur choix de carrière, l’ordre établi est renversé. La majorité d’entre eux ne deviendra pas artiste. Certains seront comptables, d’autres médecins ou avocats. Pulse Perspectives fait le choix de les interroger à ce moment charnière, avant qu’ils empruntent une trajectoire définie, ce moment où tout est encore possible car si, « on n’est pas sérieux quand on a 17 ans », on est souvent contraint de le devenir par la suite.
Le résultat est surprenant. Veronica Avent (Leemng Senior High School) dépeint le cactus comme un élément central d’une vie ponctuée par le voyage et les déménagements. Grace Crogan (John Curtin College of the Arts) expose les déchets, omniprésents sur son trajet quotidien vers l’école, comme des œuvres d’art.
La valeur de Pulse Perspectives réside dans son authenticité et sa justesse.
Cette exposition soulève tout un florilège de réflexions en ramenant au centre la créativité. Car si tout le monde ne peut être artiste, la créativité existe en chacun de nous et l’art est un médium puissant pour exprimer le monde d’aujourd’hui.
Enfin, en 28 ans d’existence, différents thèmes se sont succédé. Dunja, qui fait partie du jury depuis 5 ans, revient sur les changements et la variation des thèmes au cours des années. Certains comme la famille, les liens sociaux, les voyages semblent intemporels alors que d’autres comme la politique, l’environnement ou le racisme se renforcent au fil des ans ou changent de forme. Pulse Perspectives est une exposition hybride et définitivement dans l’air du temps, qui dépeint la société contemporaine australienne.
A l’ère des réseaux sociaux où la vie privée est rendue publique et où les frontières entre le réel et la fiction se fragilisent, l’art demeure un médium puissant pour exprimer le monde et la société, d’une manière touchante et authentique.
Pulse Perspectives se tient jusqu'au lundi 5 octobre à l'Art Gallery of Western Australia
Entrée gratuite
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