Michael Sweerts : La Rome du XVIIe siècle entre Réalité et Mystères à l'Accademia di San Luca

Jusqu'en janvier 2025, l’Accademia di San Luca dévoile une rétrospective inédite consacrée au peintre flamand Michael Sweerts, explorant la singularité de son art dans la Rome du XVIIe siècle.

L’Accademia Nazionale di San Luca propose, jusqu’en janvier 2025, une rétrospective dédiée au peintre flamand Michael Sweerts (1624-1664). Intitulée Michael Sweerts. Réalité et mystères dans la Rome du XVIIe siècle, cette exposition s’appuie sur les recherches de spécialistes comme Andrea G. De Marchi et Claudio Seccaroni, qui jettent une lumière nouvelle sur cet artiste méconnu et énigmatique. Si Michael Sweerts demeure encore largement ignoré du grand public, l'exposition dévoile un parcours singulier et un talent poétique rare, permettant ainsi une redécouverte de son œuvre et de son influence complexe dans l'histoire de l'art.

Issu de l’aristocratie bruxelloise, Michael Sweerts arrive à Rome en 1643, où il vit jusqu'en 1653. Bien qu’il ait puisé une partie de son inspiration chez les Bamboccianti et au contact des œuvres du jeune Caravage, il développe rapidement une démarche esthétique singulière. Son atelier, situé via Margutta, devient un espace où il rassemble des fragments sculptés anciens et contemporains, qu'il intègre à ses œuvres comme témoins d'une Rome intemporelle et comme instruments pédagogiques.

Ce lieu fonctionne comme une véritable école d'art dans laquelle le peintre forme des jeunes artistes en les initiant au dessin et à la copie d'après les modèles antiques, sans leur imposer de dogme stylistique. Un ensemble d’œuvres souvent marquées par des scènes de genre, où sont représentés des apprentis, des prostituées et des buveurs, révèle la diversité sociale de la Rome baroque, incarnée avec une vérité saisissante. Cette rétrospective, structurée autour de dix-huit œuvres majeures réparties dans trois salles, dont treize peintures dont un autoportrait de l’artiste (restauré pour l’occasion), permet d’appréhender la complexité de son style et de son univers.

Certaines toiles proviennent des collections de l'Académie de France -Villa Médicis, de la Galleria Spada, des Gallerie Nazionali di Arte Antica de Rome ou encore des Uffizi de Florence. Enrichies par des pièces en provenance de collections internationales comme le Worcester Art Museum, elles composent un panorama inédit de l’artiste. L’exposition s’accompagne d’un catalogue bilingue détaillé, incluant des essais d'éminents historiens de l'art et une préface de Marco Tirelli, président de l’Accademia. Cet événement représente une opportunité rare de plonger dans les mystères de Michael Sweerts, artiste profondément religieux et d’une vision singulière, qui finira par s'embarquer vers l'Orient, pour y mourir.

Joanna BLAIN