On l’appelle le « Joyau du Pacifique » et celles et ceux qui ont la chance de l’avoir visitée pourront le confirmer : Valparaíso est une ville précieuse. Entre ces charmantes ruelles et maisons colorées, elle semble être un véritable musée en plein air. Mais comme toute œuvre d’art agréable à contempler, elle a ses petites imperfections, ces petites choses qui « piquent ».
L’air marin, le vent qui vous chatouille le nez, le gazouillement des mouettes… pas besoin de voyager à l’autre bout de monde pour retrouver ce cadre de vie idyllique. Et pourtant, je vous conseillerais de prendre l’avion en direction de la côte pacifique pour entendre le clapotis des vagues, mais dans une ville débordante d’art et de couleurs.
Valparaíso n’est pas isolée du reste du monde, mais différente, originale. Si j’étais Santiago, la capitale du Chili se situant à seulement une heure trente en voiture de ce joyau, c’est d’un air envieux que je regarderais ma voisine Valparaíso, moins moderne, certes, mais qui charme par sa singularité. Si un jour vous avez la chance de vous y rendre, vous remarquerez que c’est dans divers accents étrangers que cette ville est commentée et complimentée. Certains y sont juste de passage, d’autres ont décidé d’y construire leur chez-soi. On retrouve parmi les maisonnettes de bois en bleu, jaune et rose, des restaurants français, des galeries d’art et des petites boutiques tenues par des Chiliens ou des étrangers.
La ville de Valparaíso classée au patrimoine mondial de l’UNESCO
Ce qui plait tant, c’est la tranquillité dans une ville qui respire le spectacle. Sa caractéristique unique sont ses collines appelées « cerros » que l'on peut parcourir en empruntant des escaliers ou en s’installant dans un funiculaire, qui vous offre un panorama de toute la ville. Les « Cerro Concepción » et « Cerro Alegre » sont les collines les plus appréciées par les touristes du fait de leurs diversités architecturales et culturelles.
Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, Valparaíso était, avant la construction du canal de Panama en 1914, un port important pour les voyageurs d’Amérique, d’Europe et d’Asie. C’est notamment grâce à l’importation et l’exportation de marchandises telles que le cuivre et l’argent qu’elle devint un centre économique important et qu’elle attira des immigrants du monde entier. Les marins décidèrent alors d’utiliser les matériels restants des navires, comme le bois et la peinture pour construire et décorer leurs maisons. Pour ne pas se perdre dans cette ville si labyrinthique, les couleurs choisies étaient souvent vives pour faciliter la différenciation des lieux.
Depuis, Valparaíso a attiré beaucoup d’artistes du monde entier qui s’expriment notamment grâce au muralisme, et à des messages sous formes de peintures, de textes et poèmes récités lors de scènes ouvertes.
La fascination dans les rues de Valparaíso
J’ai eu la chance de me promener dans les ruelles de « Valpo », comme les Chiliens aiment l’appeler, il y a quelques années maintenant. Ai-je vraiment découvert la ville, en prenant des selfies et photos, en goûtant à de nouvelles saveurs dans des restaurants avec vue sur mer ? Ai-je été trop touriste et pas assez rêveuse ?
Je suis seulement tombée amoureuse d’un imaginaire de Valparaíso en lisant des textes qui décrivent sa richesse, ou des histoires qui relatent les tentatives de poètes de se faire connaître dans l’un des ses centres culturels. Je suis tombée sous son charme à travers de récits, et non en traversant le Cerro Concepción, quelque peu enivrée par la fatigue et le froid.
L’émerveillement d’une beauté excentrique m’était seulement rendu accessible par un effort physique conséquent, car s’il faut avouer une chose, c’est que ce joyau du pacifique est difficile à parcourir. On pourrait le décrire comme une merveille épuisante, riche, mais malaisante et quelque peu redoutable.
Du crépuscule à l’aube, la métamorphose de Valparaíso
Le soir, lorsque les couleurs des maisonnettes se confondent avec la noirceur du ciel, les petites ruelles charmantes se transforment en chemins sinueux d’un calme inquiétant. Parfois, des voleurs sortent de leurs cachettes pour agresser quelques touristes égarés. Certains artistes mélancoliques se remettent de leurs addictions aux mots et aux substances accroupis sur un trottoir. Les magasins sont fermés, les gens dorment et le port s’impose comme un géant monstre des mers.
Au petit matin, des poètes en herbes s’inspirant de Neruda et de sa demeure La Sebastiana sortent leur calepin pour l’illuminer de la douceur du lever de soleil. Il y a plus de dix ans, Valparaíso était envahie par l’ardeur des flammes et détruit des milliers d’habitations. Depuis, la ville s’est remise de ses maux grâce à une reconstruction de ses maisons, et une permanente recréation de sa culture et de son identité.
Des quelques souvenirs que j’ai acheté à Valparaíso, il ne me reste qu’une carte postale en noir et blanc. Je suis incertaine s’il s’agit ici de sa représentation nocturne ou d’une illustration des zones d’ombres de cette ville pourtant si colorée.