HV Atelier, une marque qui va grimper sur les podiums

Publié le 27 juin 2022, mis à jour le 6 juin 2024

En avril 2020, nous avions rencontré Henri Vitté, jeune étudiant en première année d’école de commerce dont les ambitions professionnelles dans la couture ne laissaient aucun doute ! Aujourd’hui, Bachelor en poche, sa détermination n’a pas changé d’un iota, c’est toujours la couture et la création qui guident sa vie.

Henri Vitté, ancien élève du Lycée Français de Singapour et de la Canadian International School a poursuivi ses études à l’ESCP (Ecole Supérieure de Commerce de Paris) où il obtient son Bachelor, un sésame qui lui permet de s’orienter sur un Master plus en lien avec sa passion.

Des études chamboulées par la pandémie

Après une première année à Londres, interrompue par le covid où il se réfugie à Singapour, il part à Turin pour sa deuxième année où il suit les cours en ligne. La troisième année se fait en distanciel depuis Paris où il peut continuer gagner un peu d’argent en tant que serveur pour réaliser ses ambitions de création en parallèle de ses études. Durant cette période, il travaille sur quelques projets, tels que les uniformes et les baskets pour les employés d’un bar. Déjà peu intéressé par ses études de commerces, les cours à distance lui demandent encore plus de volonté pour terminer ses études, ce qu’il fait en ce mois de juin 2022.

Une évolution depuis avril 2020, date de notre dernière rencontre

Arrivé à Turin pour sa deuxième année d’étude en septembre 2020, il fait des modèles de prêt-à-porter avec des imprimés sur des pulls, des casquettes, des t-shirt, rien de très poussé "créativement" parlant. Le confinement à Turin est très long et il se sent assez seul. En février 2021 il arrête tout. Le manque de relation avec le client et cette façon de travailler ne lui conviennent pas. Le client commandait sa pièce sur internet, l’usine la réalisait et il l’envoyait. Economiquement c’était bénéfique mais pas épanouissant pour lui. Il commence alors une remise en question sur sa façon de travailler et de créer. Il reprend toutes les pièces qu’il a déjà faites et les étudie afin d’y voir les points positifs et négatifs de chacune d’entre elles.

Les pièces en jeans sont définitivement les créations les plus abouties. Il travaille sur les détails, la méticulosité de leur réalisation. Il travaille également sur la maroquinerie, sur des commandes de clients privés ce qui lui permet de se retrouver et de faire ce qu’il aime.

« La pandémie m’a permis de me remettre en question »

Cette pandémie lui permet de grandir en maturité, de se poser les questions sur ce qu’il veut vraiment faire ces 10 prochaines années.

Mon objectif est toujours le même qu’en 2020, devenir un grand créateur ! Je me suis penché sur mon business modèle, “from start to finish”.

Il change le nom de sa marque. Il retire son nom, garde les initiales auxquelles il colle « Atelier » qui définit sa manière de travailler. Toutes les pièces sont faites à la main, chaque pièce est unique. Il travaille sur le jeans, des vestes et des pantalons et chacune des pièces a son numéro de série unique et son certificat d’authenticité. Le numéro de série représente où il en est au niveau de ses créations. A travers les pièces vendues, il vend également une étape de son développement créatif. Il pense que cette collection va durer peut-être 5 ans, le temps qu’il s'établisse au niveau de sa créativité.

« Maintenant, ma marque s’appelle HV Atelier. Ça donne une image plus prestigieuse au travail que l’on fait et c’est celle que nous voulons donner. Je voulais une marque basée sur le savoir-faire et le fait main. Le service après-vente est également très important pour moi. Je veux connaitre le client, savoir ce qu’il pense, avoir son retour sur son achat. Les pièces sont fragiles et la qualité du produit doit être irréprochable. »

Son projet est aussi basé sur le « up-cycling ». Il travaille sur des jeans seconde main qu’il remet à neuf et qu’il renforce au niveau des couture pour une question de durabilité de vie de la pièce. Il y rajoute sa touche, que ce soit avec la couleur ou le style des coutures, y appose des éléments tels que des lacets, des zippers, des tissus, de la peinture. Ils sortent moins de 100 pièces par année. La prochaine collection sort en juillet.

Les études dont il rêve vont pouvoir commencer

Henri Vitté est en stage dans une grande maison de luxe depuis un mois et pour tout l’été comme conseiller de vente, après 3 ans de tentative pour y rentrer ! Ce stage lui permet de rencontrer des clients un peu plus exclusifs. Il peut y faire ses preuves, comprendre ce que sont les attentes des clients dans ce milieu « haut de gamme », quel est le niveau de service qu’il faut leur donner, comment les recevoir et les contenter.

Pour septembre, il a présenté son dossier pour un master en Fashion design à l’Institut Français de la Mode mais malheureusement il n’a pas fait partie des 10 sélectionnés pour la rentrée (sur 900 postulants). Il réfléchit donc à la meilleure stratégie pour sa prochaine candidature afin de faire partie des 10 heureux élus. En attendant, durant cette année, il va se consacrer au perfectionnement de son portefolio.

« C’est un vrai travail que de prouver que je peux être à la hauteur de l’IFM ! J’ai été pris dans d’autres écoles de fashion design à Paris mais c’est l’Institut Français de la Mode que je vise. »

Il se mesure à des candidats qui sortent de 3 ans d’école de mode et réalise avec plaisir que son portefolio ne laisse pas les écoles indifférentes malgré ses études en commerce plutôt qu’en mode.

« C’est très positif pour moi. Toutefois, c’est à Paris que je veux rester. C’est une ville où il y a 4 Fashion Week par année et c’est une réelle opportunité pour moi. »

Des surprises dans sa nouvelle collection

Les clients peuvent s’attendre à de belles surprises. Le but de cette nouvelle collection est de surprendre. Il travaille sur des pièces très intéressantes qui vont, il l’espère, faire parler de lui et de sa marque. Il prépare notamment une pièce en hommage à Virgil Abloh, créateur américain mort à l’âge de 41 ans l’année dernière. Pour lui c’est le meilleur designer de cette génération. La recette de la vente de cette pièce sera entièrement reversée à l’association qu’il a créée Virgil Abloh “post modern” scholarship fund. Henri a élaboré une autre pièce qui a été très compliquée à réaliser dont la recette ira pour une association de soutien pour les réfugiés venant d’Ukraine. (Urgence Ukraine - Unicef) 12 citations entendues lors des deux dernières guerres mondiales sont peintes sur cette pièce. Le découpage des 731 lettres et la peinture, le tout fait à la main, lui ont demandé 27 heures de travail.

« Nous essayons d’impressionner visuellement en montrant ce qu’un étudiant et sa petite équipe est capable de faire. Malgré notre budget très limité nous voulons montrer qu’il est possible de lancer une marque de très bonne qualité avec un excellent service au moment de l’achat et également après la vente, tout en restant écologique et en focalisant sur le savoir-faire. »

Le but de cette collection est de faire un vrai premier pas dans cette industrie de manière grandiose, dans la mesure de leurs capacités. HV Atelier, c’est une petite équipe de 4 personnes. Henri s’occupe lui-même de toute la direction artistique ainsi que la réalisation des pièces. Il y a Léo Monnier-Dollé qui lui est responsable des commandes de pièces personnalisées avec les numéros de série sur les étiquettes et du service après-vente. La touche féminine c’est Philippine Engel qui l’apporte. Elle est en charge du branding et du marketing opérationnel. Ils prévoient de faire des créations en public, de participer à des pop-up store afin de montrer leur marque et c’est Philippine qui organisera cette partie. Et puis il y a Antoine Lamy qui s’occupe de toute la partie audio-visuelle avec la réalisation des vidéos.

« Nous avons chacun nos points forts et ensemble nous arrivons à réaliser de très belles choses pour lancer cette marque, HV Atelier. »

Inspiré par le monde qui l’entoure

L’inspiration lui vient de la vraie vie, de ce qui l’entoure mais Henri essaie de canaliser sa créativité. Son cerveau n’est jamais en mode repos. Il doit avoir une quinzaine d’idées qui lui viennent en tête chaque jour et il ne peut pas toutes les réaliser.

« J’essaie de n’en choisir qu’une, voire aucune. Il faut toujours que la nouvelle idée soit meilleure que la dernière. Je fais premièrement confiance à mon esprit créatif et à mes mains qui exécutent, et deuxièmement, je fais confiance à mon expérience. »

Un avenir qu’il voit en grand

L'avenir, c’est un vrai sujet. Son but final est toujours le même ; être parmi le top 3 des maisons de couture dans 150 ans !

« Mon avenir m’appartient pour 80 ou 90 ans si tout va bien et le reste des années sera entre les mains de la génération à venir qui me suivra dans cette aventure. »

Le travail qu’il fait maintenant n’est pas que pour lui. Il espère que dans sa famille, les générations suivantes continueront à porter ce projet lorsqu’il ne sera plus là.

« Le projet que je lance aujourd’hui va durer quelques années, 3 ou 4 peut-être. Ensuite j’aimerais lancer une collection de prêt-à-porter fait main en gardant un vrai savoir-faire derrière. Des pièces un peu moins exclusives mais avec toute la qualité et le service d’aujourd’hui. La marque continuera à se développer au fil du temps, un peu comme Louis Vuitton à son époque. »