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La Continuité Pédagogique à Distance, oui mais comment ?

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Écrit par La Petite Ecole
Publié le 29 avril 2020

Maria Lamrani Alaoui, Directrice de La Petite Ecole Singapour et Directrice Pédagogique du groupe La Petite Ecole en Asie du Sud Est, vous aide à mieux traverser en famille l'épreuve de l’enseignement à distance.

 

Confinés à la maison en famille est désormais une réalité du quotidien et nous ne pouvons aujourd’hui parler de confinement sans parler de “l'école à la maison.”

En effet, la continuité pédagogique à distance est une situation imposée à tous et nouvelle pour tous. Comme pour chaque nouveauté, les débuts nécessitent une organisation et une gymnastique au sein de chaque foyer. Une fois le rythme trouvé, on observe que des routines d’apprentissage se mettent en place, permettant à la fois de consolider les acquis et d’apprendre des concepts nouveaux. C’est toujours dans un esprit bienveillant que La Petite Ecole a relevé le défi de l’enseignement à distance en maternelle, ici à Singapour, comme dans leurs établissements à Bangkok et Ho Chi Minh Ville !

 

Rupture du rythme d’apprentissage

“On ne peut parler de continuité pédagogique à distance, autrement dit d’apprentissage à la maison, sans parler de rupture avec la situation précédente : l’apprentissage à l'école” observe Maria, Directrice à La Petite Ecole de Singapour. En effet, les enfants ont eu l’habitude d’apprendre dans un espace classe, avec un enseignant et avec leurs camarades. Il est donc important de reconnaître que ces repères sont brouillés ; le cadre d’apprentissage et les routines changent, et il en est de même pour le rôle quotidien du parent. Verbaliser tous ces changements est un point crucial.

 

La posture du parent

N’oublions pas qu’enseigner est tout un métier et que ce n’est pas le rôle des parents. Pour les guider dans l’accompagnement de leur enfant, l'école fournit des supports et des explications, afin que les parents soient peu sollicités pendant la journée. L’enfant doit faire par lui-même et développer ainsi son autonomie. “À La Petite Ecole, les activités du lendemain sont publiées la veille à 18h, afin de laisser aux familles la liberté d’en prendre connaissance en amont mais aussi de préparer le matériel nécessaire avant le début de la journée” explique Maria. “Notre équipe reconnaît les efforts fournis par les familles pour assurer la continuité pédagogique et ne cesse de les remercier infiniment pour leur collaboration et leur soutien. Des échanges se font continuellement, par téléphone, par email, ou sur notre application privée.”

 

Les outils

singapour

La communication représente le lien entre l’enfant, la famille et l'école. La Petite Ecole s’accorde plus que jamais à dire que la communication entre tous les membres de la communauté éducative, équipe pédagogique, parents et enfants inclus, est un point d’appui dans la construction commune de cette nouvelle situation.

En effet, un des problèmes qui peuvent survenir est celui de la déstructuration de la communication. En présentiel, la communication entre l’ensemble de l'équipe pédagogique et les enfants est privilégiée et naturelle, mais à distance l’importance de son rôle prend tout son sens. C’est elle qui va participer grandement à la motivation de l’enfant, car elle maintient le lien non seulement avec les professeurs et les assistantes, mais aussi avec les camarades. 

L’outil principal qu’a choisi La Petite Ecole pour structurer le travail des enfants à la maison est Padlet, une plateforme sécurisée à partir de laquelle les enfants peuvent accéder au contenu publié par les professeurs et assistantes pour leur classe. Le planning y est clairement accessible, avec des e-books créés, pour chaque journée de classe par le professeur, afin de rendre l'expérience interactive pour l’enfant. Une section est dédiée au partage de photos et videos des enfants pendant leurs activités ou avec leurs créations : il s’agit d’un espace important pour maintenir la motivation de l’enfant et pour l’évaluation de son propre travail et de celui de ses camarades. Chaque enfant a des besoins différents et un rythme d’apprentissage qui lui est propre ; c’est pour cette raison que des activités optionnelles supplémentaires y sont aussi proposées, pour ceux qui souhaitent aller plus loin. 

Afin de pouvoir mieux échanger sur le travail réalisé, des visioconférences régulières deux fois par jour sont organisées aussi bien en grand groupe classe qu’en demi-groupe. Mais le rôle de ces visioconférences ne s'arrête pas là. Elles sont nécessaires pour consolider à la fois les fondations de la relation enfant-équipe pédagogique et les liens sociaux tissés par les enfants entre eux.

Maria souligne que les retours constructifs aussi bien des familles que de l'équipe pédagogique sur le système d’enseignement à distance mis en place ont permis d’apporter les ajustements nécessaires afin d'être au plus près des besoins des enfants et de fournir un enseignement qualitatif. L’esprit de coéducation, privilégié à La Petite Ecole, garde tout son sens dans le contexte actuel.

 

Limiter le temps de travail, structurer la journée

Il est important de rappeler que l’enfant en maternelle ne doit pas travailler tout au long de la journée. “À titre indicatif, et selon les besoins de chaque enfant, nous recommandons un maximum de 2 heures de ‘travail’ à proprement parler, dans la journée” observe Maria. Les activités doivent être courtes (de 15 à 20 minutes chacune) car la capacité d’attention soutenue des enfants en maternelle est faible et ils auront naturellement tendance à papillonner de l'une à l'autre. Les temps de travail sont entrecoupés de temps de récréation, jeu libre, repas, repos, et sport, au gré du rythme de l’enfant. Des routines quotidiennes sont mises en place, offrant un cadre sécurisant à l’enfant. Maria ne manque pas de rappeler également la fameuse citation de Pauline Kergomard : “Le jeu est le travail de l’enfant, c’est son métier et son mode d’apprentissage le plus facile et le plus naturel.” Alors laissons les jouer et jouons avec eux…

 

Faire preuve de flexibilité 

S’il est essentiel de permettre à l’enfant la continuité pédagogique dont il a besoin, il est nécessaire que cela se fasse dans un environnement serein. Il n’est en aucun cas souhaitable de forcer un enfant momentanément fatigué et démotivé à travailler. Si l’enfant ne veut pas faire l'activité demandée, conseille Maria, invitez-le à faire une pause goûter, à choisir un jeu libre, ou une activité calme, telle que le yoga ou la méditation. Cela peut aussi se traduire par une présence aux visioconférences avec les professeurs et les camarades de classe moins fréquentes, pour certains enfants. Être à l'écoute de son enfant et adapter l’emploi du temps à son rythme évitera bien des moments difficiles à la maison.

 

Expliquer la situation de crise sanitaire actuelle

Les enfants savent que l’on doit tous rester à la maison pour des raisons sanitaires, mais beaucoup de questions sur le virus se bousculent sans doute dans leur tête. La souffrance et la mort font partie de la vie ; en discuter ensemble prépare les enfants à faire face à cette réalité, au lieu de les fragiliser. Laurène Lahierre, psychologue à La Petite Ecole relève l'importance d’expliquer, avec des mots simples, que le virus peut être dangereux pour les plus fragiles mais que beaucoup guérissent, que nous faisons tout pour que cette période se passe bien et que c’est pour cela que des mesures sont prises, que le confinement ne va pas durer et que les enfants retrouveront bientôt leurs copains, qu’ils ne seront jamais seuls et qu’il y aura toujours quelqu’un pour s’occuper d’eux.

 

Parler des changements avec l’enfant

En cette période de confinement, les repères des enfants sont perturbés. “Parce que la situation change au fil des semaines, nous invitons les parents à demander à leur enfant d'entourer ou mettre une étoile ou tout autre signe de son choix sur le jour prévu de la reprise de l'école et de barrer le précédent. Nous les encourageons également à utiliser des feutres de différentes couleurs pour bien différencier les jours d'école à la maison, les jours en présentiel, et les vacances. Il est important de parler ouvertement de ces changements avec l’enfant, de l’inviter à partager ses émotions, son ressenti” expliquent ensemble Maria et Laurène.

 

Trouver un équilibre intérieur

Pour la majorité des familles, l'école à la maison est une nouveauté qui peut s’accompagner d’une forte charge mentale, d’actions empêchées et d’un sentiment de culpabilité. Pour mieux vivre cette épreuve, Maria et Laurène s’accordent à rappeler que nous faisons au mieux pour nos enfants, comme pour nous : “En tant que parent, vous vous préoccupez de votre enfant en écoutant son état affectif et ses besoins. Afin de nous équilibrer, n’oublions jamais que nous serons toujours des parents imparfaits et que notre responsabilité est d'être des parents suffisamment bons.” Pour accompagner toujours davantage les familles, La Petite Ecole a mis en place une permanence téléphonique dispensée par la psychologue scolaire, Laurène. Cela permet de poser des questions ou tout simplement d’identifier et d’exprimer ses émotions face à la situation.

 

Privilégier la relation harmonieuse avec l’enfant

Rappeler la temporalité de la situation que nous vivons tous ensemble et se projeter vers le retour à la normale permettra d'établir un sentiment de stabilité, nécessaire au bien-être psychologique de l’enfant. Si un seul conseil devait être donné aux parents en cette période de confinement, c’est celui de privilégier la relation à l’enfant : même si votre temps est limité dû aux contraintes de chacun, construisez ensemble des moments de joie et de partage à la maison. 

La petite école
Publié le 29 avril 2020, mis à jour le 29 avril 2020

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