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La dure vie des ouvriers à Singapour

Ouvriers, SingapourOuvriers, Singapour
@ Pop Zebra
Écrit par Catherine Zaccaria
Publié le 3 juin 2019, mis à jour le 6 juin 2019

On les appelle les workers. Qu’ils viennent de Chine, du Bangladesh ou d’Inde, ils peinent des heures durant sur les chantiers pour des salaires de misère. 

 

Ouvriers, Singapour
L’un d’eux, M.D. Sharif Uddin, a écrit son histoire dans un livre paru en 2017. Écrit dans sa langue maternelle, le bengali, il a été traduit en anglais. Il y raconte la vie des ouvriers depuis l’intérieur, la vie de ces migrants sans famille venus construire les richesses de la cité-État. Son livre a remporté le prix du meilleur essai au Singapore Book Award en 2018. Il n’est pas (encore) traduit en français. Son récit, sous forme de journal mêlé de poèmes, est son confident. Dans Stanger to myself: Diary Of A Bangladeshi In Singapore, il décrit l’espoir d’une vie meilleure, le mal du pays et la difficulté de vivre loin de sa famille. « J’ai voulu écrire ce livre pour que les Singapouriens sachent que ce pays n’a pas changé du jour au lendemain. Ça n’a pas été un miracle [le terme employé pour décrire le développement rapide de la cité-État depuis son indépendance, en 1965]. Il y a des gens derrière [les immeubles et les infrastructures] dont l’histoire mérite d’être racontée », explique-t-il.

Uddin a aussi fait partie des 20 finalistes à la cinquième édition du concours de poésie des travailleurs migrants, organisé en décembre à la National Gallery de Singapour. Cette manifestation, créée par l’auteur Shivaji Das, originaire d’Inde, représente une tribune rare pour ce pan de la société dont les voix sont peu mises en valeur, dans un pays où leur présence reste le sujet d’un vif débat.

Au Bangladesh M.D. Sharif Uddi possédait une librairie. Des problèmes financiers le poussent à laisser sa femme enceinte afin de chercher du travail à l’étranger. Il n’est pas préparé à ce changement. De chef d’entreprise où il avait plusieurs employés, le voilà en bas de l’échelle sociale, obligé d’effectuer des travaux que les Singapouriens rechignent à faire. Le logement n’est guère confortable. Il vit avec 25 ouvriers et travaille 12 heures par jour. Son contrat l’oblige à travailler 28 jours par mois mais s’il y a du retard sur un chantier, les heures supplémentaires sont obligatoires.

18 SGD par jour
Lorsqu’il est arrivé à Singapour il y a 11 ans, il gagnait 18 SGD par jour. Aujourd’hui son salaire s’élève à 50 SGD par jour car il est maintenant responsable de la sécurité. Lui a la chance d’habiter près du centre mais bien souvent ces travailleurs sont logés dans des dortoirs très excentrés, ce qui ne facilite ni leurs déplacements le dimanche, ni les contacts avec la population locale. Leurs amis et familles restés au pays les imaginent dans une vie luxueuse et gagnant beaucoup d’argent alors qu’ils ne profitent de rien et se tuent à la tâche pour un maigre salaire, certes plus élevé que ce qu’ils gagneraient dans leur pays d’origine.

Environ 280 000 ouvriers travaillent à Singapour. Des lois protègent les ouvriers étrangers et réglementent leur logement, selon le ministère de la main-d’œuvre, qui souligne également que la plupart des employeurs traitent correctement leur personnel.

 

Catherine Zaccaria
Publié le 3 juin 2019, mis à jour le 6 juin 2019

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