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Une traductrice juridique au service des francophones de Singapour

traductrice singapour Marjorie Lapujade Conderannetraductrice singapour Marjorie Lapujade Conderanne
Marjorie Lapujade Conderanne
Écrit par Leslie Colin
Publié le 4 janvier 2021, mis à jour le 5 janvier 2021

Marjorie Lapujade Conderanne est installée à Singapour depuis presque 12 ans. Avocate de formation, elle exerce le droit au sein de groupes multinationaux en France, puis à Singapour pendant plusieurs années. En 2015, entre l’arrivée de son deuxième enfant et les problèmes de santé de son aîné, Marjorie choisit de démissionner afin de trouver un meilleur équilibre entre sa famille et une activité professionnelle lui offrant plus de flexibilité. Elle s’installe en tant que traductrice officielle pour les affaires légales des francophones de Singapour. Lepetitjournal.com revient sur le parcours de cette entrepreneuse épanouie.

 

Qui est Marjorie Lapujade Conderanne ?

Originaire du Sud-Ouest de la France (le Bordelais et les Charentes), Marjorie passe une partie de son adolescence en région parisienne où ses parents emménagent pour des raisons professionnelles. Animée par une passion pour la justice, elle effectue son premier stage en cabinet d’avocat à l’âge de 14 ans. Par ailleurs, sensibilisée dès l’enfance aux voyages et aux cultures étrangères par ses parents épris d’histoire, Marjorie a des « envies d’ailleurs » depuis toujours : « je m’imaginais en avocate super busy enchaînant les avions et parcourant le monde ! ». Elle choisit donc la carrière d’avocate et réalise des études de droit international à l’université à Paris. En parallèle, elle obtient un diplôme de linguistique juridique anglaise de l’institut de droit comparé de Paris.

 

traductrice singapour Marjorie Lapujade Conderanne

 

Le départ pour Singapour

Juriste pendant 10 ans en France au sein de groupes multinationaux, l’opportunité de quitter la France pour venir s’installer à Singapour se présente subitement fin 2008 grâce à l’employeur de son mari, Fabien : « Tout a été très soudain. Alors que notre vie semblait bien « posée » avec notre petit garçon, Tom, alors 1 an et demi, l’achat récent de notre appartement, nos carrières et nos passions respectives… nous n’avons pas hésité une seconde. En 3 semaines tout était décidé et signé ! Pour moi qui adolescente, lors d’un voyage au Canada, rêvait déjà de lumières et de gratte-ciels, partir était une évidence ». Le 1er mai 2009, la petite famille débarque à Singapour initialement pour 3 ans seulement... A son arrivée, Marjorie s’adapte vite à l'environnement cosmopolite de Singapour. Afin de prendre le temps de découvrir la culture locale et se donner une chance de mieux en comprendre les spécificités, elle se forme et officie comme guide pendant 1 an à l’Asian Civilisation Museum (ACM). Elle est ensuite de « retour au droit » dans une petite société locale, puis en tant que Senior Legal Manager de la plateforme régionale Asie-Pacifique d’un grand groupe international du secteur des assurances, pendant plusieurs années.

 

L’envie de travailler autrement 

La naissance de son deuxième garçon, Adam, ainsi que les problèmes de santé éprouvants de son aîné, ont rendu indispensable le besoin de flexibilité dans son organisation quotidienne : « A cette époque, le télétravail n'était pas vraiment à la mode ! Il m’a été impossible de trouver ce type d’aménagement, même dans les grands groupes, ce qui est un paradoxe à mon sens ». Marjorie a donc commencé à réfléchir à un mode d’organisation qui lui permettrait de travailler autrement : « Je suis vite arrivée à la conclusion que la meilleure solution était de créer mon propre emploi sur-mesure. Ainsi j’allais pouvoir choisir les projets auxquels je souhaitais me consacrer et trouver l’équilibre nécessaire entre mes vies professionnelle et personnelle. D’où la genèse d'un projet d'entreprenariat fondé sur la volonté de conserver le contact avec la matière juridique et d’exploiter une partie de mes compétences sous un autre angle ».  

 

traductrice singapour Marjorie Lapujade Conderanne

 

Un nouveau défi professionnel 

« Dans le cadre de mes fonctions, je m’étais aperçue de l'absence d'offre, sur le marché local, de traductions adaptées à la matière juridique et ses spécificités. Peut-être une niche à explorer ? Et par ailleurs, l’occasion d’exploiter mon diplôme de linguistique juridique préparé pour le « fun » lors de mes études de droit. J’ai alors initié une étude du marché et des conditions financières envisageables pour m'assurer que mon analyse était valide et mon projet viable (prise de contact avec le service business de la French Chamber of Commerce de Singapour et participation à des workshops) pour finir de balayer mes derniers doutes et me convaincre de tenter l'aventure ! Pas question de m’engager dans un projet d’entreprenariat qui n’aurait pas eu de sens économique ». A partir de là, tout s’enchaîne très vite encore une fois : Marjorie réfléchit en famille à un nom pour ce nouveau projet et son choix s’arrête sur le nom de Themys inspiré par la déesse grecque de la justice Themis. « J’ai travaillé avec une agence de design pour développer un visuel qui corresponde à l’identité de mon entreprise. Puis j’ai approché un certain nombre d’institutions, dont les ambassades et consulats de pays francophones, pour leur présenter mon projet et obtenir les accréditations requises ».  

 

Des missions indépendantes et variées 

Aujourd’hui, Marjorie aime la diversité des projets sur lesquels elle travaille : « Cela inclut les documents classiques qui jalonnent la vie quotidienne des gens, et surtout la documentation sophistiquée des sociétés qui s'installent à Singapour ou y développent leurs activités commerciales, ainsi que les décisions de justice impactant parfois intimement la vie des gens ou des entreprises. J’ai également la chance de travailler avec des institutions locales, et parfois publiques telles que certaines universités, dans le cadre notamment de leurs travaux de recherche sur des thèmes juridiques ». Un des projets dont elle est la plus fière est d’avoir obtenu une accréditation spéciale des autorités singapouriennes afin d'assister, pendant plus d'un an, des avocats singapouriens, dont ceux du bureau d'assistance juridictionnelle, afin de faciliter leurs échanges avec des ressortissants français à l’occasion de leur procès devant les tribunaux singapouriens : « Ce projet était le pont parfait entre mon métier de juriste et celui de traductrice-interprète ». Marjorie a également adoré collaborer avec un grand journal de Singapour sur des interviews menées avec des maires français lors des prémisses de la Covid-19 dans les Alpes françaises au mois de février/mars : « A ce moment-là, personne n’imaginait encore l’ampleur que cela allait prendre ! ». 

 

traductrice singapour Marjorie Lapujade Conderanne
Marjorie Lapujade Conderanne

 

Le bilan de l’année 2020

Pour Marjorie comme pour tout le monde, cette année 2020 a apporté son lot de nouveaux défis : « D’un point de vue professionnel, le volume des projets a été totalement erratique, changeant radicalement au gré des périodes de confinement/réouverture, et des restrictions, sans possibilité d’anticipation ni de perspective claire. Et pourtant, le bilan de cette année si atypique est on ne peut plus positif. C’est une belle surprise. D’un point de vue personnel, respecter les délais imposés par mes clients et pratiquer l’école à la maison pour mon plus jeune a été sportif ! Je lui avais installé son poste de travail dans mon propre bureau pensant naïvement qu’il serait ainsi pratique de passer de l’un à l’autre. Evidemment au final les choses se sont révélées bien plus compliquées, d’autant que cette période était particulièrement chargée en projets. J’ai dû me résoudre à repousser ou à renoncer temporairement à certaines missions, et accepter que mon fils ne ferait pas tous les exercices proposés par ses enseignants ».

 

Après 5 ans, l’entreprenariat est un pari réussi pour Marjorie Lapujade Conderanne : « Cette aventure m’a permis de trouver la flexibilité dont j’avais besoin et la liberté de choisir des projets qui me plaisent. C'est gratifiant. Toute cette énergie investie a vraiment du sens ».

 

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