Le VIE, Volontariat International en Entreprise, est un contrat permettant d’effectuer une mobilité professionnelle à l’étranger. Une bonne solution pour des jeunes en fin d’études souhaitant découvrir le monde. Gladys et Ahlem ont opté pour le VIE et reviennent sur leur expérience suédoise.
Quel a été votre parcours respectif ?
Gladys « Après une licence en comptabilité et contrôle à l’IAE de Toulouse, j’ai entamé un Master en finances, contrôle de gestion. Je voulais absolument avoir une expérience à l’étranger, et j’ai fait une année de césure en Irlande, pour faire un stage de 6 mois et perfectionner mon anglais. J’ai adoré l’expérience internationale et en rentrant en France, je voulais absolument obtenir mon premier poste hors de la France. J’avais entendu parler du VIE, et j’ai commencé à m’intéresser à ce type de contrat. Ma recherche s’est vite axée sur les pays scandinaves. Au final, j’ai eu l’opportunité de venir à Stockholm en septembre. Désormais, je suis en contrôle financier pour le Crédit Agricole Corporate Investment Bank, la partie investissement du groupe ».
Ahlem
Personnellement, c’est le choix professionnel qui m’a amené en Suède plutôt que l’envie de découvrir ce pays en particulier ; mais je ne regrette absolument pas.
Ahlem « En ce qui me concerne, j’ai fait une licence économie-gestion, durant laquelle j’ai pu faire un échange à Montréal. Au retour, j’ai voulu continuer sur un Master en économétrie et finances à la Sorbonne. J’ai enchaîné avec un M2 professionnel en compliance et risques, qui m’a permis de faire une alternance au sein de Crédit Agricole SA, le siège de l’entreprise à Paris. Durant l’alternance, j’ai fait part de mon souhait de partir à l’étranger et d’avoir une expérience opérationnelle. Un poste à Stockholm dans la branche compliance du Crédit Agricole était libre, j’ai de suite sauté sur cette opportunité. Personnellement, c’est le choix professionnel qui m’a amené en Suède plutôt que l’envie de découvrir ce pays en particulier ; mais je ne regrette absolument pas. Je suis désormais compliance officer depuis septembre ».
Qu’est ce que le VIE ?
« C’est un contrat au cours duquel le travailleur est employé par l’ambassade de France, via Business France, qui nous envoie dans des entreprises françaises implantées à l’étranger. C’est un CDD, de 24 mois maximum, réservé aux jeunes. Au-delà de 28 ans, il n’est plus possible de poser sa candidature. On peut choisir de signer pour deux ans, une seule année, ou même 6 mois. Le contrat peut être reconductible sur un an, sous l’accord des parties. Le salarié est partie prenante de l’entreprise à 100 %, comme les autres collègues. Nous sommes considérés comme des volontaires pour partir à l’étranger, mais bien entendu rémunérés. Notre statut est avantageux, puisque nous sommes salariées françaises pour une entreprise française, exonérées d’impôts, et nous cotisons pour la retraite et pour le chômage. En ce qui concerne notre rémunération, elle est calculée de deux manières. Une partie fixe, rendue publique sur le site du ministère, environ 725 €. Le reste varie en fonction des spécificités locales (niveau de vie, indice des prix, etc.) ».
C’est un véritable tremplin entre la fin des études et l’entrée dans la sphère professionnelle. Le VIE est très bien reconnu en France ; il rajoute un plus indéniable sur le CV pour chercher du travail dans le futur.
Quels avantages à réaliser un VIE ?
« C’est un véritable tremplin entre la fin des études et l’entrée dans la sphère professionnelle. Le VIE est très bien reconnu en France ; il rajoute un plus indéniable sur le CV pour chercher du travail dans le futur. D’ailleurs nos universités conseillent souvent d’essayer d’en faire un. En plus, quand on veut absolument découvrir le monde, ce contrat permet de contourner les barrières pour trouver un travail dans d’autres pays. Quand on est jeune, les opportunités sont rares, même en maitrisant plusieurs langues. Par exemple en Suède, sans parler le suédois, il n’y a pas forcément de valeur ajoutée, ce qui bloque les candidatures. Ainsi, le VIE aide vraiment à trouver plus facilement un poste, puisque c’est un dispositif français ».
Quels points négatifs ou difficultés ?
« Le point noir est le fait de devoir déclarer tous les déplacements dès qu’on veut sortir du pays d’affectation. Cela peut-être perçu comme une sorte de surveillance généralisée et permanente. D’un côté, c’est pour nous éviter tout problème potentiel, mais parfois ça peut être trop extrême. La période actuelle a d’ailleurs renforcé ce sentiment. Il y a aussi la décote salariale si l’on passe plus de 7 jours consécutifs en France ou à l’étranger. Que la rémunération soit impactée est un peu dur, car on peut parfois avoir des impératifs privés qui nous obligent à devoir rester plus que 7 jours hors du pays d’affectation. »
Une année d’expériences !
Comment s’est passée votre intégration en Suède ?
"Nous sommes des tempéraments proactifs, en prenant beaucoup d’initiatives. Par conséquent, la bonne ambiance au travail a été presque naturelle ! Entre collègues, il y a pas mal d’activités, d’évènements. Il y a une majorité de jeunes dans nos équipes, ce qui a simplifié l’intégration avec les locaux. Les équipes sont mixtes, à peu près 40 % de Français et 60 % de Suédois, ce qui est agréable pour les échanges culturels. Par exemple, les salariés peuvent participer à des cours de suédois pour réussir l’intégration, et inversement pour les Suédois qui peuvent apprendre notre langue. Cependant, avec l’année de pandémie mondiale, les choses ont été compliquées. Au niveau professionnel, le télétravail était de mise. Au final, les membres de l’équipe se sont rarement vus autrement qu’en visioconférence."
En Suède l’environnement professionnel est réellement plus agréable. Le rythme de travail est plus posé.
Quelles sont les différences entre la France et la Suède dans le travail en entreprise ?
« En Suède l’environnement professionnel est réellement plus agréable. Le rythme de travail est plus posé. Les salariés prennent leur temps pour bien faire leurs tâches, c’est même souvent encouragé par le chef de service. En France, c’est l’hyper-productivité qui domine, il faut être le plus rapide, faire des heures supplémentaires, quasiment dédier sa vie à son job. Le rendement coûte que coûte est de mise. En Suède, on privilégie la qualité et l’efficacité, mais surtout la confiance. Personne ne met la pression sur l’employé. Nous avons tout de même été assez surprise sur un point : la responsabilité accordée. Au bout d’un ou deux mois, le responsable peut nous confier plus de responsabilités, ce qui est plus rare en France. C’est une bonne chose, car cela agit comme un symbole de reconnaissance de notre travail et on apprend plus à réfléchir et agir en conséquence ».
Avez-vous des conseils pour préparer son départ et son installation ?
« Il faut se préparer à être assez ouvert socialement en Suède. Les locaux sont en général moins avenants que chez nous. Il ne faut pas se résigner face à la façade « froide » des Suédois, quand on apprend à se connaître, tout se débloque ! Il ne faut pas avoir peur de percer la coquille.
Sinon, il faut bien préparer son départ, y penser à l’avance, pour ne pas être surpris à son arrivée. Tout le côté administratif est primordial. Par exemple, le personnummer est la clef de l’installation en Suède. C’est un numéro personnel qui permet de réaliser toutes les actions de la vie courante et enregistre les données personnelles. On peut y être éligible à partir d’un an de vie en Suède. Il ne faut pas hésiter à faire la demande dès le premier jour, à l’office de taxation suédoise. Les procédures peuvent prendre du temps. Dans le cas du VIE, Business France nous guide et nous prépare sur ce point.
Autre chose à prendre en compte, le logement, surtout à Stockholm. Les loyers sont élevés et il peut y avoir des arnaques. Il ne faut pas hésiter à prendre son temps et payer quelques nuits d’hôtels supplémentaires, pour être sûr de ce qu’on va louer. Trouver un logement reste quand même assez simple, pas besoin d’avoir un dossier en béton comme à Paris ».
L’expérience est formidable, tant au plan professionnel qu’humain. On rencontre des personnes géniales et on s’insère directement dans le monde du travail.
Recommanderiez-vous l’expérience VIE à des jeunes étudiants en fin d’étude ?
« L’expérience est formidable, tant au plan professionnel qu’humain. On rencontre des personnes géniales et on s’insère directement dans le monde du travail. Par contre, ce n’est pas forcément la solution pour approfondir une langue, car il faut déjà une base solide pour postuler dans le cadre de ces contrats ».
Qu’allez-vous faire au terme de votre première année de VIE ?
Gladys « Je voulais continuer à l’étranger, mais pas forcément en Suède. Cependant, j’ai eu la chance de pouvoir rejoindre Graduate program dès septembre 2021, sur trois ans, avec une première année en France à Lyon, et le reste à l’étranger. Je ne renouvelle donc pas mon VIE, mais je l’aurais fait s’il n’y avait pas eu cette opportunité ».
Ahlem « Au terme de cette année je ne voulais pas prolonger, notamment car j’ai fait le tour des principales tâches dans mon équipe. Je veux sortir de ma zone de confort, et j’ai trouvé une offre pour travailler à Paris, dans un cabinet de conseil en compliance ».