Le fondateur d’IKEA et première fortune de Suède, Ingvar Kamprad, s’est éteint à l’âge de 91 ans ce 27 janvier dernier. Derrière l’empire qu’il a bâti, l’homme laisse l’image de quelqu’un de simple, grand promoteur de la Suède à l’étranger, mais au parcours pour le moins controversé.
37,3 milliards d’€ de chiffre d’affaire, 340 magasins installés dans 28 pays, 783 millions de visiteurs à travers le monde en 2017. Ingvar Kamprad laisse un véritable empire derrière lui. De la vente d’allumettes à vélo lorsqu’il avait 17 ans à l’émergence d’IKEA comme le leader mondial de l’ameublement, l’entrepreneur Suédois a connu une ascension fulgurante. Décrit comme le Henry Ford Suédois par les médias, ce « self-made man » fascine autant qu’il suscite la critique.
Un homme simple, icône de la Suède
"Un vrai patron qui a contribué à faire connaître la Suède dans le monde entier." Le roi Carl XVI Gustav ne tarit pas d’éloges au moment de rendre hommage à cet "entrepreneur unique". Le 1er Ministre Stefan Löfven renchérit en qualifiant Ingvar "d'inspirateur au grand engagement aussi bien à l'international que dans son propre pays la Suède". Véritable icône, Kamprad a contribué à faire rayonner la Suède et ses couleurs bleu et jaune à travers son entreprise IKEA. Prophète en son pays, le multimilliardaire hérite pourtant de l’image de quelqu’un de simple et ayant vécu modestement. Fils de paysans, il a connu très tôt la valeur de l’argent et s’est attaché au cours de sa vie à garder cette ligne de conduite. Malgré sa fortune, la 3ème européenne selon le magazine économique Suisse, Bilan, il n’hésite pas à s’afficher avec sa vieille volvo et à se déplacer en classe économique.
Optimisation fiscale et lourd passé
Pour autant, loin de l’hagiographie traditionnelle, l’homme n’était pas un saint. Membre d’un groupuscule néo-nazi Suédois dans sa jeunesse lors de la seconde guerre mondiale, Ingvar Kamprad n’a pu faire oublier ses prises de position idéologiques. Un lourd passé qu’il a longtemps regretté mais que les Suédois semblent avoir pardonné.
Au fil de son ascension, il est devenu l’un des hommes les plus riches du monde, via son entreprise IKEA, mais également à travers une optimisation fiscale lui ayant valu la critique des médias. Avec des milliards d’euros dissimulés dans des paradis fiscaux comme au Liechtenstein, ce constat ternit quelque peu l’image de ce modeste homme. Figure controversée, Kamprad s’est néanmoins éteint en réussissant son pari. Celui de meubler la classe moyenne mondiale avec des produits de qualité et au prix le plus bas possible.
Kristen Collie, 30 janvier 2018