Entre 10.000 et 15.000 Catalans ont pris part à Barcelone aux commémorations du 11 septembre, jour de la fête nationale. Les manifestations se sont déroulées avec en toile de fond le débat sur le statut catalan et les élections régionales du 28 novembre. En fin de journée, en marge de la manifestation officielle, une copie du Décret de Nova Planta, un drapeau espagnol, un drapeau français et les photos du couple royal ont été brûlés
Le Tribunal constitutionnel, en rejetant la notion de "nation catalane", avait poussé le 10 juillet dernier près d'un million de Catalans dans la rue, descendus pour défendre l'Estatut. Après cette forte mobilisation, on aurait pu s'attendre samedi, à Barcelone, à un engouement plus massif pour la commémoration de la fête nationale. Une quinzaine de milliers de personnes ont assisté selon les organisateurs aux cérémonies officielles, en la présence de José Montilla, président de la Generalitat. Ils étaient 9.000 selon la police. L'acte a été marqué par la lecture d'un poème de Joan Maragall daté de 1898, intitulé Adeu Espanya (Adieu l'Espagne). La rencontre de football FC Barcelone / Hércules Alicante aurait cependant démobilisé nombre de Catalans, dont Joan Laporta lui même, leader du nouveau parti Solidaridad Catalana por la Independencia et ex-président du club, qui s'est rapidement éclipsé pour assister au match.
Divisions et calculs politiques
Si le Barça s'est fait piéger au Camp Nou (0-2), les indépendantistes catalans n'ont de leur côté pas forcément marqué de points non plus. Divisés en plusieurs partis politiques, les partisans de l'autonomie catalane n'ont pas su faire preuve d'union ce week-end. La proximité des élections régionales du 28 novembre n'y sont probablement pas pour rien, comme l'a avancé José Montilla, vivement critiqué sur la teneur "revendicative" de son discours du 11 septembre.
El Periódico de Catalunya titrait hier : "La Diada de la division", mettant en avant les calculs politiques des différents partis de la coalition et le morcellement de la branche indépendantiste. Enfin, la journée n'aurait sûrement pas été complète sans son traditionnel corollaire d'actes symboliques. Au Fossar de les Moreres était brûlé un facsimilé d'un décret de Nova Planta, document instituant l'allégeance de la Catalogne à l'Espagne au début du 18° siècle. De son côté, un petit groupe a pu mettre feu en public au portrait du couple royal, puis à un drapeau espagnol et à un drapeau français. Les "incendiaires", cagoulés, ont pu disparaître dans la foule sans que la police ne les appréhende. L'an passé déjà, les drapeaux des deux nations avaient été brûlés.
Vincent Garnier (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 13 septembre 2010
Un peu d'histoire
Le 11 septembre marque en fait avant tout la date d'une défaite. Celle que la Catalogne, conduite par Rafael de Casanova, a subi en 1714 face aux armées espagnoles de Philippe V de Bourbon. Ce jour là, la région a perdu ses libertés nationales, et a dû renoncer à sa langue. Après une histoire mouvementée, la Catalogne bénéficie depuis 1979 d'un statut d'autonomie doté d'institutions et d'un gouvernement propre. Depuis, tous les 11 septembre, les Catalans continuent de se manifester dans les rues pour réclamer la reconnaissance de leurs droits nationaux et un auto-gouvernement encore plus satisfaisant.
1714 : Défaite de la Catalogne face aux armées espagnoles de Philippe V de Bourbon. Perte de ses libertés nationales, des lois propres du pays et interdiction de la langue et de la culture catalane.
1932 : La Catalogne obtient un statut d'autonomie et récupère une partie de ses libertés nationales.
Après la guerre civile : la dictature de Franco entraîne une répression. On parle de génocide culturel avec des milliers de personnes fusillées et objet de représailles.
1979 : La Catalogne retrouve son statut d'autonomie : des institutions et un gouvernement propres.
2009 : Le referendum symbolique sur l'indépendance organisé dans plus de 166 municipalités catalanes, obtient 27% de participation et 92% de "oui"
juillet 2010 : le Tribunal constitutionnel invalide le "statut d'autonomie", qui aurait dû organiser le fonctionnement de la Communauté autonome de Catalogne
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